Arthur Robert Henry Rookie Lyon (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Arthur Robert Henry Rookie Lyon (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Arthur Robert Henry Rookie Lyon a servi dans l'Armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Arthur Lyon
Arthur Lyon
La troupe d'Arthur Lyon à Bramalea, Angleterre, en 1943.
Arthur Lyon
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Arthur Lyon et son épouse, Yolan, le jour de leur mariage, le 24 avril 1947.
Arthur Lyon
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Arthur Lyon photographié marchant dans un cimetière, lors du 60ème anniversaire de la libération des Pays-Bas .
Arthur Lyon
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Lors du 60ème anniversaire de la libération des Pays-Bas, Arthur Lyon est avec un Hollandais qui a rénové le char derrière eux, semblable a celui que M. Lyon a conduit pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Arthur Lyon
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Arthur Lyon, le 30 octobre 2009.
Arthur Lyon
Alors j’ouvre la porte et c’était plein d’Allemands. Heureusement pour moi, ils voulaient se rendre.

Transcription

Je suis né dans une ferme du Manitoba, à Prairie Grove. Je me suis enrôlé dans l’armée dès que j’ai eu 16 ans, au Orpheum Building, à Winnipeg. Je disais que je voulais me joindre au Fort Garry Horse [régiment de chars] parce que c’est là qu’étaient tous mes copains. Le médecin m’a dit : « écoute mon gars, tu ne pèses pas assez et tu es mineur. Si tu ne veux pas te joindre au régiment qui est en train de se former », le 18e (Manitoba) Reconnaissance [bataillon], il me dit, « tu peux rentrer chez toi ». Je ne suis pas rentré chez moi. (Rire.)

Ils cherchaient des chauffeurs et je me suis porté volontaire. C’est ce que j’ai fait pendant toute la guerre. On avait un trajet déterminé à faire et on devait passer les vitesses en faisant attention de ne pas les faire grincer (rire) Ils vérifiaient qu’on n’était pas des fous de la vitesse et des choses de ce genre. C’est comme ça qu’on réussissait. On devait donner un exemple de ce qui se passe dans le moteur : aspiration, compression, détente et échappement, ce genre de choses, la mécanique quoi. C’est comme ça qu’on avait le poste.

On était à Debert en Nouvelle-Écosse. On nous a dit de ne pas dire qu’on partait. On est allé en ville ce soir-là et tous les gens nous disaient : « oh, vous partez ». Donc ce n’était pas un grand secret. On est allé à Halifax et on a pris la mer avec le plus grand convoi jamais parti du Canada. On était à mi-chemin quand on est tombé sur des sous-marins. Le matin suivant je suis monté et j’ai demandé au marin : « où est le pétrolier ravitailleur qui était à notre gauche? » Et il a dit : « oh, ils l’ont eu hier soir avec un sous-marin ». Ensuite on a tous été dispersés et on portait nos manteaux gris parce qu’il faisait froid, et ensuite, en un rien de temps, on les a enlevés parce qu’il faisait bon et on pouvait apercevoir la côte des Bermudes. Ça nous a pris huit jours pour retourner en Angleterre.

On a commencé avec des Jeeps, parce qu’on avait pas de gros véhicules. Ensuite on est passé aux 15 hard weight [camion] puis on a eu des Staghounds américains [véhicules blindés à roues] avec des moteurs jumelés GMC [General Motors Corporation] et six cylindres. Ils ressemblaient à des chars montés sur roues en caoutchouc. Après Falaise [bataille de la poche de Falaise], on a commencé à traverser la France. On devançait tout le monde parce qu’on était en mission de reconnaissance. On libérait les villes dans lesquelles on passait. Ensuite, on est allé en Belgique et on a libéré Ostende, Bruges et Blankenberge. Puis, on est allé en Hollande et on a libéré beaucoup de villes en Hollande. Je n’arrive même plus à me souvenir de chacune d’elle. Ensuite, on est allé en Allemagne.

La reconnaissance, on devançait toutes les autres troupes, ça consiste à découvrir où se trouve l’ennemi. Ensuite, on leur envoyait un message par radio et ils mettaient un barrage en place et ils essayaient de les prendre [les Allemands]. On partait en voiture, il y avait Joe Smollen dans la voiture de tête; il parlait l’allemand. On avait aussi Neuman qui savait parler l’allemand; il était au milieu. Ensuite, oh, Friesen; il savait parler l’allemand; il était de Steinbach et il était dans la dernière voiture. Un soir, on a avancé, on a avancé tellement loin dans les lignes allemandes qu’on s’est retrouvé en plein centre d’une division allemande. Ils nous ont posé des questions et nos gars ont répondu et ils nous ont laissé partir. On a vraiment eu peur. Notre colonel n’avait que 26 ans. On était le plus jeune régiment de l’armée canadienne.

Je peux vous dire qu’il y a eu des moments très éprouvants. Un soir, on s’est arrêté dans une cour vers minuit. Je me suis levé à 6 h du matin et il y avait une grande grange et je me suis dit il faut que j’aille voir si je peux trouver des oeufs là-dedans. Alors j’ouvre la porte et c’était plein d’Allemands. Heureusement pour moi, ils voulaient se rendre. Ils disaient : « nicht schiessen Kanadischen Soldaten; nichts im Rucksack » [ne tirez pas, soldats canadiens, on a rien dans les sacs à dos]. (Rire) En d’autres termes, on veut se rendre.

Une autre fois, ce Bleuit, qui était lié à nous par les transmissions [Corps royal canadien des transmissions], me dit : « eh le bleu, qu’est-ce que tu fais? » « pas grand-chose » je lui réponds :

« pourquoi? » alors il me dit : « Qu’est-ce que tu dirais de conduire le 1500-weight ? [camion] j’ai deux autres escadrons pour vérifier les batteries dans les véhicules ». Alors je lui dis : « d’accord ». On traverse un terrain dégagé et tout à coup il me dit : « fais attention». Je lui demande : « qu’est-ce qui se passe? » et il me dit : « regarde ». Je vois un Messerschmitt [avion de combat allemand] arriver sur nous, en faisant du rase-mottes et le gars nous souriait. Il ne devait pas lui rester de munitions parce qu’il est venu vers nous. Heureusement, la plupart d’entre eux voulaient se rendre, alors on les ramenait avec nous aux campements. Il y en avait tellement parmi eux qui avaient capitulé.

À la fin de la guerre, on était en Allemagne. On est retourné dans le nord de la Hollande, dans la ville de Leeuwarden; ensuite on est resté là-bas pendant pas loin de 18 mois interminables. Ensuite, ils nous ont transporté par bateau en Angleterre et d’Angleterre on est retourné aux États-Unis. Il y avait des bateaux dans le port et des jets d’eau jaillissaient des canons. Il y avait aussi la Croix-Rouge. Il y avait cette femme qui me dit : « qu’est-ce que tu veux, un banana split, un hot dog ou un hamburger? », « un banana split » je lui ai répondu. (Rire)

Mais à New York, c’était une autre histoire. Tout le monde klaxonnait et criait et c’était vraiment la liesse. Je vais vous dire quelque chose quand même, j’aurais pas voulu manquer ça. La camaraderie entre nous, c’était quelque chose de très spécial. Oui c’est vrai, ça c’est quelque chose qu’on ne retrouve pas après.