Martin, Charles-Amador
Charles-Amador Martin. Prêtre, musicien (Québec, 7 mars 1648 - Sainte-Foy, près Québec, 19 juin 1711). Fils d'Abraham Martin (qui donna son nom aux Plaines d'Abraham), il fut élève de Martin Boutet au collège des Jésuites et étudia la théologie au séminaire. Deuxième canadien de naissance à être ordonné prêtre, en 1671, il fut curé de plusieurs paroisses des environs de Québec, son plus long mandat ayant été à Notre-Dame-de-Sainte-Foy (1698-1711). Il fut également professeur et administrateur (v. 1680) au séminaire de Québec, ainsi que chanoine (1684-97) et, selon Amtmann, grand chantre de la cathédrale de Québec après 1698. Dès 1662, les Relations des Jésuites font mention d'« Amador » comme chantre d'église. Une vingtaine d'années après la mort de Martin, mère Marie-Andrée Regnard Duplessis de Sainte-Hélène (1687-1760), auteure de chroniques de l'Hôtel-Dieu de Québec, écrivait que « M. Martin, qui étant habile chantre composa le chant de la Messe et de l'office de la Sainte Famille, tel qu'il est ». D'autres historiens, notamment Ernest Gagnon et A.-H. Gosselin, n'ont plus tard attribué à Martin que la musique de la Prose de l'office, mais Eugène Lapierre a même avancé une date, 1670, pour cette composition (« Canada, Musique », Encyclopédie Grolier, Montréal 1947). La Prose « Sacrae familiae felix spectaculum » se retrouve dans un certain nombre de manuscrits du XVIIIe siècle et fut imprimée pour la première fois dans le Graduel romain en 1800. Elle fut chantée à la cathédrale de Québec le jour de la fête de la Sainte Famille jusqu'au milieu du XXe siècle. Martin a-t-il vraiment été le compositeur de la Prose, et s'agit-il là de la plus ancienne composition canadienne que l'on ait conservée? Même si la célébration de la fête de la Sainte Famille remonte à 1665, l'année citée, 1670, ne peut être retenue puisque le texte définitif de l'Office n'a été établi que beaucoup plus tard et n'a servi pour la première fois qu'en 1703. Ce texte avait été commandé à un poète français, l'abbé Simon Gourdan, et (toujours selon Amtmann, qui a étudié la question dans tous ses détails) il est possible que la musique ait aussi été écrite en France et que la « composition » de Martin se soit limitée à la réunion des divers morceaux de musique en vue de la cérémonie. La comparaison d'un manuscrit ancien avec des écrits de Martin n'a pas résolu l'énigme. Des versions imprimées en 1800 et 1843 sont reproduites et commentées dans le PMC (vol. II).