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Rosaire Morin

Rosaire Morin, C.Q., auteur et militant nationaliste (né le 2 septembre 1922 à Saint-Honoré de Témiscouata, Québec; décédé le 14 avril 1999 à Montréal). Directeur de la revue L’Action nationale, Rosaire Morin a été, sa vie durant, très engagé dans le mouvement nationaliste québécois.
Rosaire Morin

Études et militantisme au sein des Jeunes laurentiens

Rosaire Morin grandit dans un milieu rural, dans le comté de Témiscouata. Après avoir fait son cours primaire dans cette région, il s’établit à Rimouski, où il entre au Séminaire pour y faire ses études classiques. Bien qu’il a prononcé quelques discours lors de réunions de l’Union des cultivateurs catholiques dans sa région natale, son implication dans le mouvement nationaliste débute réellement en 1941, lorsqu’il déménage à Montréal après avoir interrompu ses études et adhère aux Jeunesses laurentiennes, un organisme nationaliste, traditionaliste et catholique (voir aussi Nationalisme canadien-français).

Grâce à son travail acharné, Rosaire Morin gravit rapidement les échelons de l’organisation. Ainsi, de président des Jeunesses laurentiennes de la paroisse de Saint-Louis-de-France en 1942, puis secrétaire général de l'organisme en 1943, il en deviendra le président en 1945, poste qu’il occupe jusqu’à la dissolution de l’organisme en 1950. Au sein des Jeunesses laurentiennes, par ses écrits et discours, il défend l’importance de la foi catholique et la spécificité du peuple canadien-français tout en s’insurgeant contre l’infériorité économique des francophones et « l’esprit de parti », qui, selon lui, divise inutilement la nation. En tant que président des Jeunesses laurentiennes, Rosaire Morin tisse des liens avec d’autres organisations nationalistes, comme les Sociétés Saint-Jean-Baptiste et l’Ordre de Jacques-Cartier, organisme auquel il adhère en 1943.

Il milite pour de nombreuses causes, tel que la lutte contre la conscription lors de la Deuxième Guerre mondiale ou l’établissement d’une ambassade canadienne au Vatican. Rosaire Morin s’implique aussi dans le Comité de propagande du drapeau, un organisme fondé en 1939 qui cherche, par une campagne d’opinion publique, à inciter le gouvernement québécois à adopter le fleurdelisée comme drapeau officiel de la province (voir Emblèmes provinciaux et territoriaux). Président du Comité en 1946, il voit son objectif se réaliser en 1948, lorsque le premier ministre Maurice Duplessis adopte le fleurdelisée comme drapeau du Québec (voir Fleur de lys).

Engagement au sein de l’Ordre de Jacques-Cartier

À la suite de la dissolution des Jeunesses laurentiennes, probablement en raison de difficultés financières, Rosaire Morin diminue son implication au cours de la décennie 1950. C’est à cette époque qu’il commence à exercer le métier d’agent d’assurance, métier qu’il conserve tout au long de sa vie. Il renoue cependant avec le militantisme en 1963 lorsqu’il prend la direction de la section montréalaise de l’Ordre de Jacques-Cartier (aussi appelé « La Patente »), le Comité métropolitain de Montréal (CMM). Au sein du CMM, Morin tente de faire contrepoids à l’influence des Franco-Ontariens dans l’Ordre de Jacques-Cartier. Ainsi, il est à l’origine de la publication du Manifeste : éléments d’une doctrine nationale pour les temps nouveaux. Ce texte, qu’il souhaite voir adopter comme programme de l’Ordre, adopte la rhétorique néo-nationaliste, insistant, par exemple, sur l’importance du Québec pour les Canadiens français et défendant l’étatisme (voir Nationalisme francophone au Québec). Devant la tentative de Rosaire Morin de québéciser l’Ordre, les dirigeants Franco-Ontariens font bloc pour s’opposer à ce mouvement. Cette confrontation mène finalement à la dissolution de l’Ordre de Jacques-Cartier en 1965.

Armoiries de l

Fondation de l’Ordre de Jean-Talon

Désirant continuer le travail de l’Ordre de Jacques-Cartier, il regroupe les principales chancelleries québécoises de « La Patente » pour fonder l’Ordre de Jean-Talon. Entièrement composé de membres du Québec, l’Ordre de Jean-Talon calque ses méthodes et son organisation sur l’Ordre de Jacques-Cartier. Cependant, à cause d’un effectif insuffisant, l’Ordre est dissout en 1967. Parallèlement à son implication dans l’Ordre de Jean-Talon, Rosaire Morin travaille à l’organisation des États généraux du Canada français. Ainsi, en tant que vice-président de l’événement, il vielle au bon déroulement des assises préliminaires (1966) et des assises de 1967 et 1969.

Présidence du Conseil d’expansion économique

Dès 1966, il devient président de Conseil d’expansion économique (CEE), poste qu’il occupe jusqu’à la dissolution de l’organisme en 1983. Le Conseil fondé en 1953 a pour but de regrouper les hommes d’affaires canadiens-français en vue de stimuler la participation des francophones à la vie financière, de faire la promotion de la prospérité économique considérée comme un outil d’épanouissement de la nation et de mettre en relief, auprès du public, les succès et les réalisations des francophones.

En tant que président du CEE, Rosaire Morin publie de nombreux articles dans la revue de l’organisme, La Prospérité, articles qui, grâce à une entente avec Québecor inc., sont aussi publiés dans le Journal de Montréal. Afin de faire la promotion des objectifs du CEE, il organise de nombreuses réunions, en particulier auprès des jeunes. À l’occasion du référendum du Québec de 1980, il se prononce en faveur du Oui.

Directeur de L’Action nationale

Après avoir écrit quelques articles pour L'Action nationale, Rosaire Morin en est le co-directeur de 1967 à 1970. En 1981, il en devient le directeur, poste qu'il abandonne l'année suivante mais qu'il reprend en 1989pour le conserver décès en 1999. Au cours de cette période, il publie plus de 200 articles. Dans ses articles, de nombreux thèmes sont récurrents, tels la pauvreté, l’exclusion sociale et la jeunesse. Il écrit aussi à propos de l’actualité politique, dénonçant le rapatriement unilatéral de la constitution ou encore la centralisation opérée par le gouvernement fédéral. La question économique l’intéresse toujours puisqu’il critique l’exode de l’épargne des Québécois vers des compagnies étrangères.

Prix et distinctions

Rosaire Morin a reçu la médaille Bene Merenti de Patria de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal en 1997 et a été fait chevalier de l’Ordre national du Québec en 1999. En octobre 2011, le prix Rosaire-Morin de L’Action nationale est remis pour la première fois à un militant qui, « par ses écrits et son action, a contribué de façon significative au développement de la conscience nationale » du Québec.

Publications

Réalités et perspectives économiques : faut-il confier à New York l’avenir des Canadiens français? (1966)

L’Immigration au Canada (1966)

Le statut particulier, une illusion : faut-il confier aux autres l’avenir des Canadiens français? (1967)

Demain que sera le Québec? : que puis-je faire pour le Québec? (1969)

Le gros bon sens : s’attaquer aux vrais problèmes du Québec (1981)

Le jugement dernier de la République du Québec (1998)