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Manitoba Métis Federation

La Manitoba Métis Federation (MMF), la Fédération Métisse du Manitoba, voit le jour en 1967. Elle a pour but d’aborder les questions liées aux revendications territoriales, à la représentation politique et à la préservation de la culture. Ces questions sont depuis longtemps une source de tension entre les Métis et le gouvernement canadien. La MMF est reconnue comme étant le gouvernement démocratique officiel des Métis de la rivière Rouge. Elle offre un éventail de services et de programmes qui visent à soutenir la préservation de la culture, l’éducation, le développement économique, la santé, le logement et les services à l’enfance et à la famille. En tant que gouvernement des Métis de la rivière Rouge, la MMF adopte des lois. De plus, elle défend les intérêts de sa communauté auprès des autorités provinciales, fédérales et internationales.

Les racines de la MMF et la naissance du Manitoba

Les Métis émergent en tant que peuple politique distinct au cours des XVIIIe et XIXe siècles (voir Les Métis sont un peuple, pas un processus historique et Les « autres » Métis). Ils proviennent de la colonie de la rivière Rouge. La bataille de Seven Oaks, que les Métis décrivent comme la victoire de la Grenouillère (Viktwayr daan la Plenn di Goornouyayr), constitue un tournant dans l’histoire des Métis. En 1816, sur le site actuel de Winnipeg, au Manitoba, les colons de la Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC) s’opposent aux alliés métis de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) pour le droit de commercer. La HBC tente d’empêcher les Métis de commercer et de fournir du pemmican, une denrée essentielle pour les commerçants de fourrures. Un conflit éclate entre un groupe de 60 Métis, mené par Cuthbert Grant, et la HBC, causant la mort de 21 hommes chez cette dernière. Cette victoire renforce l’identité des Métis en tant que force politique et militaire distincte. Elle marque également un moment crucial de leur résistance contre l’autorité coloniale.

L’identité métisse se consolide dans le cadre de la Résistance de la rivière Rouge qui a lieu de 1869 à 1970. Les Métis de la colonie de la rivière Rouge s’opposent au transfert de la Terre de Rupert, qui inclut la région de la rivière Rouge, de la HBC au Dominion du Canada. Ils exigent d’être consultés sur le transfert et d’obtenir des garanties sur leurs droits. Sous le leadership politique de Louis Riel, les Métis mettent en place un gouvernement provisoire chargé de négocier la protection de leurs terres et de leurs droits avec le gouvernement du Canada. Ces négociations aboutissent à la Loi sur le Manitoba de 1870. Cette loi crée la province du Manitoba, en plus de promettre des terres et d’autres protections aux Métis. Toutefois, comme le confirme la Cour suprême du Canada dans l’affaire Manitoba Metis Federation Inc. c. Canada en 2013, le gouvernement n’a pas pleinement respecté ses promesses envers les Métis. Dans les décennies qui suivent la création du Manitoba, les Métis mettent en place divers organes de gouvernance pour défendre leurs droits. L’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, fondée en 1887, en fait partie. L’organisation politique des Métis entre dans la clandestinité au tournant du XXe siècle en raison de la persécution et du racisme.

Dans les années 1930, une nouvelle vague de mobilisation politique conduit à l’émergence d’associations régionales dans l’Ouest canadien. Au Manitoba, la Northern Halfbreed Association, qui représente les Métis et les Indiens non inscrits, est l’une de ces associations notables. Au cours des années 1950 et 1960, l’essentiel de l’activité politique des Métis se déroule en collaboration avec les Indiens non inscrits lors de conférences annuelles réunissant Indiens et Métis. Ces conférences sont organisées par le Community Welfare Planning Council of Winnipeg. La mise à l’écart des griefs propres aux Métis lors de ces événements contribue à la création d’une organisation politique pour les Métis, la Manitoba Métis Federation, en 1967.

Création de la Manitoba Métis Federation

La création de la Manitoba Métis Federation (MMF) en 1967 s’inscrit dans la remontée généralisée de l’activisme des Autochtones au Canada. Dans les années 1960 et 1970, les communautés métisses et autochtones tentent de récupérer leurs terres, leurs droits et leur culture. La MMF a pour objectifs initiaux d’obtenir les terres promises par la Loi sur le Manitoba, de promouvoir la culture et l’identité métisses et d’améliorer les conditions socioéconomiques des Métis. La MMF, composée à l’origine d’un conseil d’administration de cinq personnes et de sept employés, devient éventuellement un gouvernement comptant plusieurs organisations affiliées et un effectif d’environ 1 100 employés. Ceux-ci représentent plus de 50 000 membres inscrits. En 1983, elle devient membre fondatrice du Ralliement national des Métis (RNM), aux côtés de la Métis Nation-Saskatchewan et de l’Otipemisiwak Métis Government (anciennement connu sous le nom de Métis Nation of Alberta). En 2021, la MMF se retire du RNM en raison de préoccupations quant à la reconnaissance des personnes non métisses par d’autres membres du RNM. La MMF ne reconnaît plus la légitimité du RNM comme organe représentatif de la nation métisse ancestrale.

Signature du traité de la Manitoba Métis Federation

Structure de gouvernance de la MMF

La structure de gouvernance de la Manitoba Métis Federation (MMF) se veut un régime démocratique dirigé par la base. Elle se compose de sections locales, chacune constituant une association communautaire dirigée par un conseil d’administration élu. Ce conseil est généralement composé d’un président, d’un vice-président et d’un secrétaire-trésorier. Les sections locales sont regroupées en sept régions, chacune comptant un vice-président et des membres du conseil d’administration élus par les citoyens métis locaux. Les vice-présidents et deux agents exécutifs régionaux de chaque région font partie du cabinet de la MMF. Ce cabinet se compose du président national, de la porte-parole de l’Infinity Women Secretariat, ainsi que d’autres ministres responsables de portefeuilles précis, comme la santé, l’éducation et le développement économique. Chaque ministre exerce des fonctions spécifiques en lien avec son portefeuille et conformément aux objectifs stratégiques de la MMF. Les décisions des élus sont soumises au vote des citoyens métis. Ces derniers orientent la politique de leur gouvernement lors des assemblées annuelles.

David Chartrand, président de la Manitoba Métis Federation

Les règles de gouvernance et d’adhésion de la MMF sont définies dans ses statuts et règlements internes. Ces documents sont révisés annuellement lors de l’assemblée générale pour s’adapter aux besoins changeants. À l’origine, l’adhésion est ouverte aux personnes d’ascendance autochtone mixte. Toutefois, on a révisé ces règles en 1992 pour restreindre l’adhésion aux personnes dont les ancêtres ont obtenu des certificats des Métis ou des concessions de terres au Manitoba. En 2003, la MMF adopte la définition nationale du Ralliement national des Métis. Cette définition stipule que les personnes doivent s’identifier comme Métis, fournir une preuve de leur ascendance métisse et que la communauté métisse actuelle doit les reconnaître comme telles. Aujourd’hui, la MMF représente les citoyens d’ascendance métisse de la rivière Rouge qui vivent sur le territoire historique de la nation métisse, et au-delà. Les citoyens de la MMF peuvent voter et se porter candidats lors des élections locales, régionales et provinciales de la MMF. Ils peuvent aussi assister aux assemblées générales et participer aux événements et aux activités de la MMF. Un directeur général des élections supervise le processus électoral de la MMF. Des personnalités éminentes, dont d’anciens juges en chef du Manitoba, ont toujours occupé ce poste.

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