Louis Riel, chef métis, fondateur du Manitoba et personnage central des rébellions de la rivière Rouge et du Nord-Ouest (né le 22 octobre 1844 à Saint-Boniface, colonie de la rivière Rouge; décédé le 16 novembre 1885 à Régina, en Saskatchewan). Louis Riel a dirigé deux gouvernements métis populaires, a joué un rôle central dans l’entrée du Manitoba dans la Confédération et a été exécuté pour haute trahison pour sa participation à la résistance de 1885 contre l’empiétement canadien sur les terres métisses. Bien que Louis Riel ait d’abord été décrit comme un rebelle par les historiens canadiens, nombreux sont ceux qui aujourd’hui se rangent de son côté et le perçoivent comme un chef métis qui s’est battu pour protéger son peuple du gouvernement canadien.
Jeunesse
Louis Riel naît en 1844 à Saint-Boniface, dans la colonie de la rivière Rouge. Son père, Louis Riel père, homme d’affaires et chef politique dans la communauté métisse, organise, lors du procès de Pierre-Guillaume Sayer en 1849, une résistance d’envergure contre le monopole du commerce des fourrures de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Son héritage politique a probablement influencé son fils, qui quitte la rivière Rouge pour aller étudier au Québec dès son jeune âge.
Dès son entrée à l’école, Louis Riel se démarque. À 13 ans, le clergé catholique de la paroisse de la rivière Rouge de Saint-Boniface l’identifie comme un bon candidat à la prêtrise et lui offre une bourse pour étudier dans une école sulpicienne de Montréal. Louis Riel excelle au petit séminaire et se retrouve rapidement parmi les meilleurs de sa classe. Il développe aussi une passion pour la poésie qu’il cultivera tout au long de sa vie. Alors qu’il étudie la prêtrise, il rencontre Marie-Julie Guernon, une jeune femme canadienne-française avec qui il se fiance discrètement. Toutefois, en raison du racisme rampant de l’époque, les parents de sa fiancée refusent qu’elle se marie à un Métis, rompant ainsi leurs fiançailles. Louis Riel quitte le séminaire et retourne à la rivière Rouge.
Louis Riel à la rivière Rouge
En mars 1869, la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) convient de vendre la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest au Dominion du Canada. En vue du transfert de ces terres, le gouvernement fédéral nomme William McDougall à titre de lieutenant-gouverneur du nouveau territoire et envoie des équipes d’arpenteurs à la rivière Rouge en août de la même année pour évaluer et jalonner à nouveau les terres. Craignant l’arrivée massive d’immigrants anglo-protestants en provenance de l’Ontario, les Métis mettent sur pied le Comité national des Métis afin de protéger le statut social, culturel et politique des Métis de la rivière Rouge et du Nord-Ouest en général. Puisqu’il est un jeune homme articulé ayant étudié dans l’Est, Louis Riel est d’abord élu secrétaire, puis président du comité. Le 11 octobre 1869, le comité dirigé par Louis Riel force l’interruption de l’arpentage canadien. Moins d’un mois plus tard, soit le 2 novembre, le comité installe un barrage routier pour empêcher William McDougall d’entrer dans la colonie de la rivière Rouge. Le même jour, le comité s’empare d’Upper Fort Garry auprès de la CBH et, sous la gouverne de Louis Riel, prend des mesures pour s’établir à titre de gouvernement de la colonie de la rivière Rouge, ce à quoi les dirigeants de la CBH offrent peu de résistance. Le comité invite les populations anglophones et francophones de la rivière Rouge à envoyer des délégués à Upper Fort Garry pour discuter des conditions sous lesquelles il donnera accès au Nord-Ouest à William McDougall et, par extension, aux autorités canadiennes.
Comité national des Métis
Le Comité national des Métis est consolidé en tant que gouvernement provisoire au début de décembre 1869. Avec Louis Riel à sa tête, il publie la « Déclaration des habitants de la Terre de Rupert et du Nord-Ouest » qui rejette l’autorité du Canada à gouverner le Nord-Ouest et propose une entente négociée entre le Canada et le nouveau gouvernement provisoire. En réponse au rejet de William McDougall à la rivière Rouge, le gouvernement canadien envoie trois commissaires spéciaux dans la colonie : le père Jean-Baptiste Thibault, le colonel Charles de Salaberry et Donald A. Smith, représentant en chef de la CBH au Canada. Smith convainc Louis Riel de convoquer une assemblée générale. Lors de celle-ci, Louis Riel et d’autres leaders locaux décident de tenir un congrès réunissant 40 représentants de la colonie, autant de francophones que d’anglophones, visant à discuter de la possibilité d’une union avec le Canada. La première rencontre a lieu le 26 janvier 1870. Lors de celle-ci, les délégués élaborent une nouvelle « Liste des droits », qui établit les conditions requises pour l’adhésion des « habitants du Nord-Ouest » à la Confédération. En mars 1870, ce congrès devient le « gouvernement provisoire d’Assiniboia ». Il comprend trois branches : une assemblée législative élue, un organe exécutif relevant de l’Assemblée législative et un appareil judiciaire naissant. Le gouvernement provisoire nomme trois délégués qu’il envoie à Ottawa. Leur tâche officielle est d’aller négocier avec George-Étienne Cartier l’entrée d’Assiniboia, soit la rivière Rouge et les environs, dans la Confédération.
Au même moment, une petite troupe de soldats canadiens souhaitant mobiliser les paroisses écossaises de la rivière Rouge et faire tomber le gouvernement provisoire se réunit à Portage la Prairie. L’apparition de Canadiens armés inquiète les Métis, qui les capturent puis les emprisonnent à Upper Fort Garry. Les Métis convoquent une cour martiale où Ambroise-Dydime Lépine, un associé de Louis Riel, condamne Thomas Scott, un jeune orangiste, à mort par peloton d’exécution. Thomas Scott est exécuté le 4 mars 1870. Même si les délibérations du gouvernement provisoire d’Assiniboia et la délégation canadienne chargée de négocier avec les représentants du gouvernement provisoire à Ottawa minimisent l’importance de l’événement, cette exécution radicalise l’Ontario protestant qui, à partir de ce moment, cherche à venger la mort de Thomas Scott auprès de Louis Riel.
Malgré l’opposition de la loge orangiste de l’Ontario dont Thomas Scott était membre, les délégués du gouvernement provisoire concluent un accord avec le gouvernement canadien. L’accord est consacré dans la Loi sur le Manitoba, qui reçoit la sanction royale le 12 mai 1870, date à laquelle le Manitoba fait son entrée dans la Confédération. Au cœur de l’entente, le gouvernement fédéral s’engage à réserver 1,4 million d’acres (566 560 hectares) pour les enfants des Métis habitant au Manitoba et à attribuer de façon officielle à la province le statut bilingue.
Afin de rassurer l’Ontario et d’appuyer l’administration du nouveau lieutenant-gouverneur A.G. Archibald, le gouvernement fédéral envoie, à l’été 1870, une expédition militaire à la rivière Rouge, sous le commandement du colonel Garnet Wolseley. Selon A.G. Archibald, l’expédition de la rivière Rouge est censée être une « mission de paix ». Toutefois, le gouvernement provisoire n’a pas consenti à l’envoi des troupes et l’accord signé entre la délégation et Ottawa n’en fait pas mention. Louis Riel a des raisons de craindre l’arrivée de l’expédition. Le gouvernement provisoire songe même à s’y opposer. Cependant, lorsqu’il devient évident que l’expédition entend lyncher Louis Riel, ce dernier s’enfuit aux États-Unis. Le 3 mai 1871, il retourne discrètement chez lui à Saint-Vital, à la rivière Rouge, mais vit souvent caché. Devant la menace d’une invasion de la province par les fenians des États-Unis à l’automne 1871, Louis Riel offre de mettre sur pied une cavalerie métisse pour témoigner de l’engagement des Métis envers l’accord signé avec le Canada.
Années intermédiaires : du Québec au Montana
En Ontario, Louis Riel est largement perçu comme étant le « meurtrier » de Thomas Scott et une récompense de 5 000 $ est offerte pour son arrestation. Au Québec, il est considéré comme un héros, un défenseur de la religion catholique et de la culture française au Manitoba. Soucieux d’éviter une confrontation politique avec les deux principales provinces canadiennes, sir John A. Macdonald tente de convaincre Louis Riel de poursuivre son exil volontaire aux États-Unis, allant même jusqu’à lui accorder les fonds nécessaires pour subvenir aux besoins de sa famille. Toutefois, l’exil de Louis Riel ne dure que quatre mois. Encouragé par ses amis et par sa grande popularité au Manitoba français, il entre en politique fédérale. En octobre 1873, il remporte l’élection partielle dans le comté fédéral de Provencher. Il est ensuite réélu aux élections générales de février 1874. Louis Riel se rend donc à Ottawa, où il signe le registre des membres de la Chambre des communes. Cependant, avant même de siéger, il est expulsé de la Chambre sur une motion déposée par le chef orangiste ontarien Mackenzie Bowell. Bien que réélu dans une élection partielle dans la circonscription de Provencher en septembre 1874, Louis Riel retarde son entrée au parlement et est plus tard expulsé de la Chambre.
Le 12 février 1875, le gouvernement fédéral adopte une résolution accordant l’amnistie à Louis Riel, pourvu qu’il s’exile pendant cinq ans des « dominions de Sa Majesté ». La question de savoir si Riel a enfreint la loi canadienne ou britannique lors de sa participation à la rébellion de la rivière Rouge n’a jamais été tranchée par un tribunal.
Peu après son exil, Louis Riel subit une dépression nerveuse. Ses amis le forcent à se faire soigner à l’hôpital de Longue-Pointe, à Montréal. Il est ensuite transféré à l’asile psychiatrique de Beauport, près de Québec. En janvier 1878, Louis Riel se rend à Keeseville, dans l’État de New York, puis dans le Midwest. De 1879 à 1883, dans le territoire du Montana, il réintègre la communauté métisse, se joint au Parti républicain, devient citoyen américain et épouse Marguerite Monet, dite Bellehumeur, qui est métisse. En 1883, il devient aussi instituteur à la mission de Saint Peter, sur la rivière Sun.
En juin 1884, un groupe de Métis demande l’aide de Louis Riel pour protéger leurs droits dans la vallée de la Saskatchewan. Avec à sa tête Gabriel Dumont, la délégation invite Louis Riel à se rendre au nord pour les aider, grâce à son expertise de négociation avec les Canadiens, à défendre les intérêts du peuple métis. Louis Riel accepte à condition que sa famille puisse se joindre à lui et qu’il puisse retourner au Montana une fois les problèmes réglés en Saskatchewan. Déterminés à retourner au Montana, Louis Riel et sa famille arrivent à Batoche, principal foyer de peuplement métis en Saskatchewan, au début de juillet. Louis Riel mène une campagne pacifique, prenant la parole partout dans le district et préparant une pétition. Parmi leurs revendications, les Métis s’inquiètent de ne pas être propriétaires en bonne et due forme de leurs terres. Aussi, les agriculteurs non autochtones sont insatisfaits de leurs terres, ainsi que de la faiblesse du prix du blé, des coûts de transport élevés et des tarifs douaniers sur la machinerie agricole. Ils sont surtout mécontents du fait que le nouveau chemin de fer du Canadien Pacifique ne se rende pas dans leurs colonies. Louis Riel et William Henry Jackson, secrétaire de Louis Riel et du syndicat des agriculteurs de la région de Prince Albert, préparent une pétition énonçant ces griefs en décembre 1884. Cette pétition, qui a été précédée d’une quarantaine d’autres envoyées avant l’arrivée de Louis Riel, est reçue par le gouvernement fédéral, qui promet de mettre sur pied une commission chargée d’enquêter et de faire rapport sur les problèmes rencontrés dans l’Ouest. Toutefois, les Métis de la Saskatchewan sont méfiants vis-à-vis ces promesses puisque des déclarations similaires avaient été faites par le passé. Par ailleurs plusieurs d’entre eux avaient quitté le Manitoba en raison des manquements du gouvernement canadien à ses engagements.
Gouvernement provisoire de la Saskatchewan
En 1885, la Police montée du Nord-Ouest est mise sur pied et le chemin de fer vers l’Ouest est presque achevé. Les incitatifs ayant poussé le gouvernement canadien à négocier avec les Métis en 1870 ont disparu. Les Métis de Batoche en ont assez d’attendre l’intervention des Canadiens. Le 5 mars 1885, ils proposent, lors d’une réunion, de prendre les armes dans le but de forcer le Canada à reconnaître leurs droits territoriaux. Puis, lors d’une réunion tenue le 8 mars 1885, Louis Riel présente une motion visant à créer un gouvernement provisoire en Saskatchewan. La motion est défaite, mais une « Déclaration révolutionnaire des droits » en dix points est ébauchée. Elle revendique le droit des Métis de posséder leurs fermes, stipulant entre autres « Que le ministère des Terres du gouvernement du Dominion soit administré, dans la mesure du possible à Winnipeg, pour que les colons ne soient pas forcés, comme avant, d’aller à Ottawa pour régler les questions de litige entre le commissaire foncier et eux. »
Lorsque les Métis apprennent que le gouvernement fédéral envoie 500 soldats à Batoche en réponse à leurs pétitions, ils s’emparent, le 18 mars, de l’église paroissiale de Batoche, mettent sur pied un gouvernement provisoire dont Louis Riel est le président et exigent la reddition du poste de la CBH à Fort Carlton. La bataille qui s’ensuit dure deux mois (voir Rébellion du Nord-Ouest). Les Métis remportent les deux premiers affrontements, mais les Canadiens finissent par écraser les soldats métis. Louis Riel se rend alors à la milice canadienne.
Procès et exécution
Le 6 juillet 1885, Louis Riel est officiellement accusé de trahison. Son procès débute à Régina le 20 juillet. Contre son gré, son avocat plaide l’aliénation mentale avec comme preuve ses séjours dans les asiles à la fin des années 1870. Toutefois, Louis Riel sait qu’en le dépeignant comme fou, ses avocats discréditent les demandes légitimes de son peuple auprès du gouvernement canadien. Louis Riel aurait préféré plaider la légitime défense, car il estime que les Métis étaient dans leurs droits en 1870 et en 1885. Louis Riel n’avait cependant pas les moyens d’assurer lui-même sa défense. Ses amis du Québec, dont les motivations étaient probablement différentes, défraient donc ses coûts juridiques. Tout au long du procès, Louis Riel est souvent en désaccord avec ses avocats. À la fin de celui-ci, il fait un discours éloquent qui démonte systématiquement le plaidoyer d’aliénation mentale présenté par ses avocats. Son discours prouve qu’il est sain d’esprit, mais a aussi pour effet de l’envoyer à la potence.
Le jury, dont le président est en pleurs, reconnaît Louis Riel coupable. Le jury recommande en vain la clémence. L’appel du verdict est interjeté devant la Cour du Banc de la Reine du Manitoba et du Comité judiciaire du Conseil privé. Les deux appels sont rejetés, mais le mouvement de pression populaire, en particulier au Québec, fait retarder l’exécution pour permettre une évaluation de l’état mental de Louis Riel. Les trois médecins qui l’examinent déclarent que Louis Riel est prompt à l’excitation, mais un seul juge qu’il est aliéné. La version officielle du rapport, qui a subi des suppressions suspectes, ne révèle aucune divergence d’opinions, et le Cabinet fédéral se prononce en faveur de la pendaison.
Le 16 novembre 1885, Louis Riel est exécuté en public par pendaison à Régina. Sa dépouille est ensuite envoyée à Saint-Boniface, où il est conduit à son dernier repos au cimetière de la cathédrale par un important cortège de dirigeants du Manitoba français. Sa tombe et sa maison sont encore aujourd’hui des lieux historiques populaires.
Héritage
Sur les plans politique et philosophique, l’exécution de Louis Riel a pendant longtemps des répercussions sur l’histoire canadienne. Elle fait de Louis Riel un martyr aux yeux des Métis. Au Canada central, les retombées politiques de l’exécution de Louis Riel fouettent les ardeurs du nationalisme canadien-français. Honoré Mercier prend ainsi le pouvoir au Québec en 1886, propulsé par une plateforme qui joue sur l’émotion suscitée par la pendaison de Louis Riel. La mort de ce dernier change aussi fondamentalement les tendances électorales au Québec. En effet, l’électorat de la province retire son appui traditionnel au Parti conservateur au profit du Parti libéral, dirigé par Wilfrid Laurier. L’exécution de Louis Riel suscite encore aujourd’hui la controverse, et des demandes de pardon posthume ont été formulées à de nombreuses reprises. Autrefois « traître » détesté et « meurtrier » de Thomas Scott, Louis Riel est aujourd’hui considéré comme l’un des Pères de la Confédération, un homme lésé, un défenseur de son peuple et un protecteur des droits des minorités au Canada.
Plusieurs statues rendent hommage à Louis Riel dans sa province d’origine. En 2007, le Manitoba désigne un jour férié annuel en son honneur au mois de février. Aussi, les Métis du pays commémorent publiquement la vie et les luttes historiques de Louis Riel le 16 novembre, jour de son exécution. Louis Riel demeure le chef métis le plus connu. Il est aussi une figure de proue du peuple métis dans l’Ouest canadien.
Louis Riel occupe aujourd’hui une meilleure place dans l’histoire canadienne. Pour plusieurs, Louis Riel est désormais un héros canadien, car il incarne de nombreux enjeux modernes du pays, notamment le bilinguisme, le multiculturalisme, le respect de la différence, et le sens aigu de la justice sociale, mieux que nombre de ses contemporains. Cependant, les écrivains ignorent souvent que Louis Riel se montrait prudent à l’égard du projet national canadien, qu’il considère tant assimilateur qu’unifiant. Les chercheurs métis dénoncent le zèle avec lequel Louis Riel a été « canadianisé », et à quel point cette appropriation est souvent aux antipodes de ses convictions politiques, prônant le nationalisme et l’indépendance politique des Métis.
En 2016, le gouvernement du Manitoba reconnaît Louis Riel comme le premier dirigeant du Manitoba. En 2023, le gouvernement du Manitoba, par l’intermédiaire de la Loi sur Louis Riel, accorde à ce dernier le titre honorifique de « premier ministre du Manitoba ». La loi exige également que le premier ministre responsable de la Loi sur l’administration scolaire prenne des mesures pour inclure, dans les programmes d’enseignement, les contributions de Louis Riel au Manitoba ainsi que son titre honorifique.
Historiographie et la question de la folie
L’histoire de Louis Riel a radicalement changé depuis les années 1960. Bien que son héritage soit encore controversé — il est aussi aimé que détesté — son statut de rebelle, auparavant mis de l’avant par de nombreux historiens et politicologues non métis, est aujourd’hui remplacé en bonne partie par la reconnaissance de Louis Riel en tant que visionnaire dont les principes rejoignent aujourd’hui de nombreux Métis et Canadiens. À travers de nombreuses œuvres culturelles et historiques, les écrivains métis ont grandement contribué à la réhabilitation de Louis Riel. C’est pourquoi il est de plus en plus reconnu pour son multiculturalisme et son multilinguisme, deux éléments de la vision originale du Manitoba.
La prétendue folie de Louis Riel est de moins en moins utilisée à titre de facteur explicatif par les chercheurs et les écrivains populaires. Le temps qu’il a passé dans les asiles est laissé à la libre interprétation dans de nombreux écrits. Toutefois, l’obsession pour la supposée folie de Louis Riel et la caricature qu’on faisait de sa mission spirituelle sont davantage interprétées dans le contexte de l’époque et le contexte culturel de la religiosité métisse. De nombreux chercheurs font remarquer que ce sont davantage les amis de Louis Riel, et non ses ennemis, qui tentaient de le dépeindre comme fou, et que ses contemporains disputaient la véracité de sa « folie ». Nombre de ces derniers le percevaient simplement comme un être extrême, radical ou excitable, ce qui ne faisait pas de lui un aliéné.