Jeunesse et début de carrière
David McFadden commence à écrire et à publier de la poésie alors qu’il est encore à l’école secondaire. À cette époque, il correspond même avec le romancier de la « Beat Generation » Jack Kerouac. Durant sa jeunesse et le début de sa carrière, il ne quitte pas Hamilton, la ville ouvrière de son enfance, résidant sur « Hamilton Mountain » au bord du grand escarpement du Niagara, une formation du Bouclier canadien qui prend des proportions mythiques dans son écriture. Il ne va pas à l’université, mais se joint, au début des années 1960, en tant que correcteur d’épreuves, à l’équipe du Hamilton Spectator où il deviendra plus tard journaliste, s’occupant principalement de la rubrique « Police ». Menant une double vie, il travaille la nuit pour faire vivre sa jeune famille et poursuit, durant la journée, son activité de poète. Son œuvre poétique mêle étroitement, dans un subtil équilibre, un témoignage de la vie de gens ordinaires et une vision métaphysique beaucoup plus ample influencée par des poètes romantiques britanniques tels que William Blake, William Wordsworth, Percy Bysshe Shelley et le poète américain du XIXe siècle Walt Whitman. David McFadden trouve même le temps, durant cette période, de créer puis de dissoudre son propre magazine littéraire, Mountain. Après la publication de ses six premiers recueils de poèmes et, en 1974, de son roman expérimental The Great Canadian Sonnet illustré parGreg Curnoe, il quitte, en 1976, le Hamilton Spectator pour se lancer dans la rédaction et l’écriture à la pige. Dans ce cadre, il collabore, selon différentes modalités, à la rédaction de publications comme SwiftCurrent, Canadian Art, Quill and Quire et Hamilton This Month. En 1978, il devient écrivain résident à l’Université Simon Fraser, puis, de 1979 à 1982, il est chargé de cours pour le programme d’écriture du David Thompson University Centre, à Nelson en Colombie‑Britannique.
Œuvres de la maturité
Dès ses premières œuvres, comme The Poem Poem en 1967 et Letters from the Earth to the Earth en 1968, David McFadden manifeste un intérêt pour une écriture concrète s’enracinant dans son environnement quotidien immédiat incarné, notamment, par les dépanneurs, les autobus et les pistes de quilles de Hamilton. « Vous le verriez se dandinant fièrement le long de l’avenue Kenilworth, / habillé d’un costume finement rayé et d’une cravate à fleurs jurant avec l’ensemble / achetés dans un magasin d’occasion, / sa main droite pliée comme s’il saluait en permanence, deux sacs en papier dans la main gauche » [traduction libre]. Cependant, son travail évolue tout au long des années 1970 et ses préoccupations s’élargissent de la région des Grands Lacs à l’ensemble du Canada, puis, finalement, au monde entier.
Au cours des années 1980, David McFadden voit sa production littéraire de plus en plus reconnue : The Art of Darkness, une œuvre de 1984, et le cycle de poèmes en prose Gypsy Guitar de 1987 sont tous deux sélectionnés pour un Prix du Gouverneur général. Dans les années 1990, ses œuvres comme There’ll Be Another, en 1995, témoignent d’un nouvel intérêt pour différentes parties du monde autour de thèmes plus généraux sans toutefois ne jamais perdre leur style direct et sans détour et en conservant l’utilisation d’un langage quotidien. Dans une émouvante élégie à son ami et collaborateur Greg Curnoe, « The Death of Greg Curnoe », parue dans There’ll Be Another, il évoque la ville de La Havane à Cuba, ses clubs, ses panneaux d’affichage et ses peintres, tout en rendant hommage, de façon encore plus intime, à son ami Greg Curnoe et en se questionnant sur le sens de la vie : « voici la mort, sans vergogne / songeons‑y et regardons‑la en face / voici la mort, méditation profonde sur l’irréversible / fin de toute vie, éternelle source d’inspiration » [traduction libre]. En 2007, Why Are You So Sad? Selected Poems de David W. McFadden est sélectionné pour le prix Griffin pour la poésie et en 2013, What’s the Score? remporte ce même prix, amenant une reconnaissance beaucoup plus large au Canada à ce poète de l’intime jusque‑là connu uniquement d’un cercle étroit.
Dernières années
Quasiment un an, jour pour jour, après avoir reçu le prix Griffin pour la poésie, David McFadden publie un court texte autobiographique dans le Toronto Life dans lequel il précise être atteint de la maladie d’Alzheimer. En raison d’une atrophie progressive du cortex temporal, la perte de vocabulaire constitue l’un des effets cumulatifs s’amplifiant graduellement de la maladie, un problème particulièrement troublant pour quelqu’un qui a consacré sa vie à la poésie. Il écrit : « Qu’est‑ce que cela fait d’être moi, un poète privé de mots, un poète qui ne peut plus parler? Souvent je reste sans voix lorsqu’il faut faire part de mes sentiments à d’autres, et parfois je m’aperçois que je suis incapable de comprendre le discours habituel de mes interlocuteurs. Je pense à un mot, puis, je cesse d’y penser et il s’est envolé; je ne peux plus m’en souvenir. Soudain, j’ai une idée brillante et elle disparaît instantanément. » Paradoxalement, en dépit des conséquences de sa maladie sur ses capacités à parler, à se souvenir et, surtout, à exploiter son vocabulaire, il conserve son aptitude à écrire avec aisance et se montre prolifique durant cette période. Outre What’s the Score?, il publie, en 2013, un récit autobiographique d’un voyage accompli avec son père sous le titre Mother Died Last Summer et, en 2014, un recueil de tankas et de haïkus sous le titre Shouting Your Name Well : Tankas and Haiku, une suite de 102 sonnets, Abnormal Brain Sonnets, voyant le jour en 2015.