Pour le témoignage complet de M. Hills , veuillez consulter en bas.
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Transcription
Mon père était renversé [par la décision de s’enrôler dans la Marine royale canadienne] parce que dans notre religion [les Christadelphes], nous étions des objecteurs de conscience. Et il était vraiment bouleversé quand je me suis enrôlé. Il était aussi fâché quand j’ai commencé à fumer (rires). Je travaillais au radar [comme opérateur radar dans le destroyer de classe V de la Marine royale canadienne – NCSM Sioux]; je regardais l’écran. Je restais assis dans une cabine et je regardais un écran. J’ai vu que nous étions entourés de navires de surface.
Des sous-marins [allemands] refaisant surface, je pouvais détecter leur kiosque. Par une journée calme, on pouvait détecter leurs périscopes dans l’eau, mais en eaux agitées, c’était impossible.
Eh bien, nous avions un sondeur que nous pouvions leur lancer et attendre leur réponse. On ne fait que sonder, juste pour voir ce que c’est. Retour d’écho : Je pense que c’est un sous-marin.
Les gars des rails et des lanceurs de [grenades sous-marines], ce que les Américains les appelaient des « ash cans », mais c’était des grenades sous-marines. Toutes les grenades sous-marines étaient préréglées; si tu es coulé, éloigne-toi vite de là mon gars parce qu’elles vont exploser.
Nous transportions de grosses marchandises vers la Russie [dans le passage de Mourmansk, escortant les transporteurs de fournitures à destination des ports de l’Arctique de l’Union soviétique], de gros canons, des chars d’assaut et des avions, parce qu’elle menaçait de se retirer de la guerre si elle n’obtenait pas d’aide. Eh bien, ils sont censés d’être nos alliés, mais c’était discutable. Mais nous avions l’habitude d’échanger des cigarettes; leurs cigarettes étaient remplies de tabac comme ça [gestes] et le reste n’était qu’un tube. Bien sûr, nous ne payions que dix cents par paquet. Dix cents par paquet à la cantine.
Oh oui, il y avait une île de la tristesse sur la côte ouest de la Norvège, et quatre destroyers s’y sont rendus, et les trois autres destroyers britanniques avaient dégagé leur pont de postes d’équipage. Et ils ont embarqué des enfants civils, des mères, des pères et des enfants. Mais nous n’étions pas préparés [pour cela], nous sommes arrivés parmi les derniers. Donc, notre pont de postes d’équipage n’était pas dégagé. Mais nous sommes allés les aider. Ils ont pris presque toute la ville, les ont emmenés à Kola Inlet, les ont embarqués sur des cargos du convoi à destination de la Grande-Bretagne.
Mon anniversaire, le 28 mai et le jour J [le débarquement des Alliés en Normandie], le 6 juin [1944]. Et en traversant la Manche, je me rappelle avoir pleuré. Et nous sommes restés là, une vingtaine de jours, à bombarder les terres. On ne pouvait pas échapper au tumulte des gros canons, on était à bord. Les gars de l’armée, à terre, commandaient les cibles. Mais les tirs de ces canons, je vous dis, impossible de les ignorer. Les artilleurs portaient un équipement spécial qui leur protégeait le visage et les oreilles, mais pas nous.
Nous avons mené nos opérations au large de Scapa Flow [la base principale de la Marine royale, dans les îles écossaises Orcades]. Nous revenions à Scapa Flow et poursuivions les missions d’accompagnement des convois qu’on nous confiait [dans le passage de Mourmansk]. C’est là que nous avons perdu deux gars dans un convoi. Ils utilisaient des avions-remorqueurs qui remorquaient ce qu’ils appelaient des « drogues », des châssis d’avions utilisés comme leurre. Les gars l’artillerie antiaérienne étaient censés tirer sur les avions. Une fois, un obus a touché le câble et a chuté pour s’écraser sur notre pont de signalisation et touché deux des signaleurs. L’un d’eux est mort ce soir-là. Il n’y a pas d’enterrement en mer. Les morts sont enterrés à Scapa Flow.