Project Mémoire

Art Meyer (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Art Meyer a servi dans le Corps du Génie électrique et mécanique royal canadien pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lisez et écoutez son témoignage ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Art Meyer
Art Meyer
Soldat Art Meyer, 1942.
Art Meyer
Art Meyer
Art Meyer
De gauche à droite: Médaille du Service des Volontaires Canadiens et fermoir; Étoile 1939-45; Étoile France-Allemagne; Médaille de la Défense.
Art Meyer
Art Meyer
Art Meyer
Certificat de licenciement d'Art Meyer, 1945.
Art Meyer
Meyer, votre permission est annulée, m’a-t-il lancé. J’ai répliqué par un juron en lui demandant pourquoi. Parce que la guerre est finie, m’a-t-il répondu, sourire en coin. C’était le 8 mai 1945.

Transcription

Je m'appelle Art Meyer, ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale ayant passé environ quatre ans à l’étranger. Mon slogan est « Criez au désastre, et lâchez les chiens de la guerre », avec toutes mes excuses à William Shakespeare. Vous avez probablement entendu parler de la Deuxième Guerre mondiale par de nombreuses sources. Je voudrais vous faire part de mes expériences et réflexions personnelles, qui ne ressembleront pas aux films hollywoodiens. On ne peut pas adoucir le sujet de la guerre. Les guerres sont une abomination qui tente de nous ramener à l'âge de pierre. Je suis parti outre-mer avec le Number One Advance Base Workshop du colonel Secord, GEMRC, Génie électrique et mécanique royal canadien. C'est au cours de la première semaine de janvier 1942 que nous avons quitté Halifax à bord d'un navire norvégien, le Bergensfjord. Nous n'avons pas pu explorer quoi que ce soit d’autre, juste le pont auquel nous étions assignés. Des marins armés gardaient les cages d'escalier à bâbord et à tribord. À gauche et à droite du navire se trouvaient de grands panneaux: « Ne vous approchez pas des balustrades. Si vous tombez à la mer, nous ne nous arrêterons pas pour essayer de vous secourir ». Nous avons compris la sinistre vérité: le navire allait devenir une cible pour les sous-marins. Vous comprendrez pourquoi nous sommes restés le plus loin possible des bords du navire. Je suis resté en Angleterre pendant trois ans, attendant le début du deuxième front.

L'idée était de diviser les forces allemandes, la moitié se battant sur le front oriental et l'autre sur le front occidental. Peu après le jour J, nous avons été emmenés par camion dans la zone de rassemblement près de la côte sud, où nous attendions notre tour pour embarquer sur les bateaux d'assaut qui traversaient la Manche en direction de la Normandie. Peu après mon arrivée en Normandie, j'ai demandé à être transféré dans l'infanterie. J'avais été élevé à aimer la paix, mais je sentais que je devais faire quelque chose pour être à la hauteur des vrais camarades de Toronto qui avaient été tués en combattant avec le Royal Regiment. Après quelques mois, lors de mon premier matin avec le Royal Regiment, vers cinq heures, je transportais un fusil, plusieurs grenades à main, des poches de munitions, des rations d'urgence et une sangle latérale attachée au harnais. À cette époque, le général Montgomery nous déployait du Nord-Est de la Hollande au Nord-Ouest de l'Allemagne. Certains d'entre nous ont été faits prisonniers, d'autres ont été blessés ou tués. L'idée était de faire croire à l'ennemi que nous avions des troupes dans les deux zones. En réalité, nous voyagions durant la nuit dans des camions et combattions le jour, parfois avec un peu de sommeil entre les deux. Après mes six semaines sur la ligne de front, un officier a sauté d'un char. Je pense qu'il avait écouté de la musique classique à la radio. J'ai réfléchi aux contradictions de la guerre. Une tuerie est en cours, et un soldat apprécie Mozart. Il a crié: « Meyer! Cela fait six semaines que tu es sur le front. Tu n’es pas censé y rester plus de cinq semaines. Demain, tu iras à Paris, pour une permission de deux semaines. » Je lui ai répondu: « C’est bon pour moi! » Environ une heure plus tard, il est réapparu et a crié: « Meyer! Ton congé est annulé. » « Pourquoi? » me suis-je exclamé. « Parce que la guerre est finie », m’a-t-il répondu en souriant. C'était le 8 mai 1945, à l'extrémité sud du canal Emden-Wilhelmshaven. Nous devrions nous souvenir de tous les combats et de toutes les tueries qui ont eu lieu depuis 1914-1918, lorsque la guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres a été déclenchée. Méfions-nous des chauvins qui parlent de notre mode de vie. Rappelez-vous les paroles de Samuel Johnston: « Le patriotisme est le dernier refuge des voyous. »

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