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Mary Schäffer Warren

Mary Schäffer Warren (née Mary Townsend Sharpless), naturaliste, auteure, photographe, arpenteuse (née le 4 octobre 1861 à West Chester, en Pennsylvanie; décédée le 23 janvier 1939 à Banff, en Alberta). Mary Schäffer Warren est célèbre pour avoir été la première personne non autochtone à explorer le lac Maligne dans les Rocheuses canadiennes. Elle a été une des premières femmes non autochtones à parcourir les régions qui constituent aujourd’hui les parcs nationaux de Banff et de Jasper. Bien qu’elle n’avait aucune expérience d’arpenteuse, la Commission géologique du Canada lui a demandé d’arpenter le lac Maligne en 1911. À cette occasion, Mary Schäffer Warren a donné leurs noms à plusieurs éléments géographiques entourant le lac (voir aussi Dix montagnes au Canada portant des noms de femmes). Autant par ses écrits que par les projections de diapositives de ses photographies peintes à la main, elle a fait la promotion du tourisme dans les Rocheuses.

Mary Schäffer Warren

Jeunesse

Mary Schäffer Warren naît dans une famille quaker de classe moyenne supérieure à West Chester, en Pennsylvanie, le 4 octobre 1861. Comme tous les quakers, la famille Sharpless accorde une grande valeur à l’éducation. Mary Schäffer Warren étudie l’histoire naturelle, les mathématiques, la littérature et la peinture. Elle s’intéresse particulièrement à l’histoire naturelle, un penchant que son père encourage. Il l’amène dans la nature et fait des arrangements pour que Mary étudie la peinture botanique auprès d’un artiste. Adolescente, Mary Schäffer Warren parcourt l’Ouest américain et la côte de l’Alaska.

Débuts dans les Rocheuses canadiennes

En 1889, Mary Schäffer Warren épouse le Dr Charles Schäffer, de 23 ans son aîné. Charles est médecin et botaniste amateur, et ils s’intéressent tous deux aux sciences naturelles. La même année, le couple entreprend son premier voyage dans les Rocheuses canadiennes à bord du tout nouveau chemin de fer du Canadien-Pacifique. Ils vivent à Philadelphie et à partir de 1891, se rendent chaque été dans les Rocheuses. Au cours de ces voyages, Charles effectue des recherches botaniques et Mary l’assiste en pressant, en dessinant, en peignant et en photographiant des fleurs sauvages. Ce travail lui vaut d’être reçue à l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie.

Mary Schäffer Warren perd ses deux parents et son mari en 1903. À la suite de ces décès, elle retourne dans les Rocheuses afin de poursuivre les recherches botaniques de Charles. Elle publie son travail dans un livre, Alpine Flora of the Canadian Rockies, auquel elle contribue par ses illustrations.

Poursuite des voyages dans les Rocheuses

Les voyages de Mary Schäffer Warren dans les Rocheuses deviennent très différents après la mort de son mari. Elle passe moins de temps à voyager en train et à séjourner dans des hôtels, et beaucoup plus à dos de cheval et dans des campements. Elle commence à voyager avec d’autres femmes américaines, et trouve bientôt une compagne de voyage aux vues similaires, Mary « Mollie » Adams. Elles engagent des guides pour leurs expéditions. L’un d’entre eux, William « Billy » Warren, un Anglais vétéran de la Guerre d’Afrique du Sud, deviendra plus tard son deuxième mari.

Au cours de ces années, sa confiance en elle s’accroît en tant qu’alpiniste et exploratrice des régions sauvages des Rocheuses. Troquant ses jupes pour des pantalons, Mary Schäffer Warren adopte la vie sauvage, se souciant peu de ce que la société attend d’une femme de son milieu.

Mary Schäffer Warren et son équipe

Lac Maligne

En 1907, Mary Schäffer Warren et Mollie Adams, accompagnées de leurs guides, partent en expédition pour explorer le cours supérieur des rivières Saskatchewan et Athabasca. Mary Schäffer Warren a entendu parler d’un lac « caché » au nord du lac Brazeau, dans ce qui est aujourd’hui le parc national Jasper. Quelques dizaines d’années plus tard, en 1875, un arpenteur du chemin de fer du Canadien-Pacifique, Henry Macleod, trouve le lac en question. Jugeant qu’il s’agit d’un trajet difficile pour le chemin de fer, Henry Macleod ne s’attarde pas à cet endroit et continue ses explorations ailleurs. Le lac est cependant connu des Stoneys-Nakodas qui l’appellent Chaba Imne (lac des Castors). Tout comme les Cris, ils se rendent souvent au lac pour trapper le castor.

Sampson Beaver, un ami de Mary Schäffer Warren, est un Stoney-Nakoda qui se souvient d’avoir visité le lac durant son enfance. De mémoire, il dessine pour Mary une carte sommaire. Dans leur expédition de 1907, les exploratrices échouent à localiser le parc, mais elles y arrivent l’année suivante. Mary Schäffer Warren est généralement considérée comme la première personne non autochtone à avoir exploré le lac; elle reconnaît toutefois que sans ses guides, le voyage n’aurait pas été possible.

L’équipe construit un radeau et explore le lac pendant plusieurs jours. « Le lac Louise est une perle; le lac Maligne est un collier de perles », s’exclame Mary. Elle racontera plus tard le récit de la recherche et de la découverte du lac dans un livre, Old Indian Trails of the Canadian Rockies, publié en 1911.

Arpentage du lac Maligne

Le Dr D.B. Dowling, de la Commission géologique du Canada, demande à Mary Schäffer Warren d’arpenter le lac Maligne. Le choix est inhabituel car il va à l’encontre d’une politique du gouvernement qui empêche les femmes d’accompagner les équipes d’arpentage, à plus forte raison d’en diriger une. Ce choix s’explique probablement par sa réputation d’exploratrice et d’alpiniste, et par la notoriété qu’elle a tirée de son expédition de 1908 au lac Maligne. Bien qu’hésitante au début, car elle n’a aucune formation ou expérience d’arpenteuse, elle finit par accepter l’offre et arpente le lac en 1911.

Mary Schäffer Warren baptise plusieurs éléments géographiques entourant le lac en l’honneur de compagnons de voyage et amis, et ces noms sont ensuite adoptés par la Commission de toponymie du Canada. Parmi ces toponymes, on retrouve le mont Unwin, du nom d’un de ses guides, Sidney Unwin, le mont Warren en l’honneur de Billy Warren, un autre de ses guides (et son futur mari), le mont Mary Vaux en mémoire de son amie alpiniste Mary Vaux Walcott et le pic Samson en l’honneur de Sampson Beaver, le Stoney Nakoda qui a dressé la carte du parc.

Elle baptise aussi le lac Maligne, lui donnant le même nom que la rivière qui y prend naissance, conformément à la pratique établie de donner le même nom à plusieurs éléments géographiques du même secteur.

Vie ultérieure à Banff

En 1912, Mary Schäffer Warren se fait construire une maison à Banff, où elle passe le restant de sa vie. La maison, baptisée Tarry-a-while, est aujourd’hui un lieu historique national. En 1915, elle épouse William Warren, qui a été guide pour plusieurs de ses expéditions, âgé de presque vingt ans de moins qu’elle. Après leur mariage, ils continuent à parcourir les Rocheuses, bien que leurs voyages deviennent plus courts à cause de la santé déclinante de Mary. Ils voyagent aussi ailleurs au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en Amérique centrale et dans les Caraïbes.

Mary Schäffer Warren a encouragé le tourisme dans les Rocheuses, en relatant ses expériences dans des publications canadiennes et américaines et des brochures promotionnelles. Elle a présenté des projections de diapositives exposant les photographies peintes qu’elle a prises durant ses voyages.

Mary Schäffer Warren s’est jointe à l’Ordre impérial des filles de l’Empire, une organisation caritative féminine. Elle a aussi été membre de plusieurs autres groupes, dont le Club alpin du Canada, la National Geographic Society et la Royal Geographical Society.

Elle est morte d’une pneumonie le 23 janvier 1939 à Banff.

Le mont Schaffer et le lac Schaffer, dans le Parc national Yoho, ont été baptisés en l’honneur de Mary et Charles Schäffer.