Albert Richard « Sandy » Sanderson a servi dans l'aviation canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lisez et écoutez le témoignage d'Albert Sanderson ci-dessous.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je suis entré dans la force aérienne – ou plutôt, j’ai essayé d’entrer dans la force aérienne – en 1940, mais ils acceptaient seulement des diplômés d’université ou des étudiants pas mal avancés dans leurs études. Ils ne m’ont pas accepté avant janvier 1941, et ils m’ont enrôlé le 20 juin 1941.
Eh bien, après mon entraînement à Brandon, au Manitoba, et avoir été de garde à Calgary, je suis entré à l’école préparatoire d’aviation, à Edmonton, puis à High River, en Alberta, pour recevoir l’entraînement élémentaire sur le Tiger Moth, un avion d’entraînement. Après ça, je suis retourné à Brandon, où j’ai commencé le service actif sur des Cessna Crane, puis je suis passé presque tout de suite outre-mer.
J’ai été affecté à une unité de feu d’assaut. Là, j’ai piloté des Oxford et, après ça, j’ai joint ma première unité d’entraînement opérationnel. Eh bien, j’ai commencé, pour une courte période, avec le 6e Groupe; on pilotait des Wellington. J’ouvre une parenthèse peut-être pas pertinente… ils se sont rendu compte que je n’avais pas les jambes tout à fait assez longues pour contrôler l’avion avec un seul moteur. Alors, ils ont fait quelque chose d’inhabituel. Le commandant m’a donné trois choix. Je pouvais revenir au Canada et être instructeur, je pouvais rester en Angleterre comme instructeur ou faire n’importe quel travail que je voulais. Alors, je leur ai dit : « Donnez-moi des chasseurs bombardiers. » Alors, j’ai perdu mes camarades; ils sont restés avec le 424e Escadron. Mais ils m’ont renvoyé à une unité d’entraînement opérationnel, et j’ai reçu un entraînement sur des avions plus légers, de moyenne taille, des Boston et des Mosquito.
Nos appareils avaient de la vitesse et ils étaient faciles à manœuvrer. Personne ne s’obstinait quand on avait quatre mitrailleuses, quatre canons et une charge de bombes. Deux d’entre nous ont été envoyés… bien… on devait être six ou huit au total, mais on était les deux avions leaders pour le bombardement d’une gare de triage. Et, ici, je tiens à dire ce qui est la vérité, pour autant que je me souvienne. Le gars avec qui j’étais, qui était plus haut gradé que moi… avec qui j’étais supposé voler en formation non serrée, a pris une tangente. Je ne sais pas s’il avait des problèmes ou pas, je n’en ai jamais discuté avec lui après. Mais il s’est écarté du plan de vol et, comme mon navigateur disait, si on le suivait, on n’atteindrait jamais la cible. Alors, on a gardé le cap, et quand on s’est approché de la cible – on était à environ 1 500 pieds d’altitude à ce moment là – ils ont ouvert le tir sur nous avec plein d’obus traçants et avec des batteries antiaériennes. Ça faisait peur, je l’avoue. On pouvait être touchés à tout moment.
J’ai ouvert le feu avec les quatre mitrailleuses et les quatre canons et j’ai fait bouger le nez de l’avion, et les tirs ont cessé. Je n’ai pas vu d’autres obus traçants ni rien d’autre nous menacer. Mais je pense qu’ils nous ont touchés, parce que nous avons eu une défaillance du système hydraulique. Et j’ai lâché deux bombes, et seulement deux ou trois en tout ont touché la cible pour une raison ou une autre. Il y avait des nuages, mais il [un autre membre de l’équipage] a dit que deux bombes avaient atteint directement les bâtiments principaux.
Je n’ai pas réussi à larguer ou à décrocher mes deux bombes accrochées aux ailes. Nous sommes revenus avec ces deux bombes là, et mon navigateur a pompé pour faire sortir le train d’atterrissage et ensuite il a pompé pour faire baisser les volets. Mais nous avons atterri très, très doucement. C’est une autre mission à laquelle nous avons survécu.