Arthur Hill, officier ASDIC (sonar) sur le NCSM Sherbrooke pendant la Deuxième Guerre mondiale, se remémore les défis posés par cet outil relativement nouveau et le rôle qu’a joué la corvette de classe Flower dans la bataille de l’Atlantique.
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Transcription
1939, après avoir passé dix ans en Angleterre, la dernière année je faisais mes études dans une école d’agriculture à Usk dans le Monmouthshire [pays de Galles], j’ai pris le [RMS] Empress of Britain à Southampton [Angleterre] la veille de la déclaration de guerre, et je suis rentré à Winnipeg, dans le Manitoba, pour aller à l’école d’agriculture là-bas, à l’Université du Manitoba.
J’ai fait mes études là-bas et j’ai eu mon baccalauréat. La dernière année, un conseil de la marine a traversé le Canada à la recherche d’élèves officiers pour la RVMRC.* J’ai eu la chance d’être l’un des 20 sur 200 à avoir été sélectionné pour suivre la formation à Cornwallis, la NCSM Cornwallis, et après ça Dalhousie, qui était l’université à Halifax où l’on suivait la formation de trois mois du Corps-école d’officiers. Et c’était en 1943.
On ne s’est jamais retrouvés impliqués avec un sous-marin en toute connaissance de cause. Mais c’était très intéressant. Lors d’un trajet de St John’s, Terre-Neuve à New York, on a croisé un banc de morue. Et c’est tellement facile de croire – on a envoyé des impulsions dans ce banc, en pensant que c’était un sous-marin, et bien sûr dès qu’on a entendu l’ASDIC** [sonar] prévenir qu’il y avait peut-être un sous-marin, tout l’équipage a rejoint les postes de combat. Et vous larguiez immédiatement une série de grenades sous-marines, très peu profondes. À la suite de quoi, le NCSM Vancouver, qui nous suivait, a pu jeter des filets et ils ont eu le plaisir d’avoir de la morue au dîner.
Or, les autres fois – vous voyez, on était en mer – non, on était dans le port de New York quand l’un de nos vaisseaux d’escorte a été coulé aux abords d’Halifax. Et une autre fois, quand on est arrivés à Halifax, il y avait deux navires marchands qui avaient été torpillés et ils étaient là sur le côté de l’entrée du port d’Halifax, leur capitaine les avait placés là pour qu’ils ne bloquent pas le passage des autres vaisseaux qui entraient ou sortaient d’Halifax.
Une autre fois, on était en mer, et vous voyez, on avait pour objectif – on était ce qu’on appelait Western Local [Escort Force]. C’est-à-dire qu’on faisait le trajet entre Halifax, St John’s, Terre-Neuve et New York, pour escorter les navires qui faisaient la traversée de l’Atlantique jusqu’à Londonderry en Irlande, et intercepter au large de St John’s, Terre-Neuve, les vaisseaux de haute mer et leurs escortes venant à l’Ouest. Et on rendait nos navires marchands – il y avait dans les 50 à 60 navires marchands. Ils étaient bien alignés, cinq en profondeur à peu près, et dix dans la largeur. Alors ça faisait un convoi avec dix vaisseaux à la tête de chaque colonne avec cinq navires derrière, qui se suivaient, et les vaisseaux d’escorte essayaient de les protéger des sous-marins – cinq navires-escorte, l’un à l’avant, deux sur les côtés, à gauche et à droite, et puis deux vaisseaux à chaque coin, à l’arrière. Et ils étaient stationnés là, en essayant d’intercepter et d’empêcher les sous-marins allemands de venir attaquer les convois.
*la Réserve de volontaires de la Marine royale du Canada
**Commission commune franco-britannique de lutte anti-sous-marine