Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je pensais que j’aimerais la marine, en fait, et j’y suis allée et ils n’avaient rien à proposer à part aide-soignante et je ne voulais vraiment pas faire ça, et ils ne me disaient rien. Les uniformes étaient jolis mais quoiqu’il en soit, après je n’ai pas pris contact avec l’armée de terre du tout, j’ai décidé que ce serait l’armée de l’air, peut-être parce que mon frère y était. Je ne pensais pas au Japon, je pensais à l’Europe et j’ai pensé, si je peux aller outre-mer, peut-être que si ça dure un moment, je pourrais y aller à un moment ou à un autre. Je voulais partir outre-mer évidemment, la plupart des gens voulaient ça, mais je n’avais que 18 ans, alors ce n’était pas possible que j’arrive à aller là-bas. J’ai suivi une formation de radiotélégraphiste à terre. Généralement, on écrit WOG. Après une permission à Noël, je suis partie pour un long voyage d’entraînement au dépôt des effectifs à Halifax, ensuite de l’autre côté du port à la station de l’armée de l’air, à Dartmouth à Eastern Passage en Nouvelle Ecosse. C’était une grande station opérationnelle très agréable avec beaucoup de sections. La notre c’était les transmissions de l’état-major. Il y avait une salle de codes où un sergent de la division féminine venait et s’enfermait pour la journée. La salle des téléscripteurs se trouvait là et la cabine de radiotélégraphie avec les fréquences à surveiller. On surveillait le CAW, Convoy Aerial Wave, et on ne pouvait pas émettre, seulement l’enregistrement et les transmissions régulières, qui venaient de partout dans l’Atlantique. On avait une fréquence locale avec une clé pour contacter les escadrons alentour qui faisaient des patrouilles de sous-marin en canadairs, ce sont des trucs très large qui avaient l’air gauche, qui pouvaient atterrir sur l’eau ou sur terre. Un à moment une fois, je n’entendais pas très bien un signal et j’ai dit, j’ai eu un S (sous-marin) là, quoique ça ait pu être, ce n’était pas un S. Et tout le monde m’est tombé dessus, les officiers sont sortis en trombe de leurs bureaux et tout le monde a branché ses écouteurs et ils étaient tous en train d’écouter, et je ne l’avais pas entendu clairement et j’avais reçu le mauvais truc et ils ont cru que c’était un sous-marin. C’est la seule chose palpitante qui est arrivée sur les ondes. Après deux semaines, on m’a dit que l’officier pilote de la division féminine voulait me voir. Elle m’a dit que mon père avait envoyé un télégramme, mon frère, navigateur en P pour Pierre, 434ème escadron, le « nez bleu », avait été porté disparu, lors d’un raid sur Berlin le 29 janvier 1944. J’ai appris plus tard qu’ils avaient été descendus au dessus de la cible, et il ne m’était jamais venu à l’esprit que mon frère allait se faire tuer. Quand vous êtes aussi jeune, vous ne réalisez pas vraiment, et quand ça arrive, ça arrive. Je sais que ça a été très dur pour ma mère et pour mon père, mais je ne suis pas retournée à la maison pendant un bon moment. Et ils, c’était la guerre, c’était juste, vous savez.