Médecine générale
La médecine générale s'occupe de dispenser des soins (soins primaires ou de longue durée) à des personnes, quels que soient leur âge, leur sexe ou leur problème de santé. Au Canada, la médecine générale est aussi connue sous le nom de « médecine familiale », et l'omnipraticien est appelé « médecin de famille ».
Un certain nombre de caractéristiques font de la médecine générale une partie distincte de la profession médicale. En général, l'omnipraticien établit une relation à long terme avec ses patients, ce qui lui permet de traiter les problèmes médicaux du patient en toute connaissance de son passé, de ses antécédents médicaux, de ses relations sociales et familiales, de ses valeurs personnelles et de ses préférences. L'omnipraticien voit chacun de ses patients en moyenne quatre fois par année. Ces visites fournissent l'occasion d'informer en matière d'éducation sanitaire et de détecter les maladies dès leur début. L'omnipraticien prend en charge la plupart des problèmes de santé du patient.
S'il s'avère nécessaire de recourir à de l'aide spécialisée, il adresse le patient à un spécialiste. L'accroissement de la spécialisation et le développement technologique de la médecine ne font qu'ajouter à la complexité des soins médicaux. Ainsi, le rôle du médecin de famille consiste souvent à coordonner les soins et à expliquer aux patients et à leur famille les conséquences des examens diagnostiques.
Lorsque l'omnipraticien vit dans la collectivité où il exerce sa profession, particulièrement en milieu rural, il acquiert une bonne connaissance de l'environnement de travail et des conditions de vie de ses patients. Certains médecins de famille font encore des visites à domicile, et, au Canada, une grande majorité des omnipraticiens reçoivent et traitent leurs patients à l'hôpital. Les soins prénataux, postnataux et les soins ordinaires du nourrisson sont une partie importante de ce genre de médecine.
L'évolution de la médecine générale
Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, presque tous les médecins sont des omnipraticiens. À partir des années 30, on assiste à une croissance rapide du nombre de spécialités médicales importantes, et, depuis les années 50, ces dernières se fragmentent en sous-spécialités. Ainsi, certains actes médicaux (comme les opérations chirurgicales importantes) qui, auparavant, relevaient de l'omnipraticien sont devenus l'apanage de spécialistes. Or, en limitant leur pratique à un domaine particulier, plusieurs spécialistes ne peuvent plus dispenser les soins primaires. Toutefois, dans certaines spécialités, notamment en pédiatrie et en obstétrique, il existe des praticiens qui dispensent des soins primaires ou de longue durée à certains groupes d'âge.
Après la Deuxième Guerre mondiale, la croissance rapide de la spécialisation s'accompagne d'une diminution du nombre d'omnipraticiens. Ce déclin touche également d'autres pays et d'autres professions, à un point tel que la proportion de généralistes par rapport à celle des spécialistes devient problématique. Depuis cette époque, toutefois, un certain nombre de facteurs ont contribué à faire renaître la médecine générale, notamment la fondation, en 1954, du College of General Practitioners, rebaptisé, en 1967, Collège des médecins de famille du Canada (CMFC). Grâce au leadership intellectuel et pédagogique du CMFC, les médecins de famille ont pu redéfinir leur rôle dans une société plus complexe. Au lieu de se considérer comme des « médecins à tout faire », les omnipraticiens sont maintenant membres d'une discipline médicale bien définie, basée sur la connaissance à la fois de la médecine clinique et du comportement humain. Ils possèdent des compétences particulières leur permettant de faire de la prévention, d'établir un diagnostic précoce de la maladie et de dispenser des soins complexes de longue durée.
Grâce au CMFC, la médecine générale est maintenant une discipline universitaire, et des programmes de formation postdoctorale en médecine familiale ont été mis sur pied. La première chaire de médecine familiale est créée à l'U. Western Ontario en 1968. Aujourd'hui, les 16 écoles de médecine du Canada ont toutes un département de médecine générale et offrent des programmes de formation postdoctorale à environ 450 à 500 médecins chaque année. Les premiers examens d'accréditation en médecine familiale du CMFC ont lieu en 1969, et, en 1987, il compte 5629 médecins certifiés.
Grâce à tous ces développements, le système de santé canadien semble avoir atteint un équilibre entre le nombre de généralistes et de spécialistes. En 1987, on estime à 15 000 le nombre d'omnipraticiens au Canada. La médecine familiale est un choix de carrière prisé chez les diplômés de médecine, particulièrement chez les femmes. Cependant, il existe encore certains problèmes. Par exemple, le nombre de postes de stagiaires est insuffisant pour le nombre de diplômés en médecine générale. Ainsi, un grand nombre de diplômés commencent à pratiquer sans préparation spécialisée en médecine familiale. De plus, le rôle de l'omnipraticien dans un grand hôpital urbain, en particulier un hôpital d'enseignement, change continuellement et n'est pas encore très bien défini.
À l'avenir, la proportion grandissante de personnes âgées dans la population fera des soins gérontologiques un aspect important de la médecine familiale. De plus, le coût élevé des soins hospitaliers associé à la complexité et à la fragmentation de la médecine rendront essentielle l'existence d'un bassin d'omnipraticiens bien formés et hautement qualifiés.