Albert Field a servi dans l’armée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Voici son témoignage.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Dans la fourgonnette, ou le camion plutôt, nous étions une dizaine à tenter de franchir cette colline pour remplir un cratère de bombe, bombe qui avait emporté une partie de la route. Je suppose qu’on voulait s’en servir pour danser! Quoi qu’il en soit, nous avons franchi la colline et nous avons commencé à essayer de remplir le trou le plus possible, mais nous étions directement à la vue des Allemands. Ils ont commencé à nous tirer dessus. Bien sûr, nous avons tous baissé les bras et nous nous sommes couverts autant que possible, et le sergent a crié au conducteur, qui n’a pas voulu se relever. J’avais déjà conduit un camion, alors j’ai sauté, je suis monté dans la cabine et j’ai conduit le véhicule sous le couvert des arbres sur une centaine de mètres. J’ai voulu sortir, mais le sergent m’a dit de retourner là où nous étions. C’est ce que j’ai fait. Quand je suis revenu, le sergent était là, il m’a appelé et m’a dit que l’officier voulait me voir. J’y suis allé et le sergent m’a expliqué qu’il voulait proposer qu’on me décerne une médaille. Ce n’est cependant jamais arrivé. Je suis de Nouvelle-Écosse et je suppose qu’on préférait décerner la médaille à quelqu’un de l’Ontario vu que le régiment était ontarien. L’une des autres choses qui me décourageaient dans la guerre, c’est que nous avancions et que les Allemands se trouvaient de l’autre côté d’un champ où il y avait des vaches et des chevaux. Ils nous tiraient dessus et nous leur tirions dessus, et les pauvres animaux couraient dans tous les sens et finissaient par être tués. Ce fut une grande déception pour moi. Je ne vois pas d’ennui à ce que nos propres hommes reçoivent des balles, c’est quelque chose de prévisible. Une autre fois, nous étions dans les bois et ils ont commencé à tirer sur les arbres là où nous étions. Moi et un autre homme, Joe Horning, rampions en quelque sorte sous la chenillette porte-Bren et l’un des obus est arrivé et a déplacé la chenillette sur environ un pied. Ils ont ensuite cessé de tirer. Joe savait parler allemand, c’était un bon gars à avoir à ses côtés parce qu’il pouvait parler aux Allemands que nous capturions. Il est sorti de là et a dit qu’il semblait avoir été blessé. Il avait quatre blessures causées par des éclats d’obus. De mon côté, je n’avais rien. Je ne revenais pas de ma chance! Il a dû aller en Angleterre et je ne l’ai pas revu après, il a dû être renvoyé chez lui. Peu après la mort du sergent et alors que je dirigeais la troupe, l’officier m’a convoqué. Il m’a annoncé que j’allais en congé de bataille. C’est un congé de 10 jours en Angleterre qu’on reçoit après avoir passé beaucoup de temps sur le front. J’ai répondu que j’allais rester, mais il a rétorqué que je devais partir. J’ai dit que je voulais rester parce que si mes hommes étaient tous morts à mon retour, j’allais m’en vouloir. Il a répondu qu’il voulait que je parte parce qu’ils allaient s’en aller deux ou trois semaines et que je n’allais pas pouvoir les accompagner de toute façon. Il a ajouté être certain de ce qu’il disait. J’ai avoué avoir envie d’aller en congé et j’ai dit que c’est ce que j’allais faire. Mais je voulais savoir s’il me disait la vérité. Il a répondu que tout allait bien aller. Je suis donc parti en congé et quand je suis revenu, ils étaient partis. Je suis content d’être allé en congé parce que mes hommes étaient de retour en entraînement de base, et c’était fini quand je suis revenu.