Éducation militaire
Louis-Joseph de Montcalm naît au château de Candiac le 28 février 1712, dans une famille de la petite noblesse du Languedoc engagée dans le métier des armes depuis le 17e siècle. Sa carrière militaire commence dès l’âge de neuf ans, alors que ses parents lui achètent une charge d’enseigne dans le régiment de Hainaut. À 17 ans, il est promu capitaine au sein du même régiment.
Le saviez-vous?
À l’époque, on pouvait acheter et vendre les postes d’officiers dans l’armée française, c’est ce qu’on appelle la vénalité des offices.
Louis-Joseph de Montcalm reçoit son baptême du feu en 1732. Il sert en Rhénanie, lors de la guerre de Succession de Pologne (1733 à 1738), dans l’armée du maréchal de Saxe, un brillant stratège. En 1736, entre deux campagnes, il épouse Angélique-Louise Talon de Boulay, héritière d’une autre vieille et puissante famille de la noblesse de robe. De leurs 10 enfants, cinq seulement atteindront l’âge adulte.
Lorsque la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) éclate, Louis-Joseph de Montcalm est nommé aide de camp du lieutenant général Philippe-Charles de la Fare. En 1741, il assiste à l’assaut des remparts de Prague par les Français, puis il est blessé l’année suivante lors de la contre-attaque des Autrichiens. Deux ans plus tard, il devient colonel du régiment d’Auxerrois et combat en Italie jusqu’à la fin de la guerre. À l’âge de 31 ans, il est sévèrement blessé à Plaisance; il reçoit cinq coups de sabre à la tête et aux épaules. Son régiment est anéanti et il est fait prisonnier. Tenace, il rejoint l’armée dès sa libération pour prendre part à la bataille de l’Assiette, dans les Alpes italiennes, où il reçoit une balle au front.
En 1752, Louis-Joseph de Montcalm sollicite une pension auprès du roi et l’obtient. Ses états de service sont impressionnants : 31 ans dans l’armée, 11 campagnes militaires et cinq blessures. À son château de Candiac, il mène une retraite paisible et veille à l’éducation de ses enfants, lorsque surgit le spectre d’une nouvelle guerre.
Campagne au Canada
En 1755, Louis-Joseph de Montcalm séjourne à Versailles lorsqu’on lui demande de commander les forces françaises en Amérique du Nord. D’importants affrontements contre les forces britanniques ont déjà lieu sur le continent. Le vétéran de 44 ans est nommé maréchal de camp, c’est-à-dire général. À contrecœur, il accepte cette commission qu’il ne souhaite pas, mais qui assure l’avenir de son fils. En effet, la solde de général est considérable. Une pension lui est aussi promise à son retour, dont la moitié serait versée à sa femme s’il venait à mourir dans l’exercice de ses fonctions.
En mai 1756, le général Louis-Joseph de Montcalm arrive à Québec et y passe quelques jours, pour s’instruire « sur un pays et sur une guerre où tout est si différent de ce qui se pratique en Europe ». Il se rend ensuite à Montréal pour rencontrer le gouverneur général de la Nouvelle-France, Pierre de Rigaud, marquis de Vaudreuil, auquel il est subordonné. C’est ce dernier qui commande les troupes de terre envoyées de France pour défendre la Nouvelle-France (environ 5 000 hommes), les troupes de la Marine (environ 2 000 hommes) et la milice canadienne (environ 10 000 hommes). Louis-Joseph de Montcalm doit mener les campagnes sur le terrain, conformément aux plans du gouverneur.
En juin 1756, la France déclare la guerre à la Grande-Bretagne, c’est le début de la guerre de Sept Ans (1756 à 1763). Au mois d’août suivant, Louis-Joseph de Montcalm s’empare du fort britannique d’Oswego, avec une petite armée de 3 000 hommes voyageant à bord de 200 bateaux. Il doit son succès au transport d’une puissante artillerie de 33 canons, dont certaines pièces (huit canons de 12 livres) pèsent plus d’une tonne chacune : un exploit logistique. L’année suivante, il s’empare du fort William-Henry après un siège d’une semaine. Avec ces deux victoires, le général réussit là où son prédécesseur, le baron de Dieskau, avait échoué.
Le 8 juillet 1758, Louis-Joseph de Montcalm remporte une audacieuse victoire au fort Carillon, où ses 3 500 soldats battent les 15 000 hommes du général Abercrombie. De retour à Québec, il est acclamé et élevé au rang de lieutenant-général; il devient ainsi commandant en chef des armées françaises en Nouvelle-France.
Siège de Québec
La promotion de Louis-Joseph de Montcalm le met presque sur un pied d’égalité avec le gouverneur Pierre Rigaud de Vaudreuil, avec qui les relations sont tendues. Le général doit tout de même tenir compte de l’avis du gouverneur dans ses actions. Au cours de l’été 1759, la ville de Québec est attaquée par une force expéditionnaire britannique commandée par le général James Wolfe. Les 10 000 soldats britanniques forment une petite, mais puissante armée. De son côté, Louis Joseph de Montcalm dispose d’environ 13 000 hommes : une force plus nombreuse, mais essentiellement constituée de miliciens, c’est-à-dire des citoyens armés, et d’environ 1 200 guerriers autochtones. Un bras de fer s’amorce entre les deux hommes.
Pendant les mois précédant l’arrivée des Britanniques, Louis-Joseph de Montcalm prépare la ville pour le siège. Il fait construire une série de retranchements, de redoutes et de batteries de canons bloquant l’accès à la cité fortifiée derrière lesquels il campe son armée. Le 31 juillet, ces défenses sont mises à l’épreuve par les troupes britanniques, qui subissent une importante défaite à la bataille de Montmorency.
Entre juillet et septembre 1759, James Wolfe fait bombarder Québec depuis la rive sud. Ceci cause des dommages importants à la cathédrale Notre-Dame de Québec, au collège des Jésuites, au Château Saint-Louis, à l'église de Notre-Dame-des-Victoires et détruit de nombreux bâtiments de la basse ville de Québec. Après deux mois de siège infructueux, les Britanniques parviennent enfin à surprendre les Français en positionnant leur armée sur les hauteurs des plaines d’Abraham après un débarquement de nuit à l’Anse-au-Foulon. Au matin, le général français se porte à leur rencontre. Les deux armées qui se font face comportent chacune environ 4 500 hommes.
Pour ne pas laisser le temps à son ennemi de se retrancher davantage, Louis-Joseph de Montcalm passe à l’offensive, espérant bousculer son adversaire. Arrivés à environ 40 mètres de la ligne britannique, les Français s’arrêtent et ouvrent le feu, mais les Britanniques répondent par un feu de peloton dévastateur, ayant chargé leurs fusils de deux balles au lieu d’une seule. Le désordre se transforme vite en déroute. Louis-Joseph de Montcalm est blessé mortellement par un projectile à l’abdomen pendant la retraite. On le transporte en ville chez le chirurgien André Arnoux, d’où il donne ses dernières instructions. Entre temps, James Wolfe est atteint par trois balles pendant l’assaut français et meurt sur le champ de bataille.
Louis-Joseph, marquis de Montcalm, meurt de ses blessures le 14 septembre 1759, le lendemain de la bataille des plaines d’Abraham, à l’âge de 47 ans. Le jour de sa mort, il est inhumé dans un cratère creusé par une bombe britannique, au sein de l’église du monastère des Ursulines de Québec.
Héritage
En 2001, les restes du marquis de Montcalm sont transférés au cimetière de l’Hôpital-Général de Québec au cours d’une cérémonie présidée par le premier ministre Bernard Landry. Il y repose toujours dans un mausolée qui lui est consacré.
Plusieurs monuments honorent aujourd’hui la mémoire de cet homme qui a donné sa vie pour la défense de la Nouvelle-France. Il est, entre autres, représenté sur l’une des sculptures du Parlement de Québec (voir Assemblée nationale). Une statue lui est également dédiée à l’entrée des plaines d’Abraham, sur la Grande Allée Est près de l’hôtel Le Concorde. Enfin, le monument Wolfe-Montcalm, situé dans le jardin des Gouverneurs à côté du Château Frontenac, honore la mémoire des deux généraux dont la rivalité marque un tournant majeur dans l’histoire canadienne.