Alfred Hurley a été agent de radar dans la Marine canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Voici son témoignage.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je m’appelle Al Hurley. Je me suis enrôlé dans la Marine canadienne en avril 1940 et j’ai été agent de radar pendant cinq ans et demi. Les deux premières années étaient dans la Royal Navy et les trois dernières années, dans son équivalent canadien. La plupart du temps, j’étais un peu à l’avant-garde si je puis dire, car les Canadiens ont été les premiers à utiliser des radars en mer dans la marine britannique. Ils ont été recrutés dans les universités canadiennes très tôt après le déclenchement de la guerre en 1939. La partie la plus intéressante a probablement été notre contribution à l’affaire Bismarck. Très, très brièvement, ce navire, le plus grand et le plus rapide des cuirassés du monde, était envoyé pour tirer sur les convois de nourriture, de matériel et d’armement qui entraient en Grande-Bretagne. Il était très important que ces convois arrivent en 1940-1941, avant que les Allemands ne disposent d’une énorme flotte de sous-marins. On faisait appel à des navires d’attaque de surface pour perturber les itinéraires des convois. Pendant ce temps, l’amirauté a positionné des navires pour tenter de capturer le Bismarck ou l’attaquer à sa position. Notre force, composée du Renown et du porte-avions Ark Royal, et nous-mêmes devions constituer la dernière barrière qu’il aurait eu à franchir s’il était en direction de Brest. Quoi qu’il en soit, un avion long-courrier l’a repéré et le Bismarck s’est dirigé, comme prévu, vers Brest et directement où nous avions le mandat de patrouiller. Nous l’avons aperçu et avons signalé sa position. Nous étions très proches du Bismarck et nous l’avons pris en filature. Cinquante bombardiers torpilleurs ont décollé et sont partis aux trousses du navire dans l’Atlantique […]. J’étais sur la passerelle et j’ai entendu l’officier de quart dire que l’avion d’attaque arrivait de l’Ark Royal. Puis, il a changé de ton en se rendant compte qu’il nous attaquait. Comme il arrive parfois en temps de guerre, nos alliés ne nous ont pas reconnus et nous ont lancé des torpilles. Notre capitaine était un grand marin et il les a toutes évitées. Il a fait le point sur la situation à l’Ark Royal et les gars ont dû retourner se réapprovisionner en torpilles. Ils ont cette fois reçu l’ordre de repérer le Sheffield et d’attaquer ensuite le Bismarck, ce qu’ils ont fait.