Armand Emond a servi dans l'Armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour le témoignage complet de M. Emond, veuillez consulter en bas.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Bien, je me suis enrôlé le 13 juillet, 1940. Au bout de deux semaines, ils nous ont envoyé à Valcartier commencerl’entraînement militaire. J’aimais bien ça. Au moins je me sentais plus en sécurité là qu’à Montréal. Au moins j’étais habillé et j’étais
nourri. Bien, on se levait le matin à six heures, à huit heures on commençait l’entraînement : c’était gauche droite gauche droite, puis au chantier, la culture physique, alors j’aimais bien ça!
On était six mois à Vacartier. Après, nous sommes partis pour l’Angleterre. Trois mois avant Dieppe, ils nous ont envoyé dans une île, Isle of Wight, en face de Portsmouth. là c’était un entraînement ce qu’on pourrait dire de commando. Alors ça a été
dur, l’entraînement. Moi là, pour le raid de Dieppe, Mademoiselle, il y avait deux compagnies « C ». Moi j’étais dans une compagnie « C » avec le « Calgary Tank » [14th Army Tank Regiment (the Calgary Regiment)] dans les « TLC » [Tank Landing Craft].
Notre ouvrage, c’était de faire sauter le casino. Nous avions des « Bangalore torpedo » ils appelaient ça de même, c’est du TNT, mais certains n’ont pas été capables de … la minute qu’ils ont ouvert la porte, l’artillerie [allemande] nous a frappé alors
16 hommes ont resté dans le bateau, dans le TLC, il ne restait donc que six ou sept (hommes) quelque chose comme ça. La balance (des hommes) était toute morte. Quand nous sommes débarqués, on ne pouvait pas voir les Allemands. Les Allemands étaient tous
bien cachés dans les bunkers en ciment. Alors nous étions la bonne cible pour eux autres. Et puis, moi j’ai débarqué à six heures moins vingt le matin et à trois heures moins vingt on était pris prisonniers et le Brigadier Southam c’est lui qui a fait
lever le drapeau blanc par rapport à… là c’était le bout on était pour se faire noyer parce que la mer montait. Alors à 300 marins, on était à peu près une cinquantaine. Là il a levé le drapeau blanc et puis les Allemands sont venus nous chercher.
Oui, 32 mois en Pologne et 14 mois avec des menottes dans les mains! C’était de huit heures le matin jusqu’à six heures le soir. Nous avons travaillé dans le bois, si vous avez vu des photos, et puis durant l’été durant la récolte on commençait à travailler
à six heures du matin jusqu’à six heures le soir parce que Monsieur… avait dit : Tout prisonnier qui refuse de travailler sera fusillé!». Alors on travaillait 12 heures par jour puis ça c’était durant la récolte du grain et l’automne dans les (champs)
de patates puis on commençait à travailler un peu plus tard. Alors on travaillait six jours par semaine. Entre prisonniers, nous autres, les relations étaient très bonnes, Madame. Les gars disaient que nous étions un peu comme des frères. Personne ne
voulait essayer de tuer l’autre. Tout fonctionnait très bien.
Avant d’être libéré, nous avons fait la ‘Marche de la mort’. Ça, nous sommes partis de la Pologne et nous avons marché jusqu’en Allemagne pendant sept semaines. Et puis des fois, il y avait du manger, quand on voyait des champs de carottes ou quelque
chose, on allait arracher les carottes pour manger. Ça ils appelaient ça la « Marche de la mort ». Il y en a qui sont morts en chemin, ça a duré sept semaines puis c’est là qu’on a rejoint les Américains. Les Allemands, ils ne voulaient pas que les prisonniers
soient pris par les Russes, alors les Allemands nous ont rentrés en Allemagne. Alors les Russes s’en venaient sur l’autre côté. Puis même les Allemands - soldats - ne voulaient pas se faire ramasser par les Russes non plus. Alors, ils s’en allaient du
côté des Américains. C’était l’armée du Général Patton. C’est eux autres qui nous ont encerclés dans une place puis on était pris au milieu de ça. On était encerclés par l’armée américaine. C’est ça qui nous a sauvé! Ah c’était une belle journée pour
nous autres. Nous autres, quand nous avons rencontré, quand nous avons fait face aux chars blindés américains, ils ont vu qu’on était des Canadiens, des Britanniques parce qu’on on était tous habillés en kaki alors ils nous ont laissé passer. Alors les
gardes allemands qui étaient avec nous autres ils ont jeté leurs carabines par terre puis ils ont crié en allemand: « der Krieg ist fertig » ce qui veut dire en français « la guerre est finie » parce qu’ils ne voulaient pas se faire prisonniers des Russes
en arrière. Alors ils aimaient mieux se faire prisonniers des Américains. Le plus beau jour de ma vie c’était le 13 avril, la journée de la libération. Ah pour moi, ça a été le plus beau cadeau de ma fête. Puis trois jours avant j’avais René Cardinal
puis je lui ai dit, je savais qu’on était en Allemagne, j’ai dit : « J’espère que la guerre va être finie pour ma fête! » Alors il est parti à rire. Et je me souviens que je ne me suis pas trompé on était libérés le 13 (avril). Oh, mon Dieu, quel soulagement!
J’en voudrais plus de la guerre. Voyez-vous, la guerre là, ils se sont battus et puis le lendemain de la guerre ils étaient prêts à recommencer. Alors si les peuples se donnaient tous la main entre eux autres on n’aurait pas de guerre. C’est ça le souhait
que je leur souhaite : l’harmonie entre les peuples!