« On était un centre de tri des blessés le jour J. Alors on a eu des jeunes de retour du champ de bataille le jour même. »
Pour le témoignage complet de Mlle Breau-Theriault, veuillez consulter en bas.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je suis née à Moncton au Nouveau Brunswick en 1919. J’ai étudié l’économie domestique à l’université Saint François-Xavier à Antigonish et j’ai fait ma troisième cycle à l’hôpital Saint Michaël de Toronto. Je faisais de la diététique, alimentation thérapeutique et nutrition. Une de mes amies s’était enrôlée et elle a réussi à me persuader de faire de même. Et à l’époque ils avaient besoin de diététiciens.
Je me suis enrôlée à Kingston en Ontario. Et j’ai passé quelques temps là-bas avant d’aller à Debert en Nouvelle Ecosse et outre-manche. Alors puis nous sommes partis du Canada et on a passé 14 jours en mer car il y avait pas mal de U-boats dans le port à Halifax à ce moment là. Mais c’était très intéressant. On est parti dans un convoi et on a mis le cap au sud, tout d’abord on a remonté vers le nord le long de la côte du Labrador et ensuite droit au sud pour récupérer le convoi américain qui faisait partie de notre convoi. Après nous sommes allés aux Açores, tout en bas sur la côte espagnole et on est remonté, remonté en zigzag, plus au nord sur l’Atlantique et puis on est passé par la mer d’Irlande et jusqu’à Oban en Ecosse.
Et nous avons passé la nuit à Oban et sommes redescendus sur Londres en train le jour suivant. C’était notre première expérience du black-out et la première fois qu’on entendait des bombes tomber. C’était très, un moment assez palpitant.
Et on a travaillé au centre de tri des blessés, un endroit où on examinait les patients. On gardait ceux qui avaient besoin d’une opération immédiatement tandis qu’on redirigeait les autres sur les hôpitaux voisins, ça dépendait de l’état dans lequel ils se trouvaient.
Et puis j’allais à l’hôpital et en général on avait des menus appropriés pour chacun et il fallait commander la nourriture à la NAAFI (organisme approvisionnant les forces armées britanniques en biens de consommation) et la voiture de service, la voiture de service de l’armée. Et on passait par le quartier maitre pour ça. Et on contrôlait la nourriture et les chefs et on vérifiait les régimes spéciaux. Et c’était assez, on était un centre de tri des blessés le jour J. Alors on a eu des jeunes de retour du champ de bataille le jour même. Et quelques uns d’entre nous étaient montés là haut et les avaient ramenés.
Et c’était tellement triste de voir quelques uns de ces jeunes prisonniers allemands. Ils étaient terrifiés parce qu’ils ne savaient pas ce qui les attendaient, comment les canadiens allaient les traiter. Et ils étaient si jeunes. Je me souviens m’être réveillée ce matin-là et le ciel était empli d’avions et il y avait un ballet incessant d’avions qui traversaient la Manche. Et on avait tant attendu ce moment, mais quand c’est arrivé, c’était vraiment quelque chose.