La mousse d’Irlande est un type d’algues, récoltée commercialement, au Canada, dans les Provinces maritimes. Elle se compose principalement de carraghénane, une substance gélatineuse. Le carraghénane extrait de la mousse d’Irlande est utilisé comme agent épaississant et gélifiant dans les aliments et dans d’autres produits, ainsi que pour clarifier certaines boissons, comme la bière.
« Chondrus crispus Stackhouse, 1797 » de Nuyttens, Filip est autorisée par CC BY-NC-SA 4.0.
Qu'est-ce que la mousse d'Irlande ?
La mousse d’Irlande est le nom commun de Chondrus crispus, une espèce d’algues rouges. Mastocarpus stellatus, une autre espèce d’algues rouges très proche, est connue sous le nom de « fausse mousse irlandaise ». C. crispus, la seule espèce du genre dans l’océan Atlantique, pousse principalement dans les régions côtières d’Amérique du Nord et d’Europe. Au Canada, elle est la plus abondante en Nouvelle‑Écosse et dans le bas du golfe du Saint‑Laurent. Il s’agit d’un végétal vivace, poussant sur la roche dans les régions de faibles marées et infralittorales, et se régénérant à partir des « crampons » en forme de disque par lesquels il s’attache à son substrat rocheux. Ses frondes ramifiées et en forme d’éventail mesurent jusqu’à 15 cm de haut et sont habituellement aplaties. Sa couleur varie (rouge foncé, violet, jaune‑vert), en fonction des conditions physiologiques. La mousse d’Irlande a un cycle de vie composé de deux phases distinctes (sexuée et asexuée).
Industrie de la mousse irlandaise au Canada
Après la Deuxième Guerre mondiale, on récolte et on exporte des quantités de plus en plus importantes de mousse d’Irlande, afin de répondre à la demande de carraghénane dans l’industrie de la transformation des aliments. Entre 1950 et 1970 environ, le Canada est le premier producteur mondial de mousse d’Irlande. Les quantités récoltées culminent en 1974, lorsque l’on ramène à terre, dans les Provinces maritimes, quelque 50 000 t de ces algues.
Cependant, la demande diminue à la fin du 20e siècle, d’autres espèces d’algues rouges, récoltées ailleurs dans le monde, ayant tendance à remplacer la mousse d’Irlande, comme source de carraghénane. Les récoltes de mousse d’Irlande au Canada ne représentent plus, aujourd’hui, qu’une fraction des quantités d’origine.
Comment la mousse d’Irlande est‑elle récoltée?
Les pêcheurs utilisent des râteaux pour ramasser la mousse d’Irlande. Une méthode consiste à se tenir dans un petit bateau, dans des eaux peu profondes, et à utiliser un râteau à main (un peu comme un râteau de jardin) pour détacher les algues des roches. On peut aussi procéder en utilisant un râteau traînant, beaucoup plus lourd, remorqué par un bateau. La mousse d’Irlande est également récoltée sur le rivage, où elle s’échoue pendant les tempêtes. Les habitants de l’Île‑du‑Prince‑Édouard sont les premiers à utiliser des râteaux tirés par des chevaux pour récolter la mousse d’Irlande rejetée après une tempête.
À l’apogée de l’industrie canadienne de la mousse irlandaise, des inquiétudes quant aux effets négatifs du ratissage débouchent sur l’amélioration des outils et sur de nouvelles règles. Les organismes de réglementation définissent, par exemple, un espacement minimal entre les dents des râteaux à main. Cette règle permet de réduire le nombre de jeunes plants ramassés par les râteaux, qui, une fois arrivés à maturité, permettent aux pêcheurs de réaliser des récoltes plus importantes. Les chercheurs améliorent la conception des râteaux de traînée, en vue de diminuer le nombre de homards tués et de crampons déracinés. Ces changements contribuent au maintien des stocks de homards et de mousse d’Irlande.