Project Mémoire

Bill Watterson (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2009, le Projet Mémoire s’est entretenu avec Bill Watterson, ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement et la transcription qui suivent proviennent de cet entretien. Né en Irlande en 1924, Bill Watterson a émigré au Canada avec ses parents. Il s’est enrôlé dans le 48th Highlanders, un régiment de milice formé en 1891 à Toronto, Ontario, et s’est ensuite rendu au camp Borden près de Barrie, Ontario, à l’époque le plus grand centre d’instruction militaire du Canada. Dans son témoignage, il mentionne son voyage de Borden vers la Grande-Bretagne, la France, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Italie. N’ayant subi aucune blessure, il raconte tout de même avoir perdu un ami au combat. Le surnom « Moaning Minnie » qu’il utilise fait référence au nebelwerfer, ou lanceur de fumée, un type d’artillerie allemande à fusée qui émettait un son extrêmement fort. À son retour, il a suivi une formation pour devenir barbier. Il est décédé à Scarborough, Ontario, le 26 avril 2010.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Bill Watterson
Bill Watterson
Bill Watterson en 1942.
Bill Watterson
Bill Watterson
Bill Watterson
Photographie prise dans la cour arrière de la maison de ses parents, avenue Pape à Toronto. La photo a probablement été prise par ses parents.
Bill Watterson
Bill Watterson
Bill Watterson
Médailles de Bill Watterson (de gauche à droite): 1939-45 Star; Italy Star; France and Germany Star; Médaille de la Défense; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de guerre (1939-45).
Bill Watterson
Bill Watterson
Bill Watterson
Inscrit au verso de la photographie: "Mon ami et moi à Amsterdam devant le palais".
Bill Watterson
Bill Watterson
Bill Watterson
Lettres de Bill Watterson écrite à ses parents pendant la guerre.
Bill Watterson
On l’inclinait, on la plantait, et je me couchais à côté, parce que, Moaning Minnie, comme on l’appelait, c’était beaucoup de danger et beaucoup de bruit.

Transcription

Je m’appelle Bill, William, en fait, Watterson, W- A-T-T-E-R-S-O-N. Les deux T sont importants. Je suis né en Irlande. Je me souviens... Je pensais que c’était vraiment quelque chose, le régiment des 48th Highlanders; de là, ça a été le camp Borden. Et puis du camp Borden jusqu’en Angleterre. De l’Angleterre jusqu’à la France, la Hollande, l’Allemagne, ensuite l’Italie, et puis retour chez moi, sans une égratignure. Le deuxième sur la mitrailleuse Bren. C’est-à-dire qu’il y en avait un autre; moi, je la chargeais. On l’inclinait, on la plantait, et je me couchais à côté, parce que, Moaning Minnie, comme on l’appelait, c’était beaucoup de danger et beaucoup de bruit. Mon ami était avec moi; il a eu, (bruit), la tête coupée. C’était à Enschede. Il s’appelait Walbaum. On combattait corps à corps. Je ne l’ai pas vu mourir, mais il était là, il était premier et deuxième sur la Bren. Je n’ai même jamais su qu’il avait été décapité, jusqu’à ce qu’ils nous le disent. On ne faisait rien, rien du tout, on faisait juste continuer, on laissait les corps, n’importe où qu’ils tombaient. Et on continuait. En fait, il était Allemand. Il n’était même pas autorisé à livrer bataille avec nous. Il s’appelait Walbaum, allemand. Il avait pourtant des frères dans l’armée allemande. Ses propres frères. Il était du régiment des 48, ordinaire. Quand je suis revenu au Canada, c’est à l’Exhibition Place qu’on est arrivé. Il y avait beaucoup de monde, bien sûr. Donc je suis rentré chez moi et là, évidemment, c’était la fête. Mon père avait affiché : « Bon retour à la maison, fils ». Il avait fait venir la fanfare des 48th Highlanders. Ils jouaient dans le hall d’entrée. Ma mère, c’était celle qui s’était inquiétée le plus, depuis le premier jour. Une stupidité, que de s’engager dans l’armée. Bien sûr une mère… triste, naturellement, de me voir partir.