Bill Hollahan (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Bill Hollahan (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Bill Hollahan a servi dans la marine marchande du Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Bill Hollahan
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Carte d'identité pour la Marine Marchande.
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Bouteille de vinn Elderbery datant de 1944. Cette année, Bill Hollahan a rencontré Etta Smith lors d'un spectacle USO. Elle lui avait acheté cette bouteille de vin provenant de la maison de sa tante à Portland, Maine.
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Bill Hollahan a été à bord du transporteur pétrolier SS <em>Arlington Beach Park</em>, de 1943 à 1946. Notez les bômes pointant à l'extérieur du navire. Des filets de torpilles sont attachés à ces bômes pour protéger le navire.
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Nécéssaire de couture d'un marin (4 pièces). Dans le sens des aiguilles d'une montre, de gauche à droite: épingle de fermeture qui permet d'attacher ensemble les anneaux en métal du sac de marin; paume de couture pour protéger sa main pendant la couture; aiguille pour coudre les côtés et le fond du sac en grosse toile de marin; épingle de sûreté. Les initiales de l'épouse de Bill Hollahan sont gravés dans l'épingle de sûreté.
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Carte d'identité et certificat d'inscription pour la Marine Marchande, couverture. Remise à Bill Hollahan en 1942.
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Et ce qui s’est passé en réalité c’est qu’on était en train de zigzaguer et quelqu’un ou le capitaine s’est emmêlé dans les consignes pour zigzaguer. L’histoire qui a couru c’est qu’il aurait dû partir dans un sens alors qu’il est parti dans l’autre.

Transcription

Ils m’ont envoyé à l’Impériale pour prendre le (SS) Arlington Beach Park. C’était un pétrolier de la compagnie qui avait été converti. Dire que c’était un pétrolier converti veut dire qu’ils coulaient tellement de bateau au large de Cap Hatteras, autour d’Aruba dans ce coin là, qu’ils n’arrivaient pas à construire assez de pétroliers. Alors ils transformaient les navires de commerce en pétroliers. Et j’ai passé une période de neuf mois sur celui-là, ce qui était bien. Les gens les laissaient à droite et à gauche.

Pendant ces neuf mois, je suis passé d’apprenti matelot à steward, puis matelot de 3ème classe et matelot de 2ème classe. On était toujours en convoi, pendant toute la guerre. Or, il y avait des moments où il y avait tellement de brouillard que vous deviez allumer une lampe de brouillard. Une lampe de brouillard c’est quelque chose que vous transportez à l’arrière de votre navire pour faire savoir à l’autre navire à quelle distance vous vous trouvez de lui. Donc sur notre navire, le navire devant nous, on devait poster un gars qui faisait le quart dans le gaillard d’avant. Il surveillait cette ligne de brouillard. Et à d’autres moments vous la manquiez. Alors il y a eu plusieurs accidents à différents endroits.

Je me souviens d’une fois, il y avait un convoi qui était parti d’Halifax, il avait pris des navires à Boston et New York, et il y avait un gros navire au milieu de nous. Je ne sais pas ce qu’il transportait. Mais vous pouviez l’entendre de loin. Il était là-bas pendant la nuit, et puis le lendemain matin, il n’était plus là. Il avait été torpillé. On n’avait rien entendu. On a entendu les sirènes, mais on en avait l’habitude. L’habitude des sirènes qui venaient des corvettes. On en avait l’habitude, et on n’y faisait pas trop attention. Mais toujours, si vous vouliez prendre un bain, vous le faisiez plutôt en période de mauvais temps ou quand il y avait du brouillard. Vous ne pouviez pas faire ça au clair de lune ou quand il faisait clair, parce que vous ne saviez pas ce qui allait se passer.

C’était au mois de novembre, la navigation était fermée à Montréal. Le Saint Laurent était tout fermé. On avait un navire léger, Dieu merci nous étions propres. Ce que j’entends par propre c’est que les pétroliers se nettoient eux-mêmes. Le système Butterworth c’est un tuyau qui descend dans le tampon de regard avec de la vapeur qui en ressort. Et ça nettoie vos réservoirs. Donc si vous vous faites torpiller, la fumée et tout le reste qui sortait des réservoirs était propre, on pouvait s’en sortir beaucoup mieux.

Sur le chemin, juste à l’extérieur de Sydney il y avait des flocons de neige. La visibilité était quasi nulle. J’étais à l’intérieur à jouer aux cartes avec les garçons, dans la coursive dans la salle à manger, mais tout à coup vers 10 heures du soir cette nuit-là, on s’est renversé. Le navire a commencé à rouler sans raison apparente. Les lumières se sont éteintes, j’ai attrapé mon gilet de sauvetage et j’ai traversé la coursive en courant ; et quand j’ai ouvert la porte dans la coursive, l’escalier qui conduisait au pont des canots de sauvetage était juste devant moi, et je l’avais complètement oublié. Je me suis cogné la tête dans l’escalier, et je me suis évanoui. George Smith qui se trouvait dans la même coursive, il est sorti en courant, il ne savait pas que j’étais là. Il m’a sauté sur le cou et a continué pour vois quels étaient les dégâts.

L’autre navire était descendu sur nous ; et ce qui s’est passé en réalité c’est qu’on était en train de zigzaguer et quelqu’un ou le capitaine s’est emmêlé dans les consignes pour zigzaguer. L’histoire qui a couru c’est qu’il aurait dû partir dans un sens alors qu’il est parti dans l’autre.

Il y avait un endroit à Bordeaux où on a pris un pilote. Ça s’appelait Marquis. Le capitaine dit, les garçons, on ne va rester qu’une heure, il n’y aura pas de dames à bord du bateau. Pendant qu’il était parti, on a passé une heure à peu près là-bas, une heure et demie, on a pris le pilote à bord, et on relâche les lignes en chemin. Et il y avait 48 hommes à bord du navire. Il y avait aussi 36 femmes à bord du navire. Or, elles n’était pas là parce qu’elles étaient, elle étaient là pour récurer vos pièces. Elles venaient, nettoyaient vos chambres et vous faisait votre chambre pour un paquet de cigarettes, ou deux savonnettes, ou un paquet de chewing-gums.

J’essaye maintenant de mentionner à quel point les gens n’étaient pas ravitaillés en nourriture. C’était incroyable parce qu’on jouait aux cartes en traversant l’Atlantique, et on jouait pour des cigarettes. Bon, je ne fumais pas, mais j’étais plutôt bon aux cartes. Bon, je trichais un peu, sans aucun doute.

Alors quand je suis arrivé de l’autre côté, j’avais 18 à 20 cartouches de cigarettes que vous pouviez acheter à Philadelphie pour 90 centimes la cartouche à l’époque. Alors quand je suis arrivé là-bas, j’avais tout ce que je voulais. Elles venaient nettoyer nos chambres ; et il y avait une jeune femme que j’ai emmenée danser et des choses de ce genre. Son père possédait une cafétéria ; et je lui ai apporté du café. Un gallon de café on recevait à cette époque, alors je suis descendu du bateau avec un gallon de café, lui ai apporté et j’ai bu de l’alcool toute la nuit en échange. Mais c’est tout ce que j’ai eu.

Date de l'entrevue: 11 août 2010