Project Mémoire

Albert Lalonde (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Albert Lalonde a servi dans l'armée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lisez et écoutez le témoignage d'Albert Lalonde ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Albert Lalonde
Albert Lalonde
Shoulder flash for regiment de la chaudière.
Albert Lalonde
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Albert Lalonde
Albert Lalonde
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Albert Lalonde avec des fantassins du régiment de la chaudière, sur un canon automoteur, lors de l'avance ver Elbeuf, France, summer of 1944. Il est dans la rangée du haut, encerclé au stylo.
Albert Lalonde
Quand on dit que ça a été la dernière grande guerre, ce n’est pas vrai. Moi je ne crois pas ça. Il y a toujours eu des guerres et il y en aura toujours.

Transcription

Ma famille était une grosse famille, on était trois frères dans l’armée. Mon frère Fred qui était dans la marine dans la mer du Nord. Mon frère Maurice qui était dans l’infanterie avec le Régiment de Maisonneuve. Moi j’étais avec le Régiment de la Chaudière. Il y a eu le fameux Débarquement. Lors du Débarquement on était dans la 3e Division [d’infanterie canadienne]. On était réservistes [de] la brigade numéro [8]. On a débarqué à Bernières-sur-Mer, mais on n’a pas attaqué tout de suite. Dans la brigade que j’étais c’était le North Shore [New Brunswick Regiment] et l’autre je ne m’en rappelle pas [les Queen’s Own Rifles of Canada]. Ils attaquaient deux petits villages de chaque côté. Nous étions commandos. Après la prise de ces villages, nous passions au travers d’eux pour aller s’emparer de Carpiquet. C’est là qu’il y a eu la grosse guerre. On s’est battu en masse là. Il y a eu plusieurs morts, plusieurs blessés aussi. À partir de Bernières-sur-Mer, allés à Carpiquet c’est la bataille. Ça ne lâche pas. Vous ne prenez pas un pouce de terrain sans vous battre. C’est garanti. C’est une bataille d’un bout à l’autre. C’est là qu’on a perdu le trois quarts du régiment, les types se sont fait tuer ou blesser entre Bernières et Carpiquet. On a perdu tout notre régiment là. À un moment donné dans le bout de La Marne, il y avait un gros château. J’ai pris un prisonnier allemand, un homme assez gros et grand. Il me montrait les portraits de sa famille, de ses enfants, de son épouse. À un moment donné je me suis reviré la tête pour parler à d’autres de mes gars. Il a mis la main sur la clôture, vous comprenez qu’il a déguerpi. Il s’est fait mal parce que mes gars l’ont vu faire. Il n’était pas rendu à 50 pieds qu’il a reçu une balle dans le dos. Il est mort là. C’est de valeur, car en l’envoyant en Angleterre il aurait revu sa famille et ses enfants. Une mauvaise pensée de s’esquiver, il s’est fait tuer. C’est assez difficile de raconter ça parce que généralement quand je la raconte celle-là, j’ai de la misère. Après ça ils nous ont envoyé à Falaise. À Falaise c’était les Allemands qui étaient pris en souricière. Il fallait fermer l’encerclement. Ça sentait la merde. Des humains, des Allemands qui étaient morts, des chevaux, des vaches, des cochons, tout ça trainait dans la rue. C’était terrible. Ce n’était pas respirable. Mais il fallait le faire quand même. C’était une méchante place ça, Falaise. J’ai été subir des examens dernièrement. Ça, c’est la grosse affaire qui m’a affecté, la senteur qu’il y avait. A Nimègue [Pays-Bas] on a été faire à peu près deux mois, à Nimègue en plein hiver à coucher dans des tranchées. On faisait des randonnées pour essayer de s’emparer des Allemands en prisonnier. On a passé notre temps à faire ça. En débarquant à Bernières on se lavait, mais il n’y avait pas d’eau. Quasiment un mois et demi sans douche. Dans le bout d’Elboeuf, ils ont installé des douches pour l’armée. On passait là. On prenait une bonne douche et puis ils nous donnaient du linge propre. On avait le même linge sur le dos depuis un mois et demi alors on ne sentait pas trop bon. Le retour s’est fait à Montréal. On est arrivé à Halifax et ils nous ont embarqués tout de suite sur un train. Le train s’en venait direct à Montréal. Là, on a été reçu. Il y avait du monde. Mes parents étaient là. Mon père, mes frères, mes sœurs. Tout le monde était là. C’était une belle journée. C’était très beau. Une belle journée qu’on va se rappeler longtemps. La paix il n’y en aura jamais. C’est bien simple. On est toujours porté à se battre l’un contre l’autre. On est chez nous et on se bat contre son voisin. Imaginez-vous entre peuples. Quand on dit que ça a été la dernière grande guerre, ce n’est pas vrai. Moi je ne crois pas ça. Il y a toujours eu des guerres et il y en aura toujours. Le monde aime ça être en guerre.