Douglas Sample a servi dans l'Aviation royale canadienne durant la Deuxième Guerre mondiale. Lisez et écoutez son témoignage d'ancien combattant ci-dessous.
Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
Douglas Lloyd Sample. J'ai servi comme mitrailleur de bord dans l'Aviation royale canadienne au sein du 6th Group Bomber Command dans le Yorkshire. Voici l’une des occasions les plus mémorables dont je me souviendrai toute ma vie. Le facteur de survie des équipages de bombardiers, c’est la chance. Et je crois que j'avais un ange gardien. À un certain moment avant le 21 août 1944, l'un des avions du 415e Escadron a dû atterrir quelque part dans le sud de l'Angleterre et l'équipage a été renvoyé à notre base par transport terrestre. Lorsque l'avion a été prêt à revenir à notre base, on a réuni un équipage pour le ramener et un autre pour l'accompagner, ainsi que pour récupérer sept membres de l'équipe au sol qui se trouvaient à bord de l'avion pour le préparer à son retour à la base. C'était le 21 août. Je venais de dîner et j'étais assis dans le mess des sergents. Je ne faisais alors pas encore partie d’un équipage permanent, car j'étais l'un des quatre mitrailleurs de surplus du 415e Escadron à Eastmoor. On a sonné à la porte du mess des sergents. Comme j'étais près de la porte, je suis allé ouvrir, et leur chef d’artillerie, le capitaine d'aviation MacNamara, m'a montré du doigt et m'a dit: « C'est justement l'homme que je cherchais ». Il m'a dit: « Soyez devant le bureau de l’artillerie à quatre heures avec tout votre équipement de vol. Vous partirez avec le lieutenant-colonel McNeill, le commandant de l'escadron, pour faire partie de l'équipage qui ira chercher cet avion au sud de l’Angleterre. » Il a dit que le sergent Morrison avait été désigné pour piloter, mais qu'il n'était pas encore revenu parce qu'il était parti en permission à York. À 15 h 30, j'avais donc rassemblé mon équipement de vol, mon casque, mon masque à oxygène, ma veste Mae West, mon parachute, etc., et je me tenais à l'extérieur du bureau de l’artillerie lorsqu'un camion de trois quarts de tonne est arrivé, accompagné d'un (…) Le lieutenant-colonel McNeill a dit, en me pointant du doigt: « Sergent Sample? » J'ai répondu: « Oui, monsieur », et je l'ai salué. Et il m'a dit: « Nous n'aurons pas besoin de vous. Morrison est revenu de York. » J'ai répondu: « Merci, monsieur. » Mais au fond, je boudais parce que j'adorais voler et que ça allait être un voyage facile, juste à descendre dans le Sud, prendre un avion et revenir. J'ai donc rangé tout mon matériel, je suis retourné au mess des sergents et, après le souper, j'étais en train de lire le journal lorsque la sonnette du mess des sergents a de nouveau retenti et qu'un membre de l'équipe au sol est entré et a affiché une liste sur le tableau d'affichage, indiquant qu'une tragédie venait de se produire.
Les équipages qui étaient partis pour ramener cet avion, lors du vol de retour au-dessus de la ville de Selby, qui se trouvait à dix minutes de vol avant leur retour à la base, volaient en formation très serrée, ce qui était illégal à l’époque. Ils sont entrés en collision et se sont détachés dans deux directions différentes, et les deux avions se sont écrasés. Les sept membres d'équipage de l'un des avions ont été tués, les sept membres d'équipage de l'autre avion ont été tués, ainsi que les sept membres de l'équipe au sol qui travaillaient sur l'avion. Vingt et un hommes ont été tués en une fraction de seconde, et j’aurais dû être l'un d'entre eux. Cela m'a un peu secoué. D'autant plus que le 21 août, c'était l'anniversaire de ma mère. Je n'oublierai jamais ce jour. Quand nous recevions des amis à la maison, ma mère disait toujours: « Dougie, raconte-leur mon anniversaire, le 21 août 1944 ». Et je leur racontais cette histoire. C'est devenu l'un des moments les plus mémorables de ma vie.