Project Mémoire

Barney Roberge (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Barney Roberge a servi dans la Marine royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

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Barney Roberge
Barney Roberge
Classe de signaleurs de Barney Roberge. M. Roberge est photographié en bas à gauche, 1941.
Barney Roberge
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Barney Roberge en uniforme.
Barney Roberge
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Photo de l'invention de M. Roberge: un tableau de manoeuvres pour résoudre des problèmes relatifs à la vitesse, 1951.
Barney Roberge
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Barney Roberge à bord du HMCS Kelowna en tant que signaleur, 1941.
Barney Roberge
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Barney Roberge avec son équipage, 1944.
Barney Roberge
on a reçu un message urgent comme quoi une grosse flotte japonaise avait été vue en train de remonter la côte ouest

Transcription

On devait détruire tous les vieux papiers qui venaient du département communications, du bureau radio ou des transmissions, du pont, et ainsi de suite. Et le seul endroit où on pouvait les brûler c’était dans le fourneau de la cuisine, une sorte de petite cuisinière qui servait à faire chauffer l’eau. Et j’étais en train de brûler des vieux papiers un jour et les valves avaient été coupées sur le fourneau ; et quand ce truc a été bon et brûlant, le devant a explosé et j’ai été brûlé au second degré sur les mains et le visage, et le ventre ; et je me tenais à un peu plus d’un mètre de l’eau bouillante à un certain moment à essayer de séparer mon pull de mon ventre parce que c’était tellement bouillant. Et il a fallu quatre jours pour arriver à Prince Rupert de là où on était. On n’avait pas d’infirmier ni de secouriste à bord. Et quand on est arrivés à Prince Rupert, mes cloques commençaient à prendre une drôle de couleur et ceci et cela. Alors je suis monté à l’hôpital à Prince Rupert et le docteur a enlevé les déchets de peau et m’a enveloppé dans des bandages, et m’a renvoyé sur le bateau pour prendre mon paquetage. Et, naturellement, quand je suis retourné au bateau, tout le monde a compris que je quittais le bateau alors ils m’ont tous donné à boire une gorgée de leur rhum et très vite j’en avais bu un peu trop (rire) et je suis arrivé à l’hôpital dans la soirée avec, toutes mes brûlures exposées au grand air et des mètres de bandages à la traîne et une bouteille de rhum à la main. (rire) Le docteur a pratiquement eu une attaque mais ils, j’ai descendu le couloir en courant dans l’hôpital, suis entré dans les toilettes, j’ai verrouillé la porte, et c’était au rez-de-chaussée, alors j’ai sauté par la fenêtre avec ma bouteille de rhum et l’ai cachée sous le bâtiment, suis repassé par la fenêtre, j’ai fait du bruit avec le couvercle des toilettes et puis les ai laissé entrer, innocent comme l’agneau qui vient de naître. Et ensuite ils n’ont pas réussi à trouver où cette bouteille de rhum était passée. (rire) Ils savaient que j’en avais une et c’est seulement un bon moment après, je crois que c’était la veille de Noël et j’ai déterré la bouteille, je crois bien que c’était à Noël, et je l’ai fait passée à tous les gars qui étaient alités et qui ne pouvaient pas se lever et j’ai versé, une gorgée de rhum. (rire) J’ai trouvé ça très amusant. Un gars, Pat Martin, m’avait laissé faire une ronde avec la patrouille à terre. Il était codeur, faisait partie du département communications. Et il avait son bras dans le plâtre là où la patrouille à terre avait cassé son bras en l’arrêtant. C’était un gars grand et costaud. Et en tout cas, il a le bras dans le plâtre et j’ai le bras dans le plâtre et on est tous les deux à l’hôpital. Et il y avait une sorte de truc du service qui avait lieu à la Légion à Prince Rupert ; et on réussi à ce que le docteur accepte de nous laisser y aller si on promettait de bien nous tenir. Et cette Légion, c’est un tout petit lieu avec des balcons en haut, et Pat et moi, nous étions assis sur ce balcon et on s’occupait de nos oignons rien d’autre. Il y avait pas mal d’effervescence en bas, les trois services sont entrés dans une bagarre les uns contre les autres et on était là-haut, complètement en dehors, les bras dans le plâtre. (rire) Alors on a jeté quelques chaises pour aider nos copains qui étaient en bas et puis on a été à court de chaises, on est descendus, commencé à utiliser nos plâtres comme massues, (rire) retour à l’hôpital et le docteur était à nouveau tout contrarié. (rire) Alors je ne sais pas si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle, mais on était des vrais durs à l’époque, je pense. J’ai supplié (BFC) Borden à genoux pour remonter sur le bateau et m’en aller de Prince Rupert parce que je n’aimais pas trop être là-bas. Alors ils m’ont laissé monter sur le bateau avec mon plâtre et tout le reste ; et on est arrivé à (BFC) Esquimalt le dimanche et je suis monté à l’espèce d’infirmerie hôpital, peu importe, à l’arsenal et il n’y avait pas de médecins là-bas. C’était un dimanche, et ils étaient tous dehors en train de faire du golf ou je ne sais quoi. Alors je suis retourné sur le bateau et repris la mer, toujours pas d’assistance pour cette main. Et quand le capitaine a découvert la chose à leur propos, pas de médecins là-bas pour le bateau, on est juste entré au port, ravitaillé en carburant et on est repartis en mer. Et ils ont pensé qu’il y aurait dû y avoir un médecin de garde, alors il en a fait toute une histoire. Et juste après, je me fais chassé du bateau par les docteurs et mon nom est trainé dans la boue pour les avoir mis dans l’embarras. Le bateau est reparti pour Noël et je les ai aidés à tout charger. Et il y avait un taxi sur le dock à côté de l’endroit où se trouvait le bateau, je laisse la queue pour le bateau et j’ai jeté mon sac de marin sur le siège arrière du taxi et me suis glissé dessous, car vous deviez avoir un permis pour quitter l’arsenal. Alors je suis monté dedans et j’ai dit au chauffeur de m’emmener au centre ville n’importe où. J’ai passé Noël à vagabonder dans Victoria et quand je suis allé au NCSM Givenchy à la caserne de l’arsenal et ils m’ont accusé d’avoir déserté parce que je n’étais pas là. Et j’ai dit, bon, c’était Noël, personne ne m’aurait vu ici, partout où je suis allé, les gens étaient en vacances ou autre. Alors je me suis sorti de celle-là (rire) et finalement j’ai reçu des soins pour mon bras. (rire) On était à Prince Rupert à nouveau après toutes ces autres histoires et on devait faire quelques réparations. Et on a enlevé toutes les munitions et l’épicerie ; et la majeure partie de l’équipage devait rentrer chez eux en permission pendant que le bateau était là. Quelques uns d’entre nous ont été choisis pour rester et s’occuper du bateau, le garder propre et tout ça. Et pendant que tout ceci se passait, on a reçu un message urgent comme quoi une grosse flotte japonaise avait été vue en train de remonter la côte ouest et on devait reprendre nos munitions, nous ravitailler en carburant, rappeler l’équipage qui était en fait dans le train à Prince Rupert, en attendant de partir pour Andimaul. Et on a tout rechargé à bord. On nous a dit de, le message disait, continuez promptement jusqu’à une position à 200 milles au large de Prince Rupert ; et si vous vous retrouvez face à des forces supérieures, avisez l’officier général, Côte du Pacifique, et ensuite partez pour la rivière Skeena, qui est à 200 milles nautiques de là. (rire) Laissez tomber. C’était les communications.