En 2011, le Projet Mémoire a interviewé Arthur Lockerbie, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement (et la transcription) qui suit est un extrait de cet entretien. Né le 8 mai 1921 au Nouveau-Brunswick, Arthur Lockerbie s’est enrôlé dans la marine marchande à Halifax à l’âge de 21 ans. Il a servi dans la marine marchande de 1942 à 1947 en tant que radiotélégraphiste. Dans ce témoignage, Arthur Lockerbie évoque son expérience sur les navires marchands pendant la bataille de l’Atlantique, y compris ses rencontres avec les sous-marins ennemis. (Voir aussi Opérations des sous-marins allemands dans les eaux canadiennes.)
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Transcription
Les navires étaient alignés, côte à côte. Et puis une autre ligne derrière eux, et le convoi était supposément en deux lignes. Je me souviens que lorsque nous avions le numéro 22, cela signifiait que nous étions dans le deuxième navire du deuxième convoi, dans la deuxième ligne et le navire avant nous était le numéro 12, et le navire derrière nous était le numéro 32. Vous voyez. Il y avait des lignes dans un sens et des colonnes dans l'autre. Et bien sûr, les escortes se déplaçaient à toute vitesse autour des navires marchands, sans cesse. Il fallait beaucoup de règles et de règlements pour rester dans sa position. On était si loin de chaque côté entre les autres navires et si loin devant et derrière dans les colonnes. Et on faisait de notre mieux, on essayait de faire de notre mieux pour rester dans la bonne position. Et ça ne marchait pas toujours. Avant que je ne commence à aller en mer, un de mes amis avait été torpillé et il m'avait dit qu'à un certain moment, les sous-marins arrivaient directement entre les colonnes, remontaient à la surface, traversaient les colonnes et lançaient des torpilles à droite et à gauche. Mais en 1942, quand j'ai commencé, alors que nous quittions l'Angleterre pour rentrer au pays, j'ai vu un navire avec une catapulte sur la proue, sur le pont supérieur. Il y avait une catapulte sur laquelle se trouvait un avion de chasse. L'idée était que s'il y avait des avions autour, ou des torpilles ou des sous-marins à la surface, ils lançaient cet avion avec une catapulte et le pilote de chasse faisait ce qu'il pouvait, mais il ne pouvait pas revenir au navire, il devait s'écraser et espérer que certains des navires d'escorte le récupèrent. Je ne sais pas si cela s’est déjà fait. Je ne l'ai jamais vu. Mais peu de temps après, ils ont eu ces navires, qu'ils appelaient « baby flattops ». Il s'agissait de pétroliers ou de navires céréaliers sur lesquels on avait installé un pont d'envol et des pilotes de la branche de l’Aviation. Ils pouvaient décoller et atterrir. Après cela, les sous-marins n’ont jamais attaqué en surface, ils attaquaient toujours en dessous de nous, alors on ne les voyait jamais, mais on savait qu'ils étaient là. Nous pouvions savoir quand les escortes larguaient des grenades sous-marines, nous pouvions les entendre. Si un objet ou un autre frappait le fond du navire, on savait ce qui se passait. C'était comme si un gros marteau frappait le navire, frappait le fond, et on savait alors qu'ils larguaient des grenades sous-marines, alors on comprenait qu'ils pensaient qu'il y avait quelque chose là-dessous et qu'ils essayaient, ils l'appelaient ASDIC, et ensuite ils sont passés au sonar, c'est ce qu'ils utilisaient pour la recherche des sous-marins. Certains navires, il y avait aussi des avions qui bombardaient les convois, mais ce n'était pas trop… Mais la fois que j'ai, en 1942, après 1942, nous savions qu'il y avait des avions en mouvement, à la recherche des sous-marins et tout ce genre de choses. Je savais quoi faire, s'il y avait des avions autour, si nous ne les voyions pas, si j'entendais ce CFRCF, je savais que c'était un avion de l'Aviation royale canadienne qui était là-haut quelque part.