Lyric Arts Trio
Lyric Arts Trio. Ensemble formé en 1964 par la soprano Mary Morrison, le flûtiste Robert Aitken et l'épouse de ce dernier, la pianiste Marion Ross. Mis sur pied pour le simple plaisir de ses membres, le trio devint bientôt en demande auprès du public, à cause de la réputation bien établie des trois musiciens qui le composaient, mais aussi à cause de la nouveauté de son répertoire : une étonnante variété de duos et de trios, principalement des époques baroque et rococo, d'oeuvres françaises de la fin du XIXe siècle ainsi qu'un petit nombre de pièces du XXe siècle (par exemple Trois chansons de Noël de Frank Martin et Deux Poèmes de Ronsard d'Albert Roussel, avec lesquelles le trio fit ses débuts le 14 octobre 1965 au Brantford Music Club, en Ontario).
Au milieu des années 1960, les compositeurs canadiens, peut-être déçus par l'indifférence du public à la suite de la révolution de Schoenberg, cherchèrent de nouveau à s'attirer des auditoires. Tout en conservant leur foi envers un genre de musique auquel le public était largement demeuré indifférent, ils trouvèrent les moyens d'en promouvoir l'attrait en introduisant des éléments neufs dans le cadre du concert. Ils décidèrent d'incorporer des effets scéniques et des nouveautés sonores pour secouer l'apathie, désarmer l'hostilité, amuser, et même, pour aider à faire comprendre. Ce ne fut pas là une stratégie nouvelle, même au Canada, sans parler du monde musical en général. Mais l'émergence d'un groupe comme le Lyric Arts Trio - combinant, comme il le faisait, virtuosité, charisme et un sens de l'aventure plein d'humour - répondait à cette tendance. Rapides à en saisir l'avantage, les compositeurs se mirent à l'oeuvre et, en 1974, ils avaient déjà produit suffisamment de nouvelles compositions, conçues pour le trio, pour constituer quatre programmes différents. La liste ci-dessous continua de s'allonger avec la réputation croissante du trio.
En plus de se produire fréquemment à Toronto, le Lyric Arts Trio se fit entendre à travers tout le Canada dans les clubs musicaux, les écoles de musique et les sociétés de musique nouvelle, ainsi que dans le cadre des événements saisonniers d'importance en Ontario, notamment le Festival Shaw (1970, 1971, 1972), le Festival Ottawa (1973, quatre concerts) et le Festival de Stratford. Il joua également à Montréal aux Jeux olympiques de 1976, et fut le seul ensemble de musique de chambre invité à se produire à l'Expo 70 à Osaka (où il travailla aux côtés de Lukas Foss et avec le groupe de Stockhausen), et créa lui-même Arc de Sydney Hodkinson, oeuvre écrite pour mettre en valeur à la fois les interprètes et le théâtre d'Osaka, unique en son genre avec ses 1000 haut-parleurs. Aitken, Morrison et Ross, avec l'aide de la Fondation Leon et Thea Koerner et du CAC, furent artistes en résidence à l'Université Simon Fraser en 1971-72. Durant ce séjour, ils donnèrent des concerts et des séminaires et se produisirent dans des écoles de Vancouver et des environs. Le trio se produisit également avec grand succès dans des villes américaines et en Europe, participant au festival de la SIMC 1973 à Reykjavik et effectuant cette année-là, et en 1975, des tournées qui le conduisirent à Londres, Paris, Bruxelles, Stockholm, Francfort et autres villes importantes. En 1976, il retourna en Scandinavie et en Grande-Bretagne avec les NMC; en 1977, il donna trois concerts à Tokyo à l'invitation du compositeur Toru Takemitsu; en 1978, il exécuta des oeuvres canadiennes au festival international l'Automne de Varsovie. La présence à son répertoire d'oeuvres de nombreux compositeurs américains, européens et asiatiques (notamment Bedford, Boone, Crumb, Davidovsky, Eakin, Ezaki, Goyevaerts, Hayashi, Luciuk, Sveinsson, Takemitsu et Wolff) reflétait son expansion. Le trio captiva des auditoires des deux côtés de l'Atlantique. À Toronto, le critique du Telegram écrivait (8 avril 1968) : « À ce moment, ces trois artistes sont plus que la réunion d'une chanteuse de premier ordre et de deux instrumentistes de même calibre. Ce sont des musiciens dont la préoccupation sensible et vitale à l'égard de l'essentiel de leur art donne un sens au choix de leur programme; les compositeurs peuvent se réjouir de leurs faveurs et nous pouvons leur être reconnaissants de leur discernement. ». Le trio compta parmi les plus remarquables protagonistes de la musique du XXe siècle au Canada, par ses concerts réguliers aux NMC à Toronto, à la SMCQ à Montréal, et avec d'autres groupes similaires au pays et à l'étranger. Lors de sa dernière apparition le 6 mars 1983, le trio éxécuta Trialogue de Weinzweig au Roy Thomson Hall dans le cadre des NMC, en l'honneur du 70e anniversaire de naissance de Weinzweig.
CRÉATIONS D'OEUVRES DE COMPOSITEURS CANADIENS
Barnes, Two Poems, 1966
Beckwith, « Daisy's Aria » de The Shivaree, 1967
Beecroft, Elegy et Two Went to Sleep, 1967
Buczynski, Two French Love Poems, 1967; Milosc, 1971; Zeroing In n 4, 1973
Charpentier, A Tea Symphony, 1972; Clarabelle-Clarimage, 1979
Cherney, Eclipse, 1972
Ciamaga, Solepsism While Dying, 1973
Douglas, Three Dances, 1978
Freedman, Pan, 1972
Hambraeus, Récit de deux pour trois exécutants, 1973
Hartwell, Resta di darma noia, 1974
Hodkinson, Arc, 1970
Kolinski, Six French Folk Songs, 1967
Koprowski, Lullabies for an Angel, 1979
Mather, Madrigal IV, 1973
Paul Pedersen, An Old Song of the Sun and the Moon and the Fear of Loneliness, 1973
Stephen Pedersen, Three Haiku, 1968
Somers, Zen, Yeats and Emily Dickinson, 1975
Symonds, ... deep ground, long waters, 1972
Weinzweig, Trialogue, 1971
CRÉATIONS D'OEUVRES DE COMPOSITEURS ÉTRANGERS
Sveinsson, Bizarreries, 1971
Tiensuu, Trio, 1975