« On m’a envoyé vérifier les lignes de communication. Les obus de toutes tailles qui s’abattaient autour de moi en guise de couverture produisaient un son angoissant et inquiétant, mais réconfortant. »
Voici l’intégralité du témoignage de M. Esdon.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je m’appelle Alexander McGregor Esdon. Je suis arrivé dans l’armée avant même l’âge de 20 ans. Je me suis enrôlé dans l’Armée canadienne à Kingston. J’ai suivi l’instruction de base dans ma ville natale de Cornwall, l’instruction de conduite au camp Borden, Ontario, et l’instruction des troupes de soutien à Aldershot, Nouvelle-Écosse, où j’ai découvert la mitrailleuse Vickers, le PIAT (lance-bombes anti-chars d’infanterie) et le canon antiaérien de 20 millimètres.
J’ai été déployé à l’étranger. J’ai atterri juste à côté de Glasgow, puis j’ai été transporté à Ilkley dans le Yorkshire. Nous avons eu une courte période d’entraînement là-bas, puis nous avons pris la direction du sud de l’Angleterre, à l’approche du jour J. J’ai été envoyé en renfort à la 22e Batterie de campagne de la 3e Division du Canada. Quelques semaines seulement après mon arrivée dans l’unité […]. Point intéressant, j’ai suivi le programme d’instruction de conduite à Aldershot en Angleterre, mais quand je suis arrivé à l’unité, j’ai dû remplacer un opérateur de central téléphonique. Il a fallu que j’apprenne sur le tas, en quelque sorte. C’est assez différent de toutes les instructions que j’avais suivies auparavant. Mais tout s’est bien passé.
Au cours des derniers mois, nous confortions beaucoup nos positions dans les zones qui avaient été inondées soit par les bombardements, soit par un acte délibéré de l’armée allemande qui voulait se protéger. Je pense que la fois où j’ai été le plus décontenancé, c’est pendant une patrouille au cours de laquelle je devais entre autres dégager les lignes. La 3e Division a alors lancé un barrage d’artillerie, du canon antiaérien léger au canon lourd transporté par train, afin de désorganiser et de démanteler les forces allemandes sur le Rhin. On m’a envoyé vérifier les lignes de communication. Les obus de toutes tailles qui s’abattaient autour de moi en guise de couverture produisaient un son angoissant et inquiétant, mais réconfortant. S’il y avait des deux, c’est que la manœuvre avait les résultats escomptés. L’ennemi a abandonné à contrecœur ses positions et nous avons traversé à partir de là et continué jusqu’à la partie nord-ouest des Pays-Bas.
Je peine à bien me souvenir d’un grand nombre de situations. Ma contribution a été infime. J’étais au sein d’une force qui a été loyale jusqu’au bout. Nous nous sommes fait des amis aux Pays-Bas et dans les environs, des amitiés qui sont toujours restées.
Est-ce que j’ai des nœuds dans la gorge le jour du Souvenir? Oui. Est-ce que je dois essuyer des larmes d’émotion? Oui. Est-ce que j’aime la guerre? Non. Est-elle parfois nécessaire? Oui. Suis-je d’avis que chacun d’entre vous peut contribuer à faire de ce monde un endroit meilleur et pacifique? Oui. Je vous invite à vivre en bon citoyen, à être un bon voisin et un bon ami. Je n’ai pas grand-chose à ajouter.