Alastair Stewart avait 18 ans en 1943 lorsqu’il a voulu s’enrôler. Comme il portait des lunettes, la seule option qui s’offrait à lui était la marine, dans laquelle, par coïncidence, ses trois frères s’étaient également enrôlés. Après une instruction sur l’itinéraire triangulaire entre Halifax, St. John’s et New York, il a travaillé sur les communications en morse avec la terre ferme et l’interception des signaux de sous-marins allemands.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
J’ai grandi dans une petite ville de la Saskatchewan appelée Melfort. Dans une famille de quatre garçons. J’avais deux frères ainés et un frère cadet. Curieusement, nous avons tous rejoint la marine pendant la Deuxième Guerre mondiale et aucun d’entre nous n’avait vu la mer au moment où nous nous sommes enrôlés. Mon frère ainé était à bord du [NCSM] Weyburn*. Le Weyburn a été coulé en Méditerranée. Il a dû quitter le navire juste avant le départ d’Halifax pour rentrer à la maison et s’occuper de l’entreprise de mon père, qui était handicapé. Mon autre frère était signaleur. Il a été à bord de deux frégates de haute mer. Je suis arrivé à l’automne 1943. En fait, j’avais été renvoyé de l’école secondaire et je suis allé à Saskatoon pour m’enrôler dans la marine. On m’a dit que je n’avais pas l’âge requis et que j’étais trop léger. J’ai donc attendu environ trois mois pour me faire dire après coup que mon poids n’était toujours pas assez élevé. Je venais tout juste d’avoir 18 ans et je donc suis allé à la base locale de Saskatoon, puis sur le [NCSM] Chippawa** à Winnipeg et le [NCSM] Cornwallis***. J’ai fait mon camp d’entrainement de base sur le Cornwallis.
Comme je portais des lunettes, je savais que si je voulais être dans le feu de l’action, ma seule option serait la marine, les lunettes étant permises sur les bateaux. L’aviation était hors de portée pour moi et j’aurais eu beaucoup d’ennuis dans les opérations de l’armée de terre. C’était la marine ou rien, et mes deux frères ainés ont probablement eu une grande influence à cet égard.
Je n’ai pas eu de contribution héroïque ou noble à la guerre. C’était plus une aventure. Larguer des grenades sous-marines**** sur les sous-marins est très impersonnel. On ne voit pas l’ennemi. On sait qu’il est là, mais on ne le voit pas. Ce n’est pas comme le soldat, le fantassin, qui appuie sur la gâchette pour tuer quelqu’un. Les choses sont plus impersonnelles dans la marine. Ce serait bien différent si nous avions eu à monter à bord d’un sous-marin, je suppose.
* Le NCSM Weyburn était un navire d’escorte qui a servi pendant la bataille de l’Atlantique. Le Weyburn a été coulé par une mine magnétique allemande le 22 février 1943.
** Le NCSM Chippawa était un bâtiment de la Marine royale du Canada situé à Winnipeg. Il est aujourd’hui une division de la Réserve navale.
*** Le NCSM Cornwallis était une base d’entrainement naval établie pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’était la plus grande base d’entrainement naval du Commonwealth.
**** Les grenades sous-marines sont des armes visant les sous-marins qui peuvent être déclenchées dans l’eau à côté ou à proximité des sous-marins immergés.