Maîtrises
Maîtrises. Établissements de formation consacrés à l'étude du répertoire et de l'interprétation de la musique chorale religieuse. De jeunes musiciens peuvent y apprendre la présentation d'un tel répertoire afin de pouvoir célébrer à l'église le culte divin d'une manière à la fois artistique et hautement spirituelle. Les prototypes des maîtrises anglaises se trouvent à la cathédrale de Canterbury, au King's College à Cambridge et à l'abbaye de Westminster, trois endroits où le programme allie à la formation scolaire et musicale une participation obligatoire aux offices religieux. Ces bases originelles de la tradition chorale anglaise ont incité tous les choeurs canadiens, qu'ils soient d'homnmes ou de femmes, religieux ou civils, à reproduire le son pur et « immaculé » du jeune soprano. La tendance à entraîner des jeunes filles ou des femmes à reproduire ce son pour des choeurs d'églises, a été lancée au Canada par Willan et elle fit son apparition dans certaines cathédrales anglaises (Salisbury ou Hereford, par exemple) vers la fin des années 1980. Au Canada, diverses tentatives ont voulu recréer ou, tout au moins, adapter le concept traditionnel de la chorale en tant qu'école; toutefois, des contraintes financières et, plus encore, de nombreux bouleversements au niveau des traditions religieuses ont entraîné une application de ce concept à la fois différente et élargie. De telles écoles à plein temps n'existent qu'en Ontario et au Québec. La cathédrale catholique romaine Saint Michael's à Toronto a abrité une école de jour (fondée en 1937 par Mgr Ronan) où, parallèlement au programme scolaire régulier, les choristes s'exercent à chanter aux offices tandis que certains étudiants sont préparés à assumer de plus grandes responsabilités musicales à la cathédrale. Le même type d'école se retrouve au Québec notamment avec les Petits chanteurs du Mont-Royal à Montréal, les Petits chanteurs de la Maîtrise de Québec, la Maîtrise Notre-Dame-du-Cap au Cap-de-la-Madeleine, la Manécanterie des Petits chanteurs de Tracy, les Petits chanteurs de Granby et les Petits chanteurs de Trois-Rivières. Deux autres manécanteries ont cessé leur activité, soit les Petits chanteurs à la croix de bois (1933-61) et la Petite maîtrise de Montréal (1938-44). Certaines de ces écoles du Québec dispensent une formation scolaire et musicale complète tandis que d'autres n'offrent que des cours de musique. La différence entre manécanterie et maîtrise est en fait minime. En France, la maîtrise était une école de chant ouverte aux jeunes garçons doués et rattachée aux plus importantes églises catholiques. Les éléves étaient logés et nourris gratuitement et des « maîtres » qualifiés leur enseignaient la musique chorale et instrumentale, la littérature et le latin, le tout en contrepartie de leur participation aux offices. Les maîtrises se dévelopèrent du XVe siècle à la Révolution, qui les remplaça par des conservatoires d'État. La manécanterie, du latin mane (matin) et cantare (chanter), désignait plus précisément les choeurs auxquels il incombait de chanter les matines. Le terme reprit vigueur vers 1930, lors de la fondation des Petits chanteurs à la croix de bois qui firent de nombreux émules en France et à l'étranger. Par contre, dès les années 1980, le terme maîtrise revenait en vigueur.
Il n'existe pas d'écoles de chant choral rattachées aux églises protestantes canadiennes. Les exemples les plus rapprochés se trouvent en Ontario, où l'influence britannique était la plus forte. Certaines écoles autonomes affiliées à l'église anglicane conçoivent l'éducation dans une optique plus vaste que ne l'ont fait leurs prédécesseurs. Ainsi, la Bishop Strachan School et le Royal Saint George's College (Toronto), la Saint John's School (Elora), le Ridley College (Saint Catharines) et la Trinity College School (Port Hope) dispensent une formation générale tout en proposant à certains étudiants des cours supplémentaires en musique. En outre, l'Église anglicane a parrainé depuis le début des années 1950 un certain nombre d'écoles chorales d'été offrant une formation intensive en musique religieuse. La première école de ce type fut la Toronto Diocesan Choir School, fondée en 1954 sous la direction de Healey Willan et située à la Trinity College School jusqu'en 1977, alors qu'elle fut relocalisée au Saint Andrew's College, Aurora. Certaines écoles anglicanes semblables se retrouvent en Ontario (à Wallacetown), au Québec, au Nouveau-Brunswick, et à l'Île-du-Prince-Édouard. Une école de formation chorale d'été pour jeunes filles a été formée en 1975 à l'Ontario Ladies' College (ensuite appelé Trafalgar Castle School for Girls) de Whitby, Ont., et cette école fonctionnait encore en 1991.