Emanuele « Lino » Saputo, C.M., O.Q., homme d’affaires, industriel du lait et du fromage, philanthrope (né le 10 juin 1937 à Montelepre, en Italie). Après des débuts modestes, Lino Saputo a créé une des plus grandes entreprises laitières au Canada, Saputo, aujourd’hui active aux États-Unis, en Argentine et en Australie. Son influence et son nom de famille se retrouvent partout à Montréal, au Québec, par exemple le Stade Saputo, domicile de CF Montréal, une équipe professionnelle de soccer et une franchise de Major League Soccer (MLS). Sa famille est régulièrement citée parmi les plus riches Canadiens, atteignant le troisième rang en 2017.
Jeunesse et création de Saputo Inc.
En 1950, le père de Lino, Giuseppe Saputo, et son grand frère, Frank, quittent leur Sicile natale pour immigrer au Canada. En s’installant à Montréal, La famille suit une tendance bien établie chez les Italiens qui immigrent au Canada. Deux ans plus tard, Lino vient rejoindre Giuseppe et Frank avec sa mère, Maria, et cinq autres frères et sœurs. Au début, Lino, âgé de 15 ans, trouve le changement de pays difficile et rêve de retourner en Sicile. Cependant, vers 1954, ses ambitions l’amènent à encourager ses parents à reprendre la fabrication du fromage que la famille pratiquait en Sicile. Il sacrifie 500 $ d’épargnes personnelles pour acheter de l’équipement et un vélo de livraison afin d’aider ses parents, qui fabriquent du fromage dans un local loué dans l’usine Delac Cheese, sur la rue de Rouen. L’entreprise devient rapidement prospère grâce à la demande soutenue des autres immigrants italiens, qui s’ennuient des produits de leur pays. En 1957, l’entreprise s’agrandit et s’installe dans une nouvelle usine dans le quartier Saint-Michel, à Montréal. Elle profite de la popularité grandissante de la pizza durant les années 1960, qui amène une demande croissante de Mozzarella.
En 1964, Lino cherche à convaincre son père d’agrandir et de moderniser les activités de l’entreprise, particulièrement après avoir visité la Grande Cheese Co. of Wisconsin, propriété d’un Américain d’origine sicilienne, Giovanni (John) DiBella. Au début, celui-ci accepte d’investir personnellement dans Saputo, puis il met la famille Saputo en relation avec Joseph Bonanno, un truand de New York. Bonanno accepte d’investir 8 000 $ en échange d’une participation de 20 % dans l’entreprise. On dit que la famille Saputo ignorait que Bonnano était un chef mafieux avant de l’apprendre dans les journaux locaux. Bien que les Saputo se soient dit choqués et aient rompu immédiatement le contrat après avoir découvert les liens criminels de Bonanno, la famille sera occasionnellement soupçonnée d’entretenir des liens avec la Mafia. Ces allégations expliquent en partie le contexte d’une perquisition menée dans l’usine de l’entreprise par la police de Montréal en 1972, qui entraîne un total de 350 $ d’amendes pour infractions aux règlements sur l’hygiène, mais ne trouve aucune preuve de liens avec la Mafia. Néanmoins, la rumeur joue peut-être un rôle dans la décision de la Commission du lait de l’Ontario de rejeter le projet de la compagnie d’ouvrir une usine de fromage en Ontario, en 1976.
Expansion de l’entreprise
Lino Saputo succède à son père à la direction de l’entreprise familiale en 1969 et entreprend son agrandissement. En 1981, l’entreprise fait sa première acquisition en dehors du Québec, une usine de fromage à Cooksville, Ontario. En 1989, Lino supervise une fructueuse expansion de l’entreprise aux États-Unis grâce à l’acquisition d’un fabricant de fromage du Vermont. Tout au long du processus, Lino demeure fermement aux commandes des activités de Saputo, et goûte, dit-on, les produits à tous les jours. L’entreprise demeure entièrement propriété de la famille jusqu’à son offre publique initiale, en 1997. La vente d’actions de Saputo Inc. contribue considérablement à la richesse de la famille Saputo, qui s’élève à 10,61 milliards de dollars en 2017. Bien que Saputo Inc. est cotée en bourse, la famille garde le contrôle de la plus grande partie des actions de la compagnie.
Les intérêts de Lino Saputo s’étendent aussi au delà de l’industrie laitière. En 1989, il siège aux conseils d’administration d’une entreprise de messagerie, Cabano Expeditex (aujourd’hui TransForce) et de la Banque nationale du Canada. Il se lie étroitement avec l’ancien président de la Banque nationale André Bérard. Lino considère cette décennie pleine de succès avec la Banque nationale comme une réfutation des anciennes allégations de liens de la famille avec des membres de la Mafia sicilienne, et André Bérard lui offre son appui lorsqu’il doit à nouveau combattre celles-ci en 2007. Tout comme dans les années 1960 et 1970, aucune preuve directe de tels liens n’est trouvée.
Au seuil du 21e siècle, le plus grand intérêt de Lino demeure de superviser la croissance de Saputo Inc. Il est toujours président directeur général de l’entreprise, mais il nomme Camillo Lisio, auparavant vice-président exécutif, chef de l’exploitation en 1998. En 1999, l’entreprise orchestre l’achat de Culinar Inc., une entreprise de boulangerie qui fabrique notamment les populaires gâteaux Jos Louis. En 2001, Saputo Inc. accroît son rayonnement national en acquérant un ensemble de coopératives laitières de l’Ouest du Canada, Agrifoods International Co-operative (mieux connue sous le nom de Dairyworld). En 2001, Lino Saputo reprend le contrôle direct de l’entreprise après la démission de Camillo Lisio. Finalement, en 2004, Lino Saputo Jr. lui succède.
Vie personnelle et activité philanthropique
Avec son épouse Mirella, Lino Saputo a trois enfants : Joey, Lino Jr. et Nadia. En 1979, Mirella et Lino créent une fondation de charité, la Fondation Mirella et Lino Saputo, qui donne de l’argent à une grande variété de causes, particulièrement l’aide aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées malades et handicapés. Le couple contribue aussi à la fondation d’un centre communautaire italo-canadien à Montréal, le centre Leonardo da Vinci, dans lequel se trouve le théâtre Lino Saputo.
Lino est un collectionneur de voitures passionné, particulièrement les anciennes Cadillac et d’autres voitures de collection. On dit qu’il possède plus d’une centaine d’autos et qu’il a déjà payé 245 000 $ pour une Bugatti 57C de 1939 ayant autrefois appartenu à Jean-Paul Riopelle.
Prix et distinctions
- Officier de l’Ordre national du Québec (2011)
- Membre de l’Ordre du Canada (2012)
- Intronisation au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne (2014)
- Intronisation au Cercle des Grand entrepreneurs du Québec (2018)