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Jovette Marchessault

Jovette Marchessault, romancière, auteure dramatique, peintre, sculpteure (née le 9 février 1938 à Montréal, Québec; décédée le 31 décembre 2012 à Danville). Artiste multidisciplinaire autodidacte, Jovette Marchessault a remporté d’importants prix pour ses œuvres littéraires et dramatiques et a laissé une marque unique dans la culture francophone. Soutenu par une voix profonde et lyrique, son travail célèbre les mots à travers les mythes et une langue poétique libératrice. Son œuvre rend hommage à des femmes de toutes origines, particulièrement des artistes et des écrivaines. Cofondatrice de la maison d’édition internationale Squawtach Press, elle a contribué à de nombreuses publications, et elle a été chargée de cours au département de théâtre de l’Université du Québec à Montréal. Elle a remporté notamment le Prix France-Québec et le Prix du Gouverneur général en théâtre.


Jeunesse

Jovette Marchessault provient d’un milieu de classe ouvrière. Durant sa jeunesse, elle travaille dans une usine de textile avec des femmes de toutes origines. Elle exerce plusieurs occupations mineures avant de quitter le Québec à la fin des années 1950. Elle traverse l’Amérique à la recherche d’elle-même et de ses racines spirituelles. Ses voyages auront une grande influence sur ses écrits.

Années 1970

Jovette Marchessault s’exprime d’abord à travers la peinture et la sculpture. Pendant une dizaine d’années, à partir de 1970, elle expose des fresques, des masques et des sculptures de femmes telluriques. Pendant cette période, elle tient 30 expositions individuelles au Québec et à Toronto, New York, Paris et Bruxelles.

En 1975, Jovette Marchessault publie sa trilogie romanesque, Comme une enfant de la terre. Pour son premier roman, Le Crachat solaire, elle reçoit le Prix France-Québec en 1976. Le deuxième volume, La Mère des herbes, paraît en 1980, et Des cailloux blancs pour les forêts obscures est publié en 1987.

À partir de 1979, des œuvres de Jovette Marchessault sont présentées sur scène. Cette année-là, la femme de théâtre Pol Pelletier adapte pour la scène le récit Les Vaches de nuit. Celui-ci est présenté le 5 mars 1979 lors du spectacle Célébrations organisé par Nicole Brossard et Jovette Marchessault au Théâtre du Nouveau Monde pour fêter la Journée internationale des femmes. Les Vaches de nuit est traduit en anglais et joué par Pol Pelletier dans de nombreux pays pendant 40 ans. Un autre récit, Les faiseuses d’anges, est créé par Madeleine Arsenault en coproduction avec le Théâtre Expérimental des Femmes (TEF) en 1982. Ces œuvres, de même que Chronique lesbienne du moyen-âge québécois, sont publiées dans Triptyque lesbien aux Éditions de la Pleine Lune en 1980.

Années 1980-1990

Pendant les années 1980, la prolifique Jovette Marchessault voit ses œuvres mises en scènes par des compagnies de premier plan. Le Théâtre de Nouveau Monde lance une production de La Saga des poules mouillées (printemps 1981). Elle est dirigée par Michelle Rossignol et jouée par Charlotte Boisjoli, Amulette Garneau, Andrée Lachapelle et Monique Mercure. La pièce inaugure la production d’une série d’œuvres dramatiques des auteures Germaine Guèvremont, Laure Conan, Anne Hébert et Gabrielle Roy.

La terre est trop courte, Violette Leduc est créée en 1981 au TEF, puis montée à nouveau au Théâtre d’Aujourd’hui en 1992. Elle évoque les interactions entre la romancière française Violette Leduc et des écrivains comme Simone de Beauvoir, Clara Malraux, Nathalie Sarraute, Jean Genet et Maurice Sachs. La pièce est publiée en anglais sous le titre The Edge of Earth is Too Near, Violette Leduc, dans une traduction de Suzanne de Lotbinière-Harwood.

Dans Alice et Gertrude, Natalie et Renée et ce cher Ernest, présentée à L’Atelier Continu en 1984, Jovette Marchessault met en scène des écrivains américains à Paris au début de la Deuxième Guerre mondiale. Un an plus tard, elle rend hommage à Anaïs Nin avec Anaïs dans la queue de la comète au Théâtre de Quat’Sous. Andrée Lachapelle tient le rôle titre. La production reçoit le Grand Prix de Théâtre du Journal de Montréal.

Jovette Marchessault remporte le Grand Prix littéraire de Sherbrooke pour Demande de travail sur les nébuleuses, montée au Théâtre d’Aujourd’hui en 1988. Elle reçoit aussi le Prix littéraire du Gouverneur général en théâtre pour Le Voyage magnifique d’Emily Carr, présentée au même endroit en 1990. La pièce, évoquant l’histoire et la vision du monde de la célèbre peintre, est ensuite montée à Victoria, dans une traduction de Linda Gaboriau intitulée The Magnificent Voyage of Emily Carr. Jovette Marchessault publie ensuite Le Lion de Bangor en 1993 et Madame Blavatsky, spirite en 1998. Le récit La Pérégrin chérubinique, publié en 2001, est théâtralisé et mis en scène par Pol Pelletier au Musée de l’Amérique française, à Québec, en 2008. Il est repris ensuite au Festival TransAmériques en 2012

Autres activités

Jovette Marchessault coordonne l’exposition « 8 Montréalaises à New York » en 1989. Elle est cofondatrice de la maison d’édition internationale Squawtach Press en 1980 et est chargée de cours au département de théâtre de l’Université du Québec à Montréal. Elle travaille également pour Le Devoir, Châtelaine, La Vie en rose, La Nouvelle Barre du Jour, Fireweed et 13 Moon.

Honneurs

Jovette Marchessault est nommée au Conseil des arts et des lettres du Québec en 1993. Elle est nommée membre honoraire de l’Association canadienne de la recherche théâtrale en 1999.