Project Mémoire

Albert Barris (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Albert Barris a servi dans l'école d'entraînement de l'Aviation royale canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Lisez et écoutez le témoignage d'Albert Barris ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Albert Barris
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Alors c’était la bagarre pour savoir qui de l’instructeur ou des recrues allait gagner. Bon, évidemment, c’est toujours l’instructeur qui gagne.

Transcription

Quand je suis arrivé pour la formation (d’instructeurs pour l’entraînement physique) à (la base de) Trenton, tout le monde était un athlète de haut niveau, boxeurs, joueurs de hockey, gymnastes, joueurs de football. On avait toutes sortes de gens, des athlètes professionnels, ils suivaient tous la formation, 60 personnes environ dans ma formation, le tout divisé en deux escadrilles, Escadrille A et B à Trenton. C’était une formation de dix semaines. Pendant la formation, on avait, nos trois principaux instructeurs étaient trois sergents ; et ils étaient très stricts parce que, quand j’y repense maintenant, je sais qu’ils nous préparaient à devenir instructeurs. Alors ils étaient très, très stricts du moment où on sortait du lit et qu’on se lavait et qu’on nettoyait la caserne, et être à l’heure et il fallait que nos lits soient faits, et la caserne devait être impeccable. Tout était impeccable parce que plus tard on allait avoir à vérifier les autres. Oh, pendant la période où j’étais en garnison à l’école d’entraînement de base N°6 à (la base de Downview) Toronto. On a eu un rencontre d’athlétisme pour les jeunes recrues ; et c’était une journée d’été particulièrement chaude. Et pendant le, j’étais dans l’état-major, faisais tout ce qui était nécessaire, consigner les gagnants et les perdants, etc. Organiser les lignes de départ. L’état-major n’avait pas gagné un seul point. Les jeunes recrues remportaient tout ; recrue Escadrille A, recrue Escadrille B, pilote stagiaire C, ils prenaient tous les points. Et, bien sûr, les recrues étaient tous des futurs membres d’équipage, jeunes, ils avaient tous dans les 17,18, 19, 20 ans et quelques uns plus âgés qui se réorientaient en passant de l’armée de terre à l’armée de l’air, ou de postes dans les métiers de l’aviation à membres d’équipage. Alors ils étaient tous au top, toutes ces jeunes recrues, parce qu’ils voulaient tous être pilotes. Et la fin de la rencontre approchait et l’état major n’avait toujours pas remporté un seul point. Alors j’ai décidé de faire la course du 1,6 km. Tout l’après-midi j’avais siroté du coca cola. J’avais même mangé une glace en cornet ; et j’ai couru les 1,6 km, je courais vraiment, disons que j’ai couru avec mes tripes. J’ai fini sixième, je n’ai pas remporté de point, mais mon ami, Annis Stukus, qui écrivait dans le Star à l’époque et avec qui j’avais joué au foot avant ça, il s’est occupé de moi et j’étais sur un brancard ; et j’avais l’estomac complètement retourné. Je ne sais pas si j’ai rendu (vomir) ou pas, mais je pense que j’ai rendu un petit peu. Alors je lui ai dit, bon sang, j’ai l’impression que je vais mourir ; et puis j’ai dit, pire que ça, je ne vais pas mourir je vais encore souffrir. (rire) Mais, en tout cas, ça a pris 15, 20 minutes, une demi heure avant que tout rentre dans l’ordre. Pendant mon service, j’ai dirigé l’équipe de baseball et je jouais dans l’équipe en même temps. Je me suis occupé de l’équipe de basket de la base et je jouais dans l’équipe en même temps. J’ai aidé avec l’équipe de hockey, mais je n’étais pas très bon en hockey, mais j’ai fait un peu de patin avec l’équipe, l’équipe de notre base. On appartenait à une ligue où il y avait l’armée de l’air, le corps d’armée des dentistes, l’armée de terre et la marine. On avait 44 équipes dans la ligue, et il y avait de très bons athlètes dans toutes les équipes, d’excellents athlètes. À Trenton, je faisais la formation d’instructeur d’entraînement physique. Et je crois que je vous ai déjà dit que tout devait être parfait. Ils nous faisaient faire des exercices et ils nous entrainaient à être parfaits dans tout ce qu’on faisait. Or, c’était notre tour de faire descendre le drapeau, tous les soirs on descendait le drapeau avec un petit défilé, disons ça comme ça. Alors à Trenton, c’était une école composite, alors ils formaient des instructeurs, des pompiers et des agents chargés de la discipline tous en même temps. Ils avaient peut-être bien cinq ou six programmes de formation différents qui marchaient en même temps. Donc c’était notre tour, les instructeurs de l’entraînement physique, de faire descendre le drapeau et les ordres qu’on suivait à 8 heures du soir, quand on allait faire descendre le drapeau, de suivre la parade formée devant la caserne et il a commencé à pleuvoir. Il tombait des cordes, et le sergent a hurlé pour avoir le marqueur, c’est le premier qui sortait, puis tout le monde a formé les rangs à sa suite. Et il tombait des cordes. Alors tout le monde sautait plus ou moins d’un pied sur l’autre. Ce n’était pas confortable ; vous ne pouviez pas rester en place et il a commencé à nous crier dessus. Le sergent nous en a vraiment fait voir de toutes les couleurs, et a vraiment réussi à nous dégourdir un petit peu. Alors pendant qu’on marchait au pas, il y avait une flaque devant vous, vous passiez sur le côté. Alors ça a rendu le sergent furieux ; et il a dit, on ne passe pas sur le côté et on ne saute pas par dessus ni en dessous, vous marchez au pas régulièrement et vous posez le pied là où il atterrit. Alors il nous a fait faire des allées et venues, et des haltes. Chaque fois qu’il y avait une halte, on marquait la pose. Or, on a commencé à s’entêter contre le sergent. Alors quand il nous faisait arrêter, on faisait gicler la boue en frappant nos pieds de plus en plus fort, et dans les flaques, et maintenant les choses, chaque fois qu’il hurlait halte, il y avait une grande éclaboussure. Il n’aimait pas ça, alors il nous faisait arrêter plus souvent. Alors c’était la bagarre pour savoir qui de l’instructeur ou des recrues allait gagner. Bon, évidemment, c’est toujours l’instructeur qui gagne.