Ian Inglis a rejoint la Marine royale en 1941 par le biais du programme Y scheme. Pendant sa formation, on l’a envoyé sur un convoi à destination de Mourmansk. Dès son retour, on l’a immédiatement envoyé en Afrique du Nord pour soutenir les débarquements à Tripoli. Il a été nommé officier, et transféré pour servir à bord d’une canonnière à moteur. Pendant son service à bord de cette canonnière, le jour J. il escorta un engin de débarquement jusqu’à Juno Beach. Après le débarquement, la canonnière reçut pour mission de patrouiller à l’embouchure de la Seine. C’est au cours d’une de ces patrouilles qu’ils ont capturé un navire explosif allemand; M. Inglis a reçu la Croix du service distingué pour ses actions. Ensuite, M. Inglis a été transféré en Extrême-Orient où il servit à bord de canonnières en Birmanie, jusqu’à son retour en Angleterre en 1946.
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Transcription
Je me souviens du moment où je suis parti en 1938, c’était à l’époque de la – quand les Allemands ont envahi la Pologne [septembre 1939] je crois, et mon ami Hashi, dont le nom était en fait Hans Joachim Geipel, et j’habitais avec lui, il est venu à la gare, à Berlin [Allemagne] et c’est la dernière fois que je l’ai vu. Il a dit : « Est-ce que tu crois qu’il va y avoir une guerre, Ian? » Et sur l’autre quai, il y avait un train militaire rempli de soldats. Et j’ai dit, je l’ai montré du doigt et j’ai simplement dit : « Qu’en penses-tu? » Et c’est la dernière fois que je l’ai vu.
Donc je suis passé par le programme Y scheme [programme de la Marine royale pour former des officiers potentiels, mais sans leur garantir une nomination] pour entrer dans la Marine [royale] et j’ai été accepté. Et j’ai reçu un message téléphonique, à la maison, disant que je devais me présenter au NSM Ganges où j’ai suivi l’instruction élémentaire.
Vers le 2 juin [1944], on nous a donné l’ordre d’aller faire un dragage de la côte normande à environ un demi-mille au large. Et on était – ce que je veux dire c’est qu’on pouvait voir le navire – les bâtiments sur la côte et on établissait une carte, en fait pour le pipeline sous l’océan qui était un conduit d’essence et il parcourait toute la distance depuis Galway sous la Manche. En tout cas, c’est ce que je faisais, et on avait Peter Scott [Sir Peter Scott, conversationniste et ornithologue britannique] et sa canonnière à moteur [petit bâtiment très rapide équipé de toutes sortes de canons] était fortement armée. Il devait nous servir d’escorte au cas où les S-boots [Schnellboot : bateau torpille allemand à moteur] sortent. Bon pendant la guerre, quand vous aperceviez l’ennemi vous faisiez un message en clair. Vous ne le codiez pas ou quoi que ce soit. Et tout à coup, on entend Peter qui nous dit : « Ennemi à vue, à tel endroit. » C’était notre position. Une seule chose à faire. On avait des feux de reconnaissance. On les a allumés. On a tiré avec nos différents pistolets en utilisant les signaux du jour et alors il s’est excusé.
Un jour, on patrouillait et tout à coup ces petits bateaux avec une sorte de garde-boues blancs tout autour, se sont présentés. Et il s’agissait de navires à moteur explosifs [petits bâtiments chargés d’explosifs, le pilote donne au bateau une trajectoire de collision avec les navires ennemis et s’éjecte quand ils arrivent près de la cible, au moment de l’impact le bateau coule et la charge qui est à bord explose]. Bon, on a réussi à en arrêter un et le capturer et je suis monté à son bord. L’équipage avait abandonné le navire, un petit équipage et on les a récupérés. Tous sauf un qui ne savait pas nager, ce qui était une erreur parce qu’il s’est noyé. Alors me voilà à bord d’un bateau à moteur hautement explosif. C’était une torpille humaine si vous arrivez à le croire. Les Japonais en faisaient des pareils eux aussi. Le gars était assis sur la torpille avec un petit casque sur la tête. Et je crois qu’on a envoyé quelques grenades sous-marines [arme utilisée pour détruire une cible en explosant tout près de la cible] pour maintenir la paix en quelque sorte. Et l’autre bateau avec le bateau à explosifs s’est écrasé contre un grand bâtiment de débarquement de chars qui avait été converti pour les tirs antiaériens. Et il s’est écrasé contre le flanc et on a entendu à la radio : « Ha, ha, ha. » Il a coulé, n’a pas explosé. Ouais, ouais, il avait un fusible à retardement, et au moins une douzaine de gars ont sauté pris par surprise. En tout cas, au cours de cette petite escapade, on avait pris à bord, pour je ne sais quelle raison, un officier des renseignements. Il a décidé de s’octroyer la Croix du service distingué. Je ne sais pas trop pourquoi, mais c’est ce qu’il a fait. Et ensuite quand mon commandant Chris Cookson en a entendu parler, il a envoyé un message à l’amiral disant que c’était – était-ce un lieutenant à l’époque? Je ne sais pas… c’est Ian Inglis qui a fait ça en fait. Et alors un message nous est parvenu disant qu’on m’avait décerné la Croix du service distingué.