Archie Byatt a servi dans la Marine royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour le témoignage complet de M. Byatt, veuillez consulter en bas.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je me suis enrôlé en étant complètement terrorisé. J’étais vraiment terrorisé à l’idée de devoir quitter la maison, mon lit avec ses draps et ma table avec sa nappe pour arriver dans une caserne avec des bancs en bois, des casiers et des planchers durs. Il m’a fallu beaucoup de temps pour m’en remettre. Mais j’y suis parvenu. C’est la marine qui m’a fait devenir un homme, même si j’étais un jeune matelot. J’y ai fait mon apprentissage à l’école de la vie.
Je me suis enrôlé parce que mon père me disait que ce serait bon pour moi et je me suis rendu compte que je ne pouvais pas passer le reste de ma vie à manger à la même table que ma mère et mon père. Il fallait que je fasse quelque chose, donc j’ai pris le risque d’y aller.
Nous nous occupions des déversements de pétrole et nous rescapions les survivants. Seuls les jeunes hommes pouvaient se permettre une telle vie, ce n’est pas pour les personnes âgées. J’ai eu la chance de m’enrôler en temps de paix, ce qui m’a permis de m’habituer à la mer, même si j’ai eu le mal de mer tous les jours pendant deux ans. C’était dur pour moi.
En Angleterre, nous vivions dans des abris Anderson, des abris souterrains. Je me souviens des gens qui apportaient leurs draps sous terre sur le chemin de Portsmouth à Londres. Ils vivaient là tous les soirs. Les gens vivaient comme ils pouvaient, ils allaient au travail avec des bombes qui tombaient tout autour d’eux. Il n’y avait aucune autre option.
Nous avions toujours un masque à gaz et un casque en fer-blanc parce que les canons antiaériens faisaient feu et les morceaux d’obus nous pleuvaient dessus sur le chemin. Tous les matins, nous nous levions, allions ramasser tous les morceaux dans un sac en papier et les apportions à la mairie. C’était la guilde, comme nous l’appelions. On renvoyait le tout à l’usine qui se chargeait de faire fondre les morceaux et de les transformer en obus.
Je suis resté allongé là trois jours jusqu’à ce que j’aille demander la permission d’aller sur la terre ferme pour voir si ma famille à Portsmouth était encore en vie. La ville n’était plus qu’un tas de décombres; j’ai descendu la rue où vivait le membre de ma famille et l’usine de peinture avait été détruite. Dans mon salon de coiffure, le fauteuil ne tenait que sur une partie du plancher à la suite d’un bombardement, et les ciseaux étaient encore accrochées au mur. Je m’en souviendrai toujours. La maison où vivaient ma tante et mes cousins jusqu’en 1941 a été détruite par une mine terrestre larguée sur la maison et qui a tout fait sauter. J’étais parti quand c’est arrivé.
Nous avons secouru des survivants dans cette eau. Nous avons sauvé des lascars d’Inde à une occasion et nous devions nettoyer un déversement de pétrole. Les pauvres lascars s’accrochaient à la corde qui tenait le tuyau. Bien sûr, les navires s’écartaient et ils devaient lâcher prise et se brûlaient les mains. C’était horrible. Ils me faisaient pitié.
Lorsque nous avons participé à cette bataille dans l’Atlantique, nous avions deux officiers néerlandais dans notre mess et nous avions l’habitude de jouer au bridge avec eux sur le chemin du retour après la bataille. Nous n’avons jamais gagné de partie contre ces gars-là, ils étaient de très bons joueurs de bridge. Quand nous sommes arrivés à Terre-Neuve avec eux, ils ont apporté deux bouteilles d’alcool pour nous remercier de ce que nous avions fait pour eux.
L’épisode qui ressort le plus est la bataille des convois et l’enfer terrible de l’Atlantique Nord. Le réveil brutal, je suppose, en descendant la côte et en contournant Halifax pour aller dans l’Atlantique Nord, a été l’une des expériences les plus terrifiantes que j’aie jamais vécues. Parce que j’avais le mal du pays et que j’étais loin de ma mère et de mon père. Ils m’ont manqué, je vous dis!
Je me suis ensuite endurci, j’ai surmonté mon mal de mer et j’étais chez moi peu importe où j’allais. J’écrivais à mes parents, mais nous ne pouvions pas beaucoup écrire à cause de la censure. Toutes les enveloppes étaient ouvertes et retenues. On jetait tout ce que nous essayions d’envoyer.
Le H.M.C.S. Napanee était mon navire préféré, parce que j’y ai rencontré ma femme, entre autres. J’ai aussi aimé certaines des batailles dans lesquelles nous nous sommes engagés sur ce navire.