Project Mémoire

Edmond Arsenault (source primaire)

« Il y avait un obus qui arrivait et j’ai su rien qu’avec le son qu’il était tout proche. Alors je regarde le trou et je regarde la grange et je me dis, c’est la grange le plus près. »

Pour le témoignage complet de M. Arsenault, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Edmond Arsenault avec un PIAT, près d'Ortone, Italie, le 10 janvier 1944.
Edmond Arsenault avec un PIAT, près d'Ortone, Italie, le 10 janvier 1944.
Avec la permission de Lieut. Alexander M. Stirton / Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada / PA-153181
Edmond Arsenault (à droite) et son ami, Hermas Gallant (à gauche).
Edmond Arsenault (à droite) et son ami, Hermas Gallant (à gauche).
Avec la permission de Edmond Arsenault
Il y avait un obus qui arrivait et j’ai su rien qu’avec le son qu’il était tout proche. Alors je regarde le trou et je regarde la grange et je me dis, c’est la grange le plus près.

Transcription

J’ai fait un peu d’entrainement à Charlottetown et puis à (Camp) Aldershot (Nouvelle-Écosse), au Nouveau-Brunswick ; et on m’a envoyé en Angleterre. D’Angleterre, on est allés en Afrique. On y est restés seulement deux semaines. Alors d’Afrique, on a atterri à Alger et ensuite ils nous ont mis dans des wagons de marchandise. Sur les wagons c’était écrit en français : « maximum huit chevaux » Et on était entassés comme des sardines là dedans. Donc on a passé deux jours et une nuit dans ces wagons de marchandise, et puis on est allés dans un petit endroit qu’ils s’appelaient la forêt de chêne-liège (près de Tabarka en Tunisie). De là, ils ont choisi les soldats ; les ont envoyés là où on avait le plus besoin d’eux. On est restés là-bas pendant deux semaines environ et puis après ça, après ces deux semaines, ils ont choisi une équipe, j’ai été pris et on est partis en Italie, en bateau on est allés en Italie.

On est descendus du bateau. Ils nous ont mis dans des camions et nous ont transportés dedans jusqu’à la ligne de front. Ouais, c’était le soir de Noël. J’étais dans la compagnie B (West Nova Scotia Regiment) ; et j’étais juste un simple soldat, et mis dans un peloton, il y a 33 hommes, je crois, par peloton. Et puis le peloton est partagé en trois sections, et je me souviens d’un jour où notre section, on marchait tous en file indienne, l’un derrière l’autre, et un obus est tombé. Il a dû atterrir sur le premier, sur le sergent. Ça l’a tué et je me souviens, la force de l’explosion nous a tous expédiés dans le fossé. Je me souviens quand je me suis relevé, on n’était que trois debout. Il y avait trois tués et trois blessés. J’ai eu de la chance. J’ai cru que j’étais touché. Quand je me suis relevé, je saignais du nez, mais ça venait de la secousse. Je n’étais pas touché, mais j’ai été sourd pendant un moment, quelques jours, mais c’est revenu, mais pas comme c’était avant.

Une fois, je me souviens qu’un officier m’a appelé, on était, on avait pris une petite ferme, petit endroit, on avait pris quelques prisonniers et puis après un moment, la première chose que vous faites, vous vous creusez un trou. Alors je me suis creusé une tranchée étroite ; et après que j’aie eu terminé, l’officier est sorti, il y avait une grange pas très loin de là, l’officier est sorti, il m’a demandé si j’avais fini avec la pelle. J’ai répondu oui, Il me dit, apporte-la ici. Alors je suis parti avec la pelle ; j’étais à peu près à mi-chemin entre mon trou et la grange, et j’ai entendu ce bang. Il y avait un obus qui arrivait et j’ai su rien qu’avec le son qu’il était tout proche. Alors je regarde le trou et je regarde la grange et je me dis, c’est la grange le plus près. Alors j’ai commencé à courir et l’officier est resté là-bas, à l’extérieur, il me regardait. Je suis arrivé à la grange et je me suis jeté à l’intérieur et à l’écart de l’entrée, au même moment la bombe a explosé. Et il est tombé. Il était touché, il est mort des suites de ses blessures. Il a perdu la vie en sauvant la mienne. Après un petit moment, je suis retourné vers le trou et l’obus avait atterri juste au bord de mon trou. Mon casque en fer était au fond. Il y avait un trou dedans, de la grosseur de mon poing. La crosse de mon fusil, c’était tout en bois, elle était en trois morceaux. Alors si j’avais choisi le trou, ça aurait été ma tombe.

Je me souviens quand on a pris un bateau, c’était seulement un jour ou deux en bateau, on est allés en France et aux Pays-Bas, et une fois qu’on était là-bas, ils prennent une équipe pour une permission et j’avais droit à une permission, alors ils m’ont choisi. Donc je suis parti en permission, une permission de neuf jours, je suis retourné en Angleterre. Après mon arrivée, je n’étais là que depuis quatre jours quand la guerre s’est terminée. Et c’était tellement drôle quand on a reçu la nouvelle, on était à l’extrémité d’un champ et de l’autre côté du champ, vous pouviez apercevoir les trous dans lesquels les allemands se trouvaient. Ils nous ont dit de ne tirer sur personne. Ils disent, les allemands ont reçu la même nouvelle. Tout le monde était sorti de son trou, marchaient tout autour et même faisaient des signes aux allemands. Ils nous faisaient des signes en retour. C’est un drôle de sentiment. Deux jours plus tard, bon, ils ont dit que c’était fini.