Alfred William « Wild Bill » Ellner a servi dans le Corps des transmissions royal du Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale. Voici son témoignage.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
J’ai commencé au sein du corps des transmissions [Corps des transmissions royal du Canada] parce que j’avais beaucoup d’expérience, notamment trois ans avec CP Telegraph [Canadian Pacific Railway Telegraph]. J’étais donc passablement prêt. Je suis allé à Niagara-on-the-Lake [Ontario] pour mon instruction pendant deux ans. C’est là que le Corps avait son quartier général. J’avais l’impression de rêver. J’ai tout de suite pensé que ça ne devait pas marcher ainsi dans l’armée. Toutes les fins de semaine, nous pouvions aller à Ottawa [Ontario] en train. Quand j’étais là-bas, les jeunes filles organisaient des soirées dansantes tous les samedis soirs et une fille m’a invité à aller danser. Une deuxième m’a alors demandé si je savais avec qui je dansais. J’ai répondu dans la négative, ajoutant que je connaissais quand même son nom, Mary Ellen Batton. Elle m’a répondu que Mary Ellen Batton était Miss Canada. Nous sommes donc devenus amis et nous nous retrouvions tous les samedis soirs. Une bonne fois, elle m’a dit que nous n’irions pas danser, car sa mère lui avait demandé de m’inviter à la maison pour un souper avec ses parents. J’y suis allé, mais à mon retour à la caserne, le sergent m’a annoncé que j’avais deux heures pour plier bagage parce que nous nous en allions. Je ne l’ai donc plus jamais revue.
J’étais là au jour J [débarquement des forces alliées en Normandie, France, le 6 juin 1944], nous étions dans des chars d’assaut et nous nous sommes retrouvés à un kilomètre de notre destination complètement embourbés pendant une journée, probablement presque deux jours. Nous étions sur les rochers, nous ne savions pas si les Allemands allaient venir nous mitrailler [par des avions volant à basse altitude], nous ignorions ce qui nous attendait. Nous ne voyions pas grand-chose, car nous étions seuls. Nous nous en sommes bien sortis, nous avons rejoint notre unité quelque temps après, peut-être trois ou quatre jours.
Aucune raison n’était assez bonne de s’arrêter. Lorsque nous atteignions la terre ferme, si nos amis tombaient devant nous, nous les enjambions et les laissions derrière. À notre premier atterrissage, nous avons franchi une colline et il y avait environ trente centimètres de boue sur la route. Une vieille dame a traversé devant notre char et, bien sûr, nous avons dû lui rouler dessus. Je n’étais peut-être pas officier, mais j’avais comme responsabilité de vérifier pourquoi le téléphone ne fonctionnait pas (les Allemands venaient couper les fils que nous avions installés). Ça n’a pas été une bonne journée.
À un endroit, nous avons été mitraillés par un avion de chasse allemand. J’ai arrêté le camion et j’ai dit à tout le monde de sauter parce qu’il reviendrait peut-être. Nous avons aperçu la marque de la balle juste à côté de notre camion. Il s’en est fallu de peu.
J’étais à la poche de Falaise [France, bataille majeure du 12 au 21 août 1944 au cours de laquelle les forces alliées ont encerclé les armées allemandes]. C’est là que les Allemands, que nous avions pris au piège, étaient poursuivis par les Britanniques et les États-Uniens; le corridor était très étroit et ils ne pouvaient pas en sortir. Les Canadiens étaient en première ligne et beaucoup ont été tués là-bas.
Nous sommes passés par Caen [France] pour les devancer. Les Allemands ont pris la ville en premier, puis nous l’avons reprise, ce qui a à peu près mis fin à la guerre. Tout le monde à Amsterdam, Pays-Bas, mourait de faim et nous avons négocié avec les Allemands pour que nos camions de nourriture puissent passer et revenir. Ils ont accepté.