Loranger, Thomas-Jean-Jacques
Thomas-Jean-Jacques Loranger, homme politique, juge, théoricien politique (Yamachiche, Bas-Canada , 2 févr. 1823 -- Ste-Pétronille, Qc, 18 août 1885). Après des études classiques au Séminaire de Nicolet, il étudie le droit et est admis au barreau du Bas-Canada en 1844. En 1858, après plusieurs années de pratique à Trois-Rivières et à Montréal, il ouvre un cabinet d'avocats avec ses deux frères, Louis-Onésime et Jean-Marie.
Il entame sa brève et orageuse carrière politique en août 1854 comme député à l'Assemblée législative du Canada-Uni. Réélu en 1857, il devient secrétaire provincial du Canada-Est. Parce qu'il se dissocie du ministère en votant contre la proposition de transférer la capitale à Ottawa, il n'est pas renommé à son poste quand les Libéraux-conservateurs reprennent le pouvoir en août 1858.
Ses sentiments nationalistes le mènent à critiquer Cartier d'avoir accepté des mesures législatives susceptibles d'angliciser les Canadiens français. En 1862, il se dissocie de nouveau de la position de son parti en votant contre le projet de loi sur la milice, contribuant ainsi à la défaite du gouvernement. Il demeure député jusqu'au 9 mars 1863, alors qu'il est nommé juge de la Cour supérieure, fonction qu'il occupe jusqu'en 1879.
Au cours des années 1850, Loranger, juriste très perspicace, s'applique à résoudre les nombreux problèmes légaux créés par l'abolition du RÉGIME SEIGNEURIAL. Son interprétation favorise les habitants. Pendant qu'il est juge, il écrit un ouvrage en deux volumes intitulé Commentaire sur la code civil du Bas-Canada, dans lequel il confirme la revendication de l'Église voulant qu'elle ait entière juridiction sur toutes les questions relatives au mariage.
Alors qu'il enseigne le droit administratif à l'U. Laval, il participe à la fondation du journal juridique Thémis et entreprend la tâche ardue de codifier les statuts de la province de Québec. L'un des premiers Canadiens français à se spécialiser en droit constitutionnel, Loranger applique sa vision nationaliste au système fédéral. Dans ses Lettres sur l'interprétation de la constitution fédérale ... (1883-84), il avance la théorie du pacte fédératif, qui est rapidement adoptée par les provinces dans leur quête d'une plus grande autonomie.