Le Manifeste de Regina est le document fondateur de la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC). Rédigé en 1933, cet énoncé de politique en 14 points réclame l’éradication du capitalisme et l’adoption d’une économie socialiste et de politiques sociales au sein d’un État démocratique.
Origines
En 1932, au plus dur de la crise des années 1930, un groupe d’intellectuels socialistes de la League for Social Reconstruction rencontre à Calgary des dirigeants de groupes agricoles ainsi que des députés alliés de syndicats ouvriers. Ils croient que la crise prouve que le système politique et économique du Canada profite à l’élite fortunée, mais pas aux fermiers, aux travailleurs et à la classe moyenne. En quête de changements positifs pour les Canadiens, ils forment un nouveau parti politique : la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC).
En juillet 1933, le parti se réunit à Regina pour sa première convention et approuve le manifeste. (Le principal auteur du document est Frank Underhill, président fondateur de la League for Social Reconstruction.) Le manifeste déclare que le système capitaliste est injuste et inhumain puisqu’il concentre le pouvoir et la richesse chez une petite élite et laisse la plupart des gens dans la pauvreté. La FCC croit que remplacer le capitalisme par le socialisme mettrait fin aux différences entre les classes et permettrait à plus de personnes d’atteindre leur plein potentiel.
Le manifeste
Les 14 points du manifeste expliquent en détail comment la FCC instaurerait un État plus équitable. S’il était élu, le parti voudrait :
- mettre en place une planification économique contrôlée par le gouvernement;
- exercer plus de contrôle sur l’activité bancaire par la socialisation du système financier;
- transformer les entreprises de transport, de communication et de production électrique en sociétés d’État;
- créer des programmes agricoles pour stabiliser les prix et la production;
- réglementer davantage le commerce international;
- créer des coopératives pour aider les fermiers à acheter ce dont ils ont besoin à juste prix;
- rédiger un nouveau code du travail qui donnerait aux travailleurs plus de pouvoir dans la détermination de leurs conditions de travail ainsi que des assurances pour les blessures liées au travail (voir Loi sur les accidents du travail);
- fournir une assurance médicale gratuite à la population canadienne ainsi qu’un système de santé géré par le gouvernement;
- modifier la Constitution pour abolir le Sénat et donner au gouvernement fédéral plus de contrôle sur le développement économique national;
- réorienter les relations extérieures pour promouvoir la paix et le désarmement;
- établir des politiques fiscales plus justes;
- modifier le Code criminel et réécrire les lois sur l’immigration pour augmenter la liberté d’expression et assurer l’égalité de traitement devant la loi;
- rendre le système de justice sociale plus juste pour tout le monde;
- mettre en place un programme de dépenses sociales d’urgence pour répondre aux défis immédiats de la crise.
Héritage
De nombreux candidats de la FCC sont élus au fédéral et au provincial. La FCC forme le gouvernement de la Saskatchewan de 1944 à 1964. Tommy Douglas en est le premier ministre jusqu’en 1961.
En 1956, la FCC remplace le Manifeste de Regina par la Déclaration de Winnipeg. Le nouveau document prône la social-démocratie et l’économie keynésienne plutôt que le socialisme. À la fin des années 1960, la plupart des propositions du Manifeste de Regina, dont l’assurance maladie, la Loi sur les accidents du travail et le maintien de la paix, ont été mises en place.
En 1961, la FCC fusionne avec le Congrès du Travail canadien (CTC) pour former le Nouveau Parti démocratique (NDP). Tommy Douglas en est le premier chef.
Voir aussi La montée de la Fédération du Commonwealth coopératif.