Project Mémoire

Edward George « Pullthrough » McAndrew (Source primaire)

"[Elle] était convaincue, que la seule chose qui m’a sauvé la vie, c’était cette prétendue erreur de dosage de la pénicilline."

Pour le témoignage complet de M. McAndrew, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Lettre d'éloge du Premier Ministre Stephen Harper pour avoir reçu la Légion d'Honneur.
Lettre d'éloge du Premier Ministre Stephen Harper pour avoir reçu la Légion d'Honneur.
Avec la permission de Edward McAndrew
Edward McAndrew à Hamilton, Ontario, pendant qu'il embarquait en permission, le 1er janvier 1944.
Edward McAndrew à Hamilton, Ontario, pendant qu'il embarquait en permission, le 1er janvier 1944.
Avec la permission de Edward McAndrew
Insignes régimentaires d'épaules et de bérêt d'Edward McAndrew. Médailles (de gauch à droite): Étoile 1939-45; Étoile France-Allemagne; Médaille du Service des Volontaires Canadiens avec barrette; Médaille de Guerre (1939-45).
Insignes régimentaires d'épaules et de bérêt d'Edward McAndrew. Médailles (de gauch à droite): Étoile 1939-45; Étoile France-Allemagne; Médaille du Service des Volontaires Canadiens avec barrette; Médaille de Guerre (1939-45).
Avec la permission de Edward McAndrew
Légion d'Honneur remise à Edward McAndrew en octobre 2006, pour la défense de la France.
Légion d'Honneur remise à Edward McAndrew en octobre 2006, pour la défense de la France.
Avec la permission de Edward McAndrew
Certificat pour service méritoire dans les amputations de guerre du Canada.
Certificat pour service méritoire dans les amputations de guerre du Canada.
Avec la permission de Edward McAndrew

Transcription

Quand j’ai été blessé, j’étais sorti, ils avaient arrêté les communications par téléphone ou par radio pour des questions de sécurité. Alors ce jour-là, on était des messagers, les signaleurs sont devenus messagers. Donc j’étais à l’extérieur en train d’apporter des messages en premier lieu à des compagnies avancées, tout à coup, je marchais, je me mets à l’abri et je suis en train de marcher et une balle me passe à deux doigts du nez, dans une haie. Elle était peut-être à une trentaine de centimètres à peu près, je ne sais pas. Alors je me baisse. Et je me relève et je me suis mis à courir et boum, et il m’a eu dans la jambe. Mais ça faisait juste comme si quelqu’un vous donnait un coup. Je ne savais même pas ce que c’était au début. Alors je suis entré et c’était impossible de dire. La balle était passée à travers et avait cautérisé la plaie, alors il n’y avait pas de perte de sang ou quoi que ce soit d’autre. Et encore une fois, j’ai rapporté les messages de réponse et le docteur a regardé ma jambe et oh, ça va, vous pouviez à peine voir l’endroit par où la balle était passée, elle avait traversé (le mollet). Vous pouviez à peine voir la trace de l’endroit où la balle était sortie. Alors il l’a finalement trouvé et il dit, oh, ça va aller, il dit, prenez soin de venir chaque jour pour qu’on vérifie qu’il n’y a pas d’infection et pour garder tout ça bien propre. Et on va devoir laisser, on va devoir laisser la cicatrisation se faire de l’intérieur. Tout à coup, une bombe allemande tombe dans la cour, je suis dans la cour juste là au quartier général. C’était un obus de mortier. Et je me trouvais à peu près à un mètre de l’obus de mortier quand il a explosé. Le docteur a installé une attelle sur ma jambe et ils m’ont mis dans la jeep ambulance pour me renvoyer à l’arrière. Et ils étaient en train de me renvoyer là-bas et on était à mi-chemin du bayou où se trouvait le poste de tri des blessés quand les bombardements ont commencé sur la route. C’était un itinéraire de ravitaillement pour les compagnies à l’avant. On avait fait une centaine de mètres et on a été frappés de plein fouet, quasiment de plein fouet. La jeep s’est retrouvée dans le fossé. Et j’allais bien, deux gars ont été tués, le docteur commence à opérer et j’ai appris du prêtre qui avait été appelé, ils ont dit que j’étais mort. Et alors il n’avait pas terminé l’opération. Il avait tout fini sauf en ce qui concernait le moignon. Il avait dû amputer la jambe et il n’avait pas refermé. Et puis il s’est en allé. Bon, on était juste dans des tentes ordinaires et les tables d’opération étaient de simples tables. Et il a dit, il a appelé le prêtre et le prêtre a dit, d’accord, alors il a dit, donnez-lui les derniers sacrements, alors il m’a donné l’extrême onction et il avait commencé ça et il a placé un miroir devant ma bouche. Le miroir avait de la buée dessus. Euh, il est vivant. Donc il est retourné vers le docteur et il a essayé de, il a dit au docteur, il va bien, j’ai sauvé un gars, j’en ai perdu quatre autres. C’est juste une histoire de chiffres. Mais le prêtre n’a pas abandonné la partie. Et il a continué à lui casser les pieds. Il a dit, bon d’accord, pour vous donner satisfaction, je vais y retourner. Bon à ce moment-là le moignon avait énormément enflé. Alors il ne pouvait pas vraiment le refermer. Il a fait des points de suture mais ça n’a pas vraiment refermé la plaie. Et il dit, voilà et il m’a mis sur un brancard et m’a mis par terre dans une petite tente. Et il a dit que c’était là où j’allais rester. Et ils ont fabriqué une croix et ils l’ont mise à l’extérieur de cette tente et je suis resté là pendant trois jours dans le coma. D’accord, j’ai repris connaissance et ils m’ont réexpédié. Et sur le trajet du retour au bateau, vous aviez une étiquette d’expédition, juste une simple étiquette pour tout votre dossier, vos médicaments et tout ça. Et sur le bateau hôpital, sur la barge, on est reparti pour l’Angleterre sur une barge et l’aide à l’infirmerie a mal lu la prescription de médicaments. Et ça disait 5000 unités de pénicilline. Et il s’est planté et a lu 50 000. Et il m’a donné 50 000 unités de pénicilline. Et j’ai pris ça toutes les deux heures pendant dix heures. Alors ils m’ont envoyé auBally’s Park War Hospitalà Woking et c’était là où Lady Fleming était chirurgien, chef du service chirurgie. Et elle travaillait là haut. Alors ils m’ont mis dans le train, tout seul, avec un docteur et un infirmier et un préposé aux soins et dans le train, je suis allé à Woking et je suis arrivé là-bas, je ne sais pas, vers 8 heures du matin et à 10 heures, j’étais sur le billard et elle m’opérait et elle a dit, que la seule chose dont elle était convaincue, que la seule chose qui m’a sauvé la vie, c’était cette prétendue erreur de dosage de la pénicilline. Et c’est juste après ça qu’elle a changé la réglementation et elle était la femme d’Alexandre Fleming. Donc elle a changé la réglementation, et 50 000 unités c’est devenu la dose standard.