Alfred Mountenay a servi dans le Hastings and Prince Edward Regiment pendant la Deuxième Guerre mondiale. Au cours de la bataille d’Assoro (20 juillet 1943), il a escaladé, avec un petit groupe (dont l’écrivain Farley Mowat), les falaises d’Assoro, Italie, pour s’emparer de l’imposant bastion défensif allemand.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
J’étais dans le Hastings and Prince Edward Regiment de la 1re Division [d’infanterie] du Canada.
Notre colonel était mort et le commandant en second était gravement blessé*, mais il a réussi à retourner au quartier général de la brigade. Ensuite, notre commandant en second, un jeune homme du nom de John Tweedsmuir**, a pris la relève. Il a été capitaine, puis major***. Il [le brigadier Howard Graham] a prié John de ne pas aller au front. Il lui a plutôt conseillé de gravir la montagne et de descendre la route. L’autre option était en fait du suicide. John est donc allé en reconnaissance. Il a décidé que, pour avancer vers la ville, nous ferions un mouvement de flanc vers la droite. Il [le major Alex Campbell] a demandé des volontaires et environ 60 ou 80 d’entre nous se sont proposés.^
Il a décidé que nous ferions un mouvement de flanc vers la droite et que nous contournerions la ville comme eux dans la montagne et nous sommes donc partis pour toute la nuit. Nous sommes arrivés au pied de la montagne et il y avait un grand ravin.
Nous avons donc dû descendre et traverser cette zone, puis il nous a dit de grimper la falaise devant nous. Nous avons donc commencé à grimper. Nous avons réussi à atteindre le sommet, juste au moment où l’aube se levait. Il fallait éviter le bruit pour que les Allemands ne sachent pas que nous étions là, sinon nous ne nous en serions jamais sortis.
L’un des officiers qui étaient avec nous avait été instruit dans l’artillerie auparavant et il a transporté une grosse radio là-haut. Je ne sais pas comment ça a été possible, mais c’est ainsi que c’est arrivé. Au sommet de la montagne, il y avait ce grand télescope sophistiqué des Allemands, car on voyait toute la campagne de cet endroit, comme partout en hauteur.
Il a donc capté des signaux avec la radio, ou le télescope, il a repéré l’artillerie allemande, il a envoyé un message radio à notre artillerie et ils ont ouvert le feu. Ça n’a pas duré très longtemps, ils ont anéanti l’artillerie allemande. Puis les combats ont cessé. Les Allemands ont alors décidé de battre en retraite.
Aujourd’hui encore, je ne sais pas comment nous avons fait. Tout le monde qui était avec nous pendant l’opération n’en revenait pas de ce que nous avions accompli. Nous y sommes allés à tâtons. C’était après tout au milieu d’une nuit noire. On ne voyait rien, c’était la seule option. Je ne sais toujours pas comment nous avons fait, mais nous y sommes parvenus.
J’ai eu de la chance, je suppose. La seule chose qui m’a attaqué a été un moustique.
Nous étions tous des gens de la ville et de la campagne. Tous nos gars venaient de la campagne ontarienne (comtés de Hastings et de Northumberland, notamment). Tout le monde avait une ferme là-bas.
* La personne blessée était en fait l’officier de renseignement.
** John Buchan, 2e baron Tweedsmuir.
*** Probablement une référence au major Alex Campbell qui a mené l’attaque sur les falaises d’Assoro.
^ Pour escalader les falaises et occuper la colline où se trouvait Assoro.