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Lillian Dyck

Lillian Eva Quan Dyck, O.C., chercheuse universitaire, féministe, sénatrice, militante pour les droits des Autochtones (née le 24 août 1945 à North Battleford, en Saskatchewan). Lillian Dyck est la première femme autochtone au Canada à obtenir un doctorat en sciences. Elle est aussi la première femme autochtone et la première personne d’origine chinoise à devenir sénatrice. Pendant son mandat au Sénat, elle participe à plusieurs projets pour améliorer la vie des Autochtones au Canada. Elle travaille notamment sur la réforme du système de justice pénale et du système d’éducation des Autochtones, ainsi que sur des projets de loi visant à redonner le statut d’Indien aux femmes l’ayant perdu en raison de lois sexistes. Lillian Dyck devient officière de l’Ordre du Canada en 2021.

Jeunesse et éducation

Lillian Dyck naît d’une mère crie et d’un père chinois. Elle a un frère, du nom de Winston. La famille est membre de la Première Nation George Gordon, qui fait partie d’un territoire visé par le Traité 4. Pendant sa jeunesse, Lillian Dyck déménage à plusieurs reprises. Sa famille et elle s’installent finalement à Swift Current, où son père dirige un café.

La mère de Lillian Dyck, Eva McNab, est une survivante des pensionnats indiens. Y ayant notamment appris à avoir honte de son héritage cri, elle incite ses enfants à affirmer qu’ils sont Sino-Canadiens, ce qui est plutôt facile pour Lillian en raison de son apparence et de son nom de jeune fille, Quan. Pour cette raison, l’enfant grandit sans amis autochtones ni aucune connaissance de sa culture. Elle affirme d’ailleurs que cela « a été un manque dans sa vie ». Ce n’est que plus tard que Lillian Dyck entre en contact avec des Aînés qui lui apprennent à trouver de la force dans son identité autochtone.

Lillian Dyck fréquente l’Université de la Saskatchewan dans les années 1960, à une époque où peu d’élèves autochtones ont accès à des études postsecondaires en raison du racisme et des enjeux socioéconomiques qui y sont rattachés. Elle obtient un baccalauréat en 1968 et, deux ans plus tard, une maîtrise en biochimie. En 1981, elle décroche un doctorat, ce qu’aucune autre femme des Premières Nations n’a fait avant elle au Canada.

Le saviez-vous?
La pièce de théâtre Café Daughter (2011), qui se déroule dans un village de la Saskatchewan dans les années 1950 et 1960, est inspirée de la jeunesse de Lillian Dyck. Dans la pièce, Yvette Wong, une enfant de neuf ans d’origine chinoise et crie, peine à trouver sa place dans le monde, mais une amitié inattendue l’aide à trouver sa voie. La pièce met en vedette Tiffany Ayalik, membre du duo Quantum Tangle, lauréat d’un prix Juno.


Carrière dans le milieu universitaire

Après ses études, Lillian Dyck accepte un poste de professeure à l’unité de recherche en neuropsychiatrie de l’Université de la Saskatchewan. Elle y mène des études sur le cerveau pour mieux comprendre des maladies comme l’Alzheimer, la schizophrénie et le Parkinson. Dans un article publié en 1996 nommé « An Analysis of Western, Feminist and Aboriginal Science Using the Medicine Wheel of the Plains Indians » (Analyse de la science occidentale, féministe et autochtone à l’aide de la roue médicinale des peuples autochtones des Plaines), elle traite de l’efficacité des remèdes traditionnels autochtones pour traiter les maladies.

Plus tard, la chercheuse est nommée doyenne associée de la faculté des cycles supérieurs et de la recherche de l’Université de la Saskatchewan. Elle affirme y avoir vécu de la discrimination sexiste et raciste en tant que chercheuse et scientifique autochtone.

Carrière de sénatrice

En 2005, le premier ministre Paul Martin nomme Lillian Dyck, alors âgée de 59 ans, au Sénat du Canada. Elle est ainsi la première personne d’origine chinoise et la première femme autochtone à devenir sénatrice.

Au départ, elle siège en tant que sénatrice indépendante d’allégeance néo-démocrate avant de faire la transition, en 2009, pour une affiliation au parti libéral. En janvier 2014, le chef du parti libéral, Justin Trudeau, retire ses sénateurs de son caucus, et tous les sénateurs, dont Lillian Dyck, deviennent indépendants. (Voir aussi Système de partis canadien.)

En tant que sénatrice, Lillian Dyck attire l’attention sur les lois racistes qui, de 1885 à 1923, visaient à réduire le nombre d’immigrants chinois en leur imposant une taxe d’entrée. Son père fait partie de ceux qui ont été forcés de la payer. La sénatrice est donc ravie lorsque, en juin 2006, le premier ministre Stephen Harper offre des excuses officielles au nom de tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.

En tant que présidente du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones, elle travaille à l’amélioration de l’éducation des Autochtones. Elle participe d’ailleurs de manière importante à la rédaction du rapport de décembre 2011 intitulé La réforme de l’éducation chez les Premières Nations : de la crise à l’espoir, qui préconise l’amélioration du financement pour l’éducation dans les réserves ainsi que la transformation considérable des programmes scolaires pour mettre de l’avant les connaissances ancestrales. Le rapport demande également un soutien accru pour les élèves autochtones souhaitant faire des études postsecondaires.

Lillian Dyck s’implique aussi dans des projets visant les femmes autochtones. En janvier 2016, elle propose le projet de loi S-215, qui porte sur la violence envers les femmes autochtones. Le projet de loi propose notamment de modifier le Code criminel pour que les juges soient tenus de prendre en compte l’identité des femmes autochtones et de rendre les peines de leurs agresseurs plus sévères. Certains experts juridiques s’opposent au projet de loi, mais celui-ci est appuyé par bon nombre de groupes autochtones, dont l’Assemblée des Premières Nations et la Fédération des nations autochtones souveraines. Il est finalement accepté par le Sénat, mais rejeté par la Chambre des communes. Imperturbable, Lillian Dyck poursuit ses efforts et cherche à faire modifier la loi. Le 29 mars 2018, le gouvernement fédéral propose finalement de modifier le Code criminel par l’introduction du projet de loi C-75. Depuis ce temps, le Code criminel reconnaît les femmes autochtones et leur vulnérabilité à la maltraitance et aux crimes violents. (Voir aussi Questions relatives aux femmes autochtones du Canada et Femmes et filles autochtones disparues et assassinées au Canada.)

Pendant son mandat, Lillian Dyck travaille également à l’adoption du projet de loi S-3, visant à restaurer le statut d’Indien de plus de 80 000 femmes autochtones ayant épousé un homme non Autochtone, comme sa propre mère. Le projet de loi est adopté à l’unanimité par le Sénat en 2017. En 2019, le statut d’Indien est restitué aux femmes et à leurs descendants l’ayant perdu, et ce, de façon rétroactive jusqu’à 1869. (Voir aussi Les femmes et la Loi sur les Indiens.)

Lillian Dyck œuvre tout au long de son mandat pour engager des discussions et adopter des mesures en lien avec la réconciliation. Elle joue d’ailleurs un rôle de premier plan dans la rédaction du rapport intitulé Comment en sommes-nous arrivés là? Un regard franc et concis sur l’histoire de la relation entre les peuples autochtones et le Canada. Le rapport explique notamment pourquoi si peu d’élèves au Canada ont appris toute la vérité sur la colonisation, la Loi sur les Indiens, les pensionnats indiens et les autres réalités connexes. Lillian Dyck soutient qu’une meilleure compréhension de cette histoire est essentielle pour parvenir à la réconciliation.

En août 2020, Lillian Dyck annonce qu’elle prend sa retraite du Sénat puisqu’elle a atteint l’âge maximal de 75 ans. Elle affirme alors se réjouir à l’idée de se détendre avec ses amis et sa famille et de vivre davantage sa passion pour la photographie et l’observation d’oiseaux.

Prix et distinctions

  • Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (aujourd’hui prix Indspire) pour la science et la technologie (1999)
  • Prix Femme de mérite du YWCA pour la science, la technologie et l’environnement (2003)
  • Prix d’excellence pour l’ensemble de la carrière du YWCA (2019)
  • Nomination comme officière de l’Ordre du Canada (2021)