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Madame Bolduc (alias La Bolduc)

Mary Rose-Anne Bolduc (née Travers), autrice-compositrice-interprète, harmoniciste, violoneuse (née le 4 juin 1894 à Newport au Québec; décédée le 20 février 1941 à Montréal au Québec). Madame Bolduc, ou simplement La Bolduc, a été la première chansonnière du Canada et du Québec. Femme joyeuse, sympathique et dynamique, elle a été très populaire tout juste avant et pendant la crise des années 1930. Surnommée la « reine de la chanson folklorique canadienne », elle chantait au sujet des problèmes quotidiens et des difficultés de la vie ordinaire, guidée par un sens aigu de l’observation. Ses chansons comme « La cuisinière », « La servante », « Le commerçant des rues », « L’enfant volé », « Les colons canadiens » et « Les conducteurs de chars » ont fait d’elle une légende au Québec. La Bolduc a eu une profonde influence sur l’évolution de la chanson québécoise. Son œuvre est considérée comme un symbole prototypique et permanent de l’héritage musical du Québec. Elle a été intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2003.

La Bolduc (Marie Travers)

Jeunesse et famille

Mary Travers naît dans une famille nombreuse d’origine irlandaise et canadienne-française. Elle est une enfant douée qui apprend avec facilité à jouer du violon, de l’harmonica, de l’accordéon et de la guimbarde. Elle quitte la maison familiale à 13 ans pour gagner sa vie à Montréal. Pour payer son voyage vers Montréal, elle joue du violon dans la rue principale de Newport tout en vendant des « Red Pills », un médicament breveté.

À Montréal, elle travaille comme domestique. Elle épouse éventuellement Édouard Bolduc, un plombier, le 17 août 1914. Ils ont une famille nombreuse et vivent dans la pauvreté. Tragiquement, neuf de leurs treize enfants meurent de maladies infantiles.

Carrière

Madame Bolduc commence à se produire en public par nécessité économique. Après qu’elle ait accompagné le chanteur Ovila Légaré lors d’une session d’enregistrement, on la recommande à Conrad Gauthier, l’organisateur des Veillées du bon vieux temps au Monument-National. Elle est d’abord embauchée comme violoneuse, mais en 1927, Conrad Gauthier l’encourage à chanter pour la première fois en public. Son succès est tel que Conrad Gauthier lui suggère de composer quelques chansons. Bien qu’elle soit à peine connue, ses enregistrements de chansons comme « La cuisinière » et « La servante », publiées sur un 78 tours de l’étiquette Starr, se vendent rapidement à 12 000 exemplaires, un succès sans précédent au Québec à l’époque.


D’autres chansons et enregistrements suivent et connaissent un grand succès. Ses chansons sont empreintes d’humour et de franchise, et son style inimitable est agrémenté de turlutages, qui sont des ritournelles comiques produites en claquant la langue contre le palais..

Elle se produit et enregistre sans relâche au Canada et aux États-Unis, terminant 85 chansons sur 43 disques 78 tours de l’étiquette Starr avant de mourir d’un cancer en 1941 à l’âge de 46 ans. ((Apex et MCA Coral ont depuis réédité un grand nombre de ses chansons.)

Madame Bolduc est aimable, joyeuse et dynamique, et elle compose ses chansons de la même manière qu’elle vit; délibérément, intuitivement et guidée par un sens de l’observation peu commun. Elle est la première chansonnière du Canada dans le vrai sens du mot, en partie parce qu’elle chante dans son accent gaspésien naturel très prononcé. Comme le dit la folkloriste Monique Jutras : « C’était révolutionnaire à l’époque. Elle a été notre première chanteuse folklorique française, la première personne à parler la langue ordinaire des gens ordinaires. »

Les chansons de La Bolduc traitent de la vie réelle. Dans leur ensemble, elles reflètent de manière saisissante le climat particulier des années 1930 au Québec. (Voir aussi La crise des années 1930 au Canada.) Les problèmes quotidiens et les difficultés matérielles des gens ordinaires sont reflétés dans ses chansons comme « Le commerçant des rues », « L’enfant volé », « Les cinq jumelles », « Les colons canadiens », « La grocerie du coin », « Les agents d’assurance », « Les conducteurs de chars », et bien d’autres.


Hommages

Des microsillons célébrant la musique de La Bolduc sont réalisés par Jeanne D’Arc Charlebois et Jean Carignan (Hommage à Madame Bolduc), Marthe Fleurant ( La Bolduc' 68), André Gagnon (ses variations sur onze de ses chansons, Les Turluteries) et par le groupe de rap French B, qui enregistre une version moderne de « La Bastringue » en 1991. En 1984, Jeanne d’Arc Charlebois consacre un récital à La Bolduc à Montréal.

Un prix portant le nom de La Bolduc est décerné à Claude Léveillée au Festival du disque de Montréal en 1966. Le tableau « La Bolduc » de Jean-Paul Riopelle est accroché dans le foyer de la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts. Au moins deux films biographiques sont réalisés sur la vie et la carrière de La Bolduc : Madame La Bolduc (1992), film scénarisé et rôle joué par Jacqueline Barrette, et La Bolduc (2018), qui remporte plusieurs prix Iris, dont celui de la meilleure actrice qui est décerné à Debbie Lynch-White pour son interprétation de La Bolduc.

Distinctions et legs

La Bolduc a une profonde influence sur l’évolution de la chanson au Québec. Bien que de nombreuses personnes l’ont imitée, personne ne l’égale. Elle devient une légende et son œuvre peut être considérée comme un symbole prototypique et impérissable de l’héritage musical du Québec. « Ses chansons m’ont frappé par leur verve téméraire et leur tour de langue unique, à la manière des chanteurs du vrai terroir » dit Marius Barbeau. Clémence Desrochers, Luc Plamondon, Pauline Julien, Plume Latraverse et d’autres ont fait valoir l’héritage de celle qu’on a souvent qualifiée de « première chanteuse engagée du Québec ».

En 1991, la Maison du pressoir de Montréal lui consacre une exposition intitulée Bonjour Madame Bolduc. Le Musée de la Gaspésie à Gaspé conserve de nombreux objets et documents la concernant. Sa ville natale, Newport, conserve également une exposition permanente sur sa vie et son œuvre. Un parc de Montréal est nommé en son honneur en 1991 et Postes Canada émet un timbre en son honneur en 1994.

En 2002, le Trust pour la préservation de l’audiovisuel du Canada décerne à La Bolduc le prix MasterWorks. En 2003, elle est intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.

Le 20 février 2016, à l’occasion du 75e anniversaire de son décès, le gouvernement du Québec nomme La Bolduc personne d’importance historique, un geste symbolique qui est posé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.

(Voir aussi Chanson au Québec; Chansonniers.)

Mary Travers
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Lecture supplémentaire

  • Réal Benoit, La Bolduc (1959).

  • Olivette Larouche-Nadeau, Le Forillon (du turlutage au gogo) (1977).

  • Pierre Day, Une histoire de La Bolduc (1991).

Liens externes