« J’avais ramassé un jeune gars, il portait un uniforme, un allemand. Et je vous parie qu’il n’avait pas plus de 16 ans. »
Pour le témoignage complet de M. Lalonde, veuillez consulter en bas.
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Transcription
Je m’appelle Hubert A. Lalonde. Je suis né à Cornwall en Ontario. J’ai 84 ans. J’étais en Angleterre du mois de novembre à la mi-janvier. On a traversé et on est monté dans des camions, gros véhicules, et ils ont fait descendre tellement de gars à un endroit et puis tellement d’autres à un autre endroit et ils nous ont déposés un de mes amis et moi-même, à cette base aérienne. C’est ainsi que je suis arrivé dans l’Algonquin. Et ce gars était, avait un pistolet mitrailleur Bren et il ne voulait plus le transporter alors le sergent a dit, c’est toi le porteur du pistolet mitrailleur. Alors je l’ai eu avec moi jusqu’à la fin de la guerre.
On s’était arrêté pour se reposer une nuit et on avait peur de s’allonger là où on était, mais on nous a dit, tout va bien, les tanks étaient là. On s’est allongé sur le sol, on a piqué un petit roupillon, quand on s’est réveillés, on était couverts de neige. C’est la première fois que je vois de la neige là-bas. Le gars a amené le camion avec notre matériel dedans, il a fait démarrer un feu avec de l’essence et il l’avait transporté dans le camion. On a sauté au dessus du feu pour nous réchauffer, on a mis nos chaussures. C’est la seule fois que j’ai vu la neige. On avait de la pluie, un peu à la fois. Essayez de courir avec un uniforme mouillé, un uniforme trempé, c’est dur. C’est plus lourd que de transporter son sac et son fusil.
J’avais ramassé un jeune gars, il portait un uniforme, un allemand. Et je vous parie qu’il n’avait pas plus de 16 ans. Il était très effrayé et il s’est avéré qu’il m’avait vu et il avait levé les mains en l’air et laissé tombé son fusil. Il ne voulait pas se battre, vous savez. Ben, je l’ai presque abattu mais il était là dans une tranchée et je lui ai demandé en allemand, les mains en l’air, vous savez. Il a bondi hors de son trou parce qu’il ne voulait plus se battre. Je pense qu’il était plus effrayé plus qu’autre chose .Mais il m’avait fait une de ces peurs quand j’avais vu ses grands yeux et sa tête émerger tout d’un bloc. M’a plus effrayé que n’importe quoi d’autre de voir ça.
Quand la guerre s’est terminée, on était à Woerden. On était là-bas, on faisait passer le temps près des tanks on écoutait la radio. C’est là qu’on a appris que la guerre était finie. On a tous hurlé youpie et puis, je ne sais pas qui a sorti une bouteille de whisky mais quelqu’un a sorti une bouteille de whisky et on a bu un verre. On est resté là jusqu’au jour d’après, jusqu’à ce qu’on reçoive les ordres sur là où on devait aller après. Je n’aimais pas parlé de la guerre à cette époque là, quand je suis rentré chez moi.
Un de mes copains là-bas, c’était un gars sympa, il a passé sa tête pour jeter un coup d’œil au carrefour et il s’est pris une balle dans la tête qui a traversé de part en part, j’ai vu ça, vous savez, ça arrivait. Un autre gars, maintenant je peux en parler mais un autre gars, il était, une mitrailleuse s’était déclenchée et s’était fait attrapé sur le côté droit, là. Ils l’avaient mis sur un brancard et emmené à l’hôpital.
Je vais vous dire une chose. On était en train de dîner un dimanche, et puis on s’est couché par terre pour prendre un peu de repos. Minuit, on était sur la route, et il y a des files de bateaux. On a traversé ce canal. J’étais le premier à monter à bord parce que j’avais la mitrailleuse et je me suis descendu de l’autre côté. C’est la semaine dont je me souviens le mieux quand, parce qu’on avait traversé un dimanche soir, on n’avait rien eu à manger avant le jeudi suivant. On était coincé de l’autre côté et chaque fois qu’ils avait fini de construire le pont et qu’il était assez solide pour faire traverser les tanks et les camions, les allemands le faisaient exploser. Alors ça a pris 4 jours avant qu’ils arrivent à nous faire parvenir de la nourriture de l’autre côté.
Et je n’avais pas de gamelle car une balle avait transpercé ma gamelle. Alors j’avais pris une boite de conserve, une espèce de légumes ou quelque chose comme ça qu’ils mettent dans une marmite et j’ai pris la boite, le cuisinier, il avait versé deux fois de l’eau chaude là dedans pour la rincer et j’ai dit, remplis la moi. C’est comme ça que j’ai mangé ce soir là, dans une boite de conserve, parce qu’ils ne pouvait me trouver une gamelle.
Ca c’était aussi un moment effrayant. A Almelo, je crois que ça se prononce comme ça. On devait dormir au rez-de-chaussée sur le sol et le sergent est entré et il a parlé en hollandais et il y avait des hollandais, des français et des anglais. Et ils ont dit, non, on ne voulait pas prendre le lit. Je ne sais plus si c’était sa mère, qui avait un lit en bas et ils ne pouvaient pas la bouger. Mais ils nous ont donné leur lit, à mon ami et à moi, et on n’en voulait pas. Tous les matins, on allait jusqu’au carrefour, dans le magasin vide là-bas, et c’est là qu’ils nous apportait notre nourriture. Et j’avais l’habitude de traîner par là et de prendre du pain et de la confiture, des grosses conserves et des les rapporter à la maison et de les mettre sur la table. Et si vous aviez pu voir ces deux garçons, ils avaient de la confiture de framboise et de fraise sur leur pain, vous savez. Et les parents les laissaient manger en premier et ils s’asseyaient après pour manger des tartines, vous savez.
C’était dur pour nous. Je sais que je trouvais ça dur de voir comment les gens vivaient, pas de nourriture et ils avaient été… C’était sur la place du village, ils ont amené cette mère et ses deux filles, elles étaient blondes, une vision d’horreur. Ils les ont fait sortir et ont mis une chaise là. Et le père, ils l’ont fait sortir et il a été obligé de leur raser les cheveux. Elles avaient de très beaux cheveux blonds. Ils avaient collaboré avec les allemands, quand les allemands étaient là. C’était leur punition, ce qu’ils leur faisait, ces gens. Je ne pensais pas que c’était juste mais c’était leur loi et on n’avait pas le droit de s’immiscer.