Project Mémoire

Frank Moore (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Frank Moore a servi dans le 428e escadron de l’Aviation royale canadienne. Son appareil a été descendu en Allemagne, au-dessus de Frankfort, en 1943, et il a passé le restant de la guerre en captivité. Il décrit sa vie dans le Stalag IV-B, sa libération par l’armée soviétique et les conditions pénibles dans lesquelles il a vécu.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore en uniforme.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
En dehors de la maison de lavage en costume d'hiver à Stalag IV-B.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une carte du Stalag IV-B, un camp de prisonniers de guerre allemande.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une carte du Stalag IV-B, un camp de prisonniers de guerre allemande.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une carte destinée à servir en cas d’évasion. Les articles de cette sorte relevaient de la contrebande.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une carte destinée à servir en cas d’évasion. Les articles de cette sorte relevaient de la contrebande.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Des prisonniers de guerre regardant des avions alliés survoler le camp.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Des prisonniers debout devant les latrines.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Un prisonnier de guerre russe cherchant de la nourriture dans un incinérateur.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Un avion Junkers 88 allemand survole le Stalag IV-B.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une vue du Stalag IV-B à l’approche de l’hiver.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une vue de la rue et de l’entrée principale de l’enceinte où Frank Moore était emprisonné.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une carte destinée à servir en cas d’évasion. Les articles de cette sorte relevaient de la contrebande.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Quatre prisonniers de guerre debout derrière la cabane de Frank Moore.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une photo du camp des Polonaises prise depuis une fenêtre, à travers les barbelés.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Des prisonniers de guerre qui attendent en rangs pour recevoir ce bouillon léger qu’ils appelaient le « skilly »
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Une vue du camp des Polonaises.
Frank Moore
Frank Moore
Frank Moore
Un match de foot dans le Stalag IV-B.
Frank Moore
Ma tourelle a été touchée, elle a été éventrée et elle est partie en morceaux. Mon casque et mon matériel radio se sont envolés par la fenêtre et j’ai compris qu’on allait devoir évacuer.

Transcription

Les avions ennemis c’était difficile de les voir et de les trouver. Le seul appareil qu’on a vu c’est celui qui nous a descendus. Au-dessus de Frankfort (Allemagne), on venait de finir de bombarder Frankfort et on allait rentrer chez nous quand on a été attaqués par en dessous et c’était dans l’angle mort et personne ne pouvait le voir. Il a atteint l’aile droite et les moteurs ont pris feu. On a fait une manœuvre d’évitement en espérant éteindre l’incendie. Mais il a attaqué à nouveau par en dessous quelques minutes plus tard. À ce moment-là, je pense que le pilote a réalisé qu’il n’y avait plus vraiment d’espoir.

Il a commencé à préparer l’évacuation et cet avion de chasse s’est présenté à l’arrière et avec le mitrailleur arrière on l’a vu et on a réussi à le descendre, mais c’était trop tard de toute façon. Il a touché, ma tourelle a été touchée, elle a été éventrée et elle est partie en morceaux. Mon casque et mon matériel radio se sont envolés par la fenêtre et j’ai compris qu’on allait devoir évacuer alors je suis sorti de ma tourelle, me suis dirigé vers l’arrière de l’appareil et quand je suis sorti de ma tourelle, le mécanicien de bord revenait de la partie avant et il a pointé du doigt vers le bas.

Donc pendant que j’allais chercher mon parachute, il a ouvert la porte et se tenait prêt à sauter. Et je l’ai suivi dehors. Je voyais, il y avait une petite lumière, on était au-dessus des nuages et alors il y avait cette lumière et j’ai vu quatre ou cinq autres parachutes dans les airs. Alors j’ai su que la plupart d’entre eux étaient sortis. Et puis j’ai traversé le sillage d’une hélice et il s’est avéré que c’était le chasseur qui nous avait attaqués, et qu’on avait descendu. Et je suis passé dans le sillage de son hélice et bon sang, j’ai eu une peur bleue. Ça a bien failli me retourner complètement en fait. Ensuite, on est entrés dans les nuages et là, impossible de voir qui que ce soit.

Le temps était épouvantable, il pleuvait tout le temps. Mais j’ai essayé de découvrir où j’étais et où je voulais aller. Je marchais pendant la nuit et je me cachais pendant la journée. Mais après cinq jours comme ça, j’ai compris que je n’avais aucune chance de m’en sortir alors je suis dirigé vers une maison et j’ai frappé à la porte. Ils m’ont fait entrer, et au début ils, on s’est parlés – je ne comprenais pas leur langue et ils ne parlaient pas la mienne. Mais ils m’ont donné quelque chose à manger et ils ont été très courtois avec moi.

Ensuite, ils ont dit qu’ils devaient prévenir l’armée, ce qu’ils ont fait. Des soldats allemands sont venus me chercher. Ça m’a pris un certain temps pour m’habituer, mais une fois que vous avez accepté le fait que vous êtes là et vous allez y rester jusqu’à la fin de la guerre et que les conditions de vie étaient ce qu’elles étaient, en plus il fallait bien en prendre votre parti et essayer de tirer votre épingle du jeu. Et le groupe était sympathique et aussi longtemps qu’on a reçu des colis de la Croix Rouge, la nourriture a été supportable.

On avait des trucs à faire. Par exemple, la Croix Rouge nous avait envoyés – la Croix Rouge a fourni quelques équipements de plein air, alors on avait une batte et une balle et un ballon de foot et quelques autres trucs comme ça. On savait que les Russes étaient en chemin. On entendait les canons qui tiraient au loin et une nuit le bruit s’est rapproché considérablement. On l’entendait bien, on savait que c’était tout près. Puis un matin, on s’est levés et les gardes étaient tous partis.

Deux heures plus tard, trois cosaques russes à cheval sont arrivés, la Bren (mitrailleuse légère) au poing en traversant le camp, et on a compris que les Russes s’étaient rendus maitres de la région. On nous a dit qu’on devait rester à l’intérieur du camp, sans essayer de sortir pour rentrer chez nous parce qu’il y avait beaucoup d’agitation ; et aussi qu’on ne recevrait pas de rations alors il fallait qu’on se débrouille avec ce qui poussait dans les alentours. Il suffisait qu’on aille chercher tout ce qu’on pouvait, car il y avait assez de maisons dans le coin. Il n’y avait pas grand-chose en fait, des patates de temps en temps, quelques autres trucs. Ensuite, les Russes nous ont donné des rations, de la soupe et du pain. C’est tout ce qu’on a reçu de leur part.

Finalement, avec un autre gars on a décidé, les rumeurs allaient bon train, toutes sortes de rumeurs circulaient, vous pensez bien, on allait devoir retourner en Russie et autre. Alors on a décidé qu’on allait – après une dizaine de jours comme ça, on a décidé de passer sous la clôture et de partir. Et c’est ce qu’on a fait et on a marché jusqu’aux lignes américaines.