Project Mémoire

Harold Wilson (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

Transcription

J’ai souffert d’un mal de mer terrible, comme tous ceux qui partaient en mer pour la première fois. Quand tu vas en mer et que tu as le mal de mer pour la première fois, tu as peur de mourir, puis tu as peur de ne pas mourir. Mais au bout d'un jour ou deux, tu t’habitues au mouvement constant, et à partir de là, tu es à peu près normal. Dans les corvettes que le Canada possédait en plus grand nombre, les espaces de vie étaient très encombrés. On ne se rend pas compte de l'exiguïté des lieux avant d'en avoir fait l'expérience. Lorsque nous nous sommes approchés de la côte de l'Irlande du Nord, les escortes de la Royal Navy sont sorties et le convoi a été divisé parce que certains navires allaient à Glasgow (Écosse), d'autres à Liverpool (Angleterre), d'autres à Bristol (Angleterre) et d'autres peut-être à Southampton (Angleterre). Le convoi a donc été divisé et l'escorte locale de la Royal Navy les a emmenés là où ils devaient aller. Nous avons ensuite attendu à Londonderry (Irlande du Nord) pendant quatre ou cinq jours avant d'entamer le voyage de retour. Nous étions basés à St. John’s, à Terre-Neuve, et la même chose se produisait de ce côté-ci de l'océan. Le convoi était réparti entre les groupes locaux d'escortes qui partaient de New York, de Halifax, de Sydney (Nouvelle-Écosse) et de Boston et qui escortaient les navires qui leur étaient assignés jusqu'à leur destination. Ensuite, la même chose se produisait: nous attendions quelques jours jusqu'à ce qu'un convoi soit formé et nous recommencions la même chose. La première fois que j'ai pris la mer, nous avons eu une journée effrayante au large d'Halifax. Il y avait un brouillard épouvantable, un brouillard à couper au couteau. L’ASDIC (appareil de détection sous-marine par ultrasons) a capté un écho et, bien sûr, les stations d'action ont sonné et nous nous sommes déplacés parce que nous ne savions pas quel aurait pu être le contact, il aurait pu s'agir d'un sous-marin en surface. Mais au bout de quelques minutes, dans une grande confusion, nous nous sommes approchés d'un bateau de pêche que nous aurions coupé en deux comme un couteau si nous l'avions percuté. Mais nous avons dévié et il s'en est fallu de peu. Il y avait de nombreuses journées très ennuyeuses, entrecoupées d'actions soudaines qui, pour la plupart, n’avaient pas de résultats concrets. Nous n'avons jamais su s'il y avait matière à s'inquiéter ou non. La seule autre chose qui pourrait être considérée comme intéressante est d'avoir vu un navire se faire torpiller au large des côtes irlandaises. Sur le chemin du retour, nous avions quitté l'Irlande et nous venions de rejoindre notre convoi. Nous étions au large de la côte irlandaise, de l'Irlande du Nord, avec la terre en vue par une belle nuit au clair de lune. Bien sûr, les navires se découpaient sur le ciel et je suppose que le sous-marin se trouvait parmi eux. Ils ont réussi à torpiller un pétrolier qui s'est envolé dans une énorme boule de flammes et a disparu en quatre minutes environ. Autre que les survivants qui flottaient dans la mer dans leurs gilets de sauvetage avec leurs petites lumières clignotantes, assister à un torpillage est quelque chose que je n'ai jamais oublié.