Project Mémoire

Bill Orison Beaton (source principale)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2010, le Projet Mémoire a interviewé Bill Orison Beaton, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale, à Gibsons, en Colombie-Britannique. L’enregistrement suivant (et la transcription) est un extrait de cette entrevue. Né à Seattle, dans l’État de Washington, le 15 mai 1923, Bill Orison Beaton s’enrôle à Santa Ana, en Californie, en 1942, comme soldat dans l’armée américaine. Il est rapidement envoyé à l’école de pilotage et affecté à un groupe de bombardiers lourds à Tucson, en Arizona. Dans son témoignage, il décrit sa formation au sein de la United States Air Force. Il a vécu plusieurs situations d’urgence et écrasements, dans lesquels certains membres de son équipe ont perdu la vie. Il n’a jamais volé en situation de combat, mais, explique-t-il, la période qu’il a passé dans la force aérienne avait été « très forte en adrénaline ». Il a déménagé au Canada en 1964.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Bill Beaton
Bill Beaton
Bill Beaton en 2009.
Bill Beaton
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Bill Beaton avec son équipage, le surnom du groupe Bombe 392 était "Dure chance", et leur Libérateur B24.
Bill Beaton
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Ce Libératuer B-24 s'est écrasé lors de son troisième vol.
Bill Beaton
« Nous venions de toucher la piste et roulions encore quand une explosion a totalement détruit l’aile gauche de l’appareil. Quinze secondes plus tôt et les choses auraient été très différentes. »

Transcription

Au début du service, je me sentais comme se seraient sentis la plupart des jeunes et, avec 102 autres unités d’aviation, je me suis rendu à Santa Ana, en Californie, en 1942. Je me suis joint à l’armée le 9 janvier 1942. Je me suis enrôlé, je suis entré dans l’armée comme simple soldat, pour 17,50 $ par mois à l’époque, puis on m’a immédiatement mis en congé, et on m’a appelé en mai pour aller à l’école d’aviation. Je me suis rendu à Santa Ana, en Californie, pour suivre un cours d’instruction préparatoire. Et puis je suis allé à l’école élémentaire de pilotage où j’ai appris à voler pour la première fois. Il s’agissait essentiellement d’un cours de 60 heures qui nous a pris environ deux mois. Par la suite, j’ai suivi le cours d’entraînement élémentaire au pilotage à Lancaster, en Californie, dans un aéroport qu’on partageait avec les Britanniques, parce qu’ils y avaient déployé un contingent qui s’entraînait en même temps. C’était un cours d’entraînement élémentaire au pilotage dans un plus gros avion. J’ai terminé ce cours, puis je me suis rendu à un endroit appelé le Hudda, au Colorado, pour suivre une formation sur les aéronefs bimoteurs. J’y suis resté 4 mois. J’ai eu un problème qui m’a obligé à attendre jusqu’à la classe suivante, alors j’ai obtenu mon diplôme dans une classe appelée 43 D. Par la suite, j’ai été affecté au groupe B-24, qui est un groupe de bombardiers lourds à Tucson, en Arizona. Et c’est là que j’ai eu ma première expérience de vol dans un bombardier lourd. J’ai ensuite été affecté à un groupe opérationnel où nous avons suivi une formation en tout temps en groupe pendant les mois suivants, jusqu’en août. Aucun des membres du groupe ne s’entraîne dans un groupe de remplacement. Tous les membres suivent leur formation ensemble pour aller à l’étranger ensemble. Nous étions dans un endroit appelé Alamogordo, au Nouveau-Mexique, qui est probablement célèbre parce que c’est là qu’on a testé la bombe atomique un peu plus tard. J’ai eu des expériences de vol intéressantes là-bas et, pendant que je faisais partie de ce groupe, je pense que la première expérience dont je pourrais vraiment parler est celle d’une collision en vol dans laquelle j’étais impliqué. Nous volions en formation et les deux B24 juste à côté de moi sont entrés en collision. J’ai vu la collision par la fenêtre, à environ 50 pieds de moi, dans laquelle 19 hommes ont perdu la vie. Bien sûr, il y a eu d’autres incidents mineurs, des incidents très excitants pour un jeune de cet âge, car après tout, vous vous sentez indestructibles à ce stade de votre vie. Nous nous sommes ensuite rendus dans une zone d’étape pour aller outre-mer. Le premier escadron est parti au plus fort de la guerre aérienne en 1943; le premier escadron est parti. Quatre jours plus tard, le deuxième escadron est parti. Quatre jours plus tard, le troisième escadron est parti. Et quatre jours plus tard, c’était à mon tour. J’étais copilote dans mon équipage. Nous avions un avion flambant neuf et, le 23 août 1943, nous sommes allés le mettre à l’épreuve. L’avion avait été rempli de carburant, de bombes et de munitions pour voir comment les choses se passaient, avant de nous diriger vers l’Angleterre. Au décollage, le réservoir de carburant s’est brisé et nous avons dû faire un atterrissage d’urgence. Les mitrailleurs centraux me criaient d’arrêter le moteur, le moteur numéro un, qui se trouve du côté gauche de l’avion. Puis nous avons fait une manœuvre absolument inédite, nous avons tourné du côté de ce moteur mort parce que c’était la façon la plus rapide de revenir au sol. Nous venions à peine de toucher la piste et de commencer à y rouler qu’il y a eu une explosion qui a complètement détruit l’aile gauche. Quinze secondes plus tôt, et l’histoire aurait été différente. C’était un jeudi. Le vendredi, ils ont fait venir un nouvel avion et nous sommes allés le mettre à l’essai. Nous avons décollé et à environ 1 500 pieds, nous avons perdu deux moteurs du même côté. Et on ne volait même pas avec une pleine charge de carburant et de bombes. Nous nous apprêtions à le faire atterrir dans la rivière, c’est la première chose que nous avons vue, mais heureusement, pour notre cause, la rivière bifurquait du côté des deux moteurs morts, la direction dans laquelle nous ne pouvions pas tourner, et il y avait un champ de maïs droit devant et nous nous sommes écrasés dans le champ de maïs. J’étais attaché avec ma ceinture-baudrier et ma ceinture de sécurité, et tout ce dont je me souviens, ce sont des montagnes de végétation qui défilaient tandis que l’avion se disloquait. Je suis sorti en me hissant jusqu’à une très petite fenêtre, qui m’avait alors paru une porte de grange, mais je sais qu’aujourd’hui je ne réussirais pas à sortir en utilisant la même fenêtre, mais j’étais beaucoup plus mince à l’époque. Le pilote et le mécanicien sont sortis après moi, je les ai aidés, mais l’avion n’a pas explosé. Nous avons drainé tous les moteurs pour les refroidir, mais nous avons tout de même perdu trois des membres de notre équipage. Je pense que ma carrière dans l’armée a été très excitante pour quelqu’un de mon âge à l’époque et, même si, comme je l’ai dit, je n’ai jamais volé en situation de combat, cela a fini par être quatre années passionnantes de ma vie, au cours desquelles j’ai visité et parcouru le monde. Il y a eu des situations, de toute évidence des situations où j’aurais pu y laisser ma peau, mais j’ai survécu à chacune d’elles. Quelqu’un veillait sur moi, d’en haut.