Charles Scott-Brown a servi dans l'armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Voir ci-dessous ses souvenirs du Jour J, l'invasion Alliée de la Normandie le 6 juin 1944.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Le Jour J.
Quel que soit l’endroit où vous regardiez, il y avait des bateaux. Il y avait du bruit, il y avait des avions, il y avait un taux d’activité maximum. Avant qu’on monte dans le bâtiment d’assaut de débarquement, j’ai regardé Hutchinson, il était déprimé et on parlait de quelque chose, je ne me souviens pas de quoi il s’agissait. Et il m’a regardé et il a dit : « Allons-y, mon lieutenant. » J’ai dit : « Hutch, » c’était l’une des rares fois où je ne l’ai pas appelé sergent. J’ai dit : « Hutch, si je fais quelque chose de stupide ou si je me plante, tape-moi sur la tête, ne laisse pas quoi que ce soit arriver à ces Écossais, tu t’occupes d’eux parce que tu sais comment faire. » Et il m’a fait une espèce de sourire, il a dit : « Ne vous en faites pas mon lieutenant. » il a dit : « Si vous êtes comme ça, on n’aura pas de problème. »
La fois suivante où il m’a donné un conseil, ça a été quand on était dans le bâtiment d’assaut de débarquement et le temps était pourri, il y avait du vent, et notre petit bâtiment d’assaut de débarquement (qui servait à emmener les soldats des navires de transport pour attaquer les rivages occupés par l’ennemi) ressemblait à un bouchon balloté dans tous les sens. Et j’avais pris un sandwich au corned-beef pour une raison quelconque, ne me demandez pas pourquoi, mais j’avais ce sacré sandwich au corned-beef énorme dans la main et j’étais debout à l’avant et je regarde tout autour, en essayant de voir ce qui se passait et ce qu’on fait, en mâchant ce sandwich au corned-beef et tout à coup, on me tapote l’épaule et je regarde et Hutch était là et il était vert et malade. Et j’ai regardé tout autour et tous mes gaillards étaient de la même couleur. Il m’a regardé et il a dit : « Mon lieutenant, balancez ce sandwich, s’il vous plait. » Et si vous arrivez à imaginer ça assis là malade et vous avez devant vous ce gars en train de manger un sandwich au corned-beef, vous ressentiriez la même chose.
Hitler pensait toujours, heureusement, que le plan britannique était en place. Il pensait que la Normandie était une feinte. Pour lui la force principale c’était le Pas-de-Calais. Ça venait, un jour, deux jours, trois jours après. Il a laissé ses chars en arrière, il ne faisait pas confiance à ses généraux. Les caporaux qui deviennent maréchaux ont tous le même problème, qu’ils s’appellent Napoléon, ou que ce soit César ou encore Hitler, ils ont tous eu la même attitude. Et Dieu merci. Il a retenu les forces blindées. S’il avait laissé Rommel faire ce qu’il voulait le jour J. avec les blindés et la contre-attaque, on parlerait allemand aujourd’hui.