Alan Arnett McLeod, Croix de Victoria, aviateur (né le 20 avril 1899,
à Stonewall, au Manitoba; décédé le 6 novembre 1918,
à Winnipeg, au Manitoba). Alan McLeod a
reçu la Croix de Victoria (VC), pour ses actions
héroïques, pendant et après une bataille aérienne avec des chasseurs ennemis,
lors de la Première Guerre mondiale. Il est décédé peu après son retour au pays, victime de la pandémie de grippe espagnole de 1918, qui a coûté la vie à des millions de personnes dans le monde, dont
environ 50 000 au Canada.
(Image en domaine public)
Jeunesse
Alan McLeod est le fils d’Alexandre et de Margaret McLeod, qui vivent dans la petite ville de Stonewall, au nord de Winnipeg. À l’âge de 14 ans, il intègre une unité de la milice, la 34th Fort Garry Horse. Il passe l’été 1913 dans un camp d’entraînement, heureux d’être en uniforme, bien que n’ayant à accomplir que des tâches modestes.
Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, en août 1914, Alan McLeod est trop jeune pour rester dans la milice. En 1916, après avoir tenté de se joindre à l’escadre des cadets britanniques, le Royal Flying Corps, qui forme des pilotes au Canada, il essuie un refus, au motif qu’il n’a pas encore 18 ans. Il effectue une deuxième tentative, en avril 1917, et est alors accepté dans le cadre d’une formation de pilote.
Service de guerre
Alan McLeod mène à bien sa formation théorique, portant sur les moteurs, sur la lecture de cartes, sur la théorie du vol, sur le vol‑voyage de navigation et sur la télégraphie sans fil, à la 4e École militaire d’aéronautique de l’Université de Toronto. Il entame ensuite sa formation pratique de pilote à Long Branch, juste à l’ouest de Toronto. Son premier vol a lieu le 4 juin 1917, sur un Curtiss JN4, alors utilisé au Canada comme avion d’entraînement. Il effectue son premier vol en solitaire cinq jours plus tard, après un peu plus de deux heures d’instruction en vol. À la mi‑juin, il est affecté au Camp Borden pour une formation plus poussée.
Alan McLeod obtient sa qualification de pilote en juillet 1917, avant de poursuivre son entraînement à l’École d’artillerie aérienne. Le 20 août, le sous‑lieutenant McLeod quitte Montréal à bord du vapeur Metagama et accoste en Angleterre le 1er septembre. À son arrivée, il bénéficie de dix jours de permission à Londres, qui subit alors des bombardements allemands de nuit.
Le 14 septembre, Alan McLeod est affecté au 82e Escadron, à Waddington, dans le Lincolnshire. Cette unité vole alors sur des Armstrong Whitworth FK8, surnommés « Big Ack », d’imposants appareils biplaces, pouvant accueillir un pilote et un observateur, utilisés sur le continent et pour la défense intérieure. Après deux mois, l’Escadron doit être envoyé en France, mais le jeune pilote canadien n’a toujours pas atteint l’âge nécessaire de 19 ans pour pouvoir combattre.
Il est donc transféré au 51e Escadron, à Marham, dans le Norfolk, une unité de défense territoriale. Les hommes du 51e volent sur des F.E. 2b, des chasseurs biplaces, essentiellement affectés à des missions de patrouille de nuit au‑dessus de Londres, à la recherche de zeppelins allemands et de bombardiers Gotha. Le natif de Stonewall sert dans cette unité pendant deux mois, avant d’être affecté en France, et ce, bien qu’il n’ait pas encore atteint l’âge requis–une décision probablement prise en raison d’un manque de pilotes.
France
Le 29 novembre 1917, Alan McLeod arrive au sein du 2e Escadron, stationné à Hesdigneul‑lès‑Béthune, dans le nord‑est de la France. Cette unité, équipée du Big Ack, se voit chargée de missions de collaboration avec l’armée de terre, notamment de localisation de l’artillerie ennemie et de photographie des lignes allemandes. Elle effectue également des sorties de bombardement, de jour et de nuit.
Chaque fois qu’il en a la possibilité, Alan McLeod décide d’utiliser son bombardier comme un chasseur. Lors de plusieurs missions derrière les lignes ennemies, en compagnie de son observateur, il engage le combat et abat des appareils allemands, ce qui lui vaut d’être cité à l’ordre du jour.
Héroïsme dans les airs
Le 27 mars 1918, Alan McLeod et son observateur, le lieutenant Arthur Hammond, accomplissent une mission de bombardement derrière les lignes ennemies. Soudainement, un chasseur Fokker émerge des nuages, légèrement en dessous d’eux, à seulement 200 mètres. Le pilote canadien manœuvre habilement son bombardier, afin que son observateur puisse tirer sur l’appareil ennemi. Après trois courtes rafales de la mitrailleuse Lewis équipant l’appareil anglais, le chasseur allemand plonge au sol.
Alors qu’Alan McLeod et Arthur Hammond se félicitent de ce succès, ils subissent les attaques de huit autres Fokkers, venus de différentes directions. Le pilote manœuvre à nouveau adroitement pour permettre à son observateur de faire feu sur chaque appareil ennemi à tour de rôle. Arthur Hammond abat trois d’entre eux, avant qu’un autre chasseur allemand ne surgisse sous le bombardier anglais et ne tire dans son ventre, perforant le réservoir de carburant et causant un incendie à bord. Le pilote canadien et son observateur anglais sont tous deux blessés lors de cette attaque.
Alan McLeod décide de grimper sur l’aile de son appareil, le commandant depuis le côté du fuselage, avec une jambe à l’intérieur du poste de pilotage. En effectuant une glissade sur le côté, il réussit à maintenir les flammes sur un seul côté de l’appareil, permettant ainsi à Arthur Hammond de continuer à faire feu (lors d’une telle manœuvre, un aéronef se déplace latéralement par rapport au flux d’air venant en sens inverse). Bien que l’observateur ne soit plus, alors, en mesure d’utiliser qu’un seul de ses bras, il réussit à abattre un autre chasseur allemand Fokker qui se rapprochait. Arthur Hammond continue de faire feu sur l’appareil ennemi jusqu’à ce que son propre avion touche le sol.
Au moment de l’atterrissage, dans le « no man’s land », Alan McLeod a été blessé cinq fois et son observateur à six reprises. Faisant fi de ses propres blessures, le pilote réussit à tirer son compagnon de l’épave en feu, juste avant que les bombes et les munitions restantes n’explosent. Alors que les deux hommes tentent de se cacher dans un trou d’obus, le pilote canadien est blessé une sixième fois par des tirs d’armes légères allemandes. Cette nuit‑là, des soldats sud‑africains leur portent secours et les transportent dans une infirmerie de campagne.
Le 4 septembre, Alan McLeod reçoit la Croix de Victoria des mains du roi George V, au palais de Buckingham. Son père fait le voyage, depuis le Canada, pour assister à la remise de cette récompense. Arthur Hammond reçoit, quant à lui, une barrette à sa Croix militaire.
(Image en domaine public)
Le retour au Canada
Après avoir reçu sa Croix de Victoria, Alan McLeod revient au Canada avec son père. Il est officiellement accueilli chez lui, lors d’une cérémonie à la gare de Winnipeg, le 30 septembre 1918, suivie d’une réception publique à Stonewall. Lors de ces deux occasions, il précise à la foule qu’il est impatient de retourner au front. Encore affaibli par les épreuves subies, il contracte la grippe espagnole, une souche de grippe qui frappe alors durement un peu partout dans le monde. Il décède à l’hôpital général de Winnipeg, le 6 novembre, et est inhumé au cimetière presbytérien Old Kildonan de sa ville natale. Environ 50 000 Canadiennes et Canadiens sont morts au cours de la pandémie de 1918, qui a coûté la vie à des millions de personnes à l’échelle mondiale.
Postérité
De nombreux hommages ont été rendus au courage d’Alan McLeod, une avenue de sa ville natale de Stonewall ayant notamment été nommée McLeod VC. Il a été intronisé au Panthéon de l’aviation du Canada, à Edmonton, en Alberta, en 1974. L’édifice McLeod, sur la BFC Borden, en Ontario, abrite l’annexe de l’armée de l’air du Musée militaire de la Base Borden, tandis que le bâtiment Lt. Alan McLeod permet de loger les élèves de la 3e École de pilotage des Forces canadiennes, à Portage la Prairie, au Manitoba. En 2009, le 301e Escadron (Alan McLeod, V.C.) des Cadets de l’Aviation royale du Canada a été établi à Stonewall.