Project Mémoire

Albert James « Jim » McCall (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Albert James « Jim » McCall a été opérateur de sous-marins pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lisez et écoutez le témoignage d’Albert McCall ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Des marins canadiens manipulent une mitrailleuse antiaérienne de calibre 2 livres à bord d'un navire non identifié de la classe River de la Marine Royale du Canada au moment d'escorter un convoi en haute mer (1940).
"Faces of War", Library and Archives Canada. http://www.collectionscanada.gc.ca/databases/faces/001048-119.01-e.php?&mikan_nbr=3566993&&PHPSESSID=g9pj346e7ok84uo81i8r6o17v4

Transcription

Lorsque j’ai terminé la formation militaire de base à Winnipeg, nous sommes allés au NCSM Naden où j’ai suivi un cours de lutte anti-sous-marine de l’ASDIC [Anti-Submarine Detection and Investigation Committee]. Au terme de cette formation, j’ai été déployé directement sur la côte est. Je venais à peine d’arriver sur la côte est qu’on me retournait à Montréal pour prendre la corvette [navire d’escorte légèrement armé], le NCSM Dundas, aux dernières étapes de sa remise en état. Une fois la corvette remise en état, nous nous sommes exercés à nos manœuvres militaires dans la baie St. Margaret’s [Nouvelle-Écosse] pour ensuite entreprendre la traversée du triangle, à savoir New York, Boston, Halifax ou ailleurs, l’un de ces endroits. Une traversée terre-neuvienne. On y montait et on traversait. Les navires sortaient, les navires escortes partaient de Terre-Neuve, prenaient notre convoi, nous reprenions le convoi vide et nous l’emmenions à New York ou à Boston, ou ailleurs. Nous avons poursuivi ces opérations pendant un certain temps, pendant plus d’un an, je dirais. Et puis nous avons fini par recevoir un appel pour un bris de câble d’un navire en réparation. Il était en cours de réparation et le câble a cédé. Nous avons dû l’orbiter pendant un certain temps, je ne me souviens plus très bien, pendant 10 jours ou plus ou moins. Mais nous l’avons orbité, encore et encore. Un chalutier britannique devait venir prendre la relève. Il est venu, a pris connaissance de la situation, mais il est reparti. Je suppose qu’il n’aimait pas l’idée de jouer le rôle du canard assis. Donc au terme de cette opération, la nourriture commençait à manquer, alors nous sommes sortis pour joindre un convoi. Nous avons utilisé un bateau de mer, pas comme ceux d’aujourd’hui, ceux équipés de moteurs, mais un simple bateau à propulsion humaine. Et les vagues étaient immenses. Nous l’avons rejoint, et nous avons obtenu des pommes de terre et de la viande. Puis nous avons repris notre bonne vieille traversée du triangle pour des travaux de réparation en 1944. Nous sommes revenus à la maison. L’un de mes amis s’est marié, et j’étais son garçon d’honneur; et lors d’un congé du Pacifique, je suis rentré chez moi, je me suis marié et il était mon garçon d’honneur. Et maintenant, je suis marié depuis 65 ans. Nous étions deux pour chaque quart. L’un exécutait les manœuvres, vous savez, pour l’enregistreur, et l’autre apportait les rajustements. Même si j’étais si jeune, j’étais l’opérateur principal des branle-bas de combat à bord du Dundas. Un jour, nous revenions avec ces navires vides, et nous n’étions pas très loin d’Halifax lorsque j’ai détecté une impulsion. Nous l’avons suivie pendant, je dirais, une heure, ou plus d’une heure. Nous avons largué toutes les grenades sous-marines que nous avions à bord de la corvette et les seules choses qui remontaient étaient des déchets. C’est ce que faisaient tout le temps les Allemands, pour vous donner envie d’abandonner. Mais nous avions épuisé toutes nos ressources, et le sous-marin avait disparu. On ne détectait plus aucune impulsion ou quoi que ce soit. Quand nous sommes revenus à Halifax, tout le monde attendait sur la jetée, espérant que nous sortions un sous-marin, ou du moins quelque chose. Mais nous n’avions rien. Nous avons tout de même obtenu la reconnaissance d’un probable [la destruction probable d’un navire ennemi]. Ils vous donnent un probable si vous ne capturez pas de survivants ou le sous-marin lui-même. Nous n’avons pas perdu de navire. Nous n’avons jamais perdu un navire.