En 2010, le Projet Mémoire s’est entretenu avec Irene Miller, ancienne combattante de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement et la transcription qui suivent proviennent de cet entretien. Irene Miller a rejoint le Service féminin de l’Aviation royale du Canada et a fait son instruction de base à la station Rockcliffe de l’ARC à Ottawa. Elle a ensuite été envoyée à Halifax où elle a fini par épouser son mari, un membre de la Marine royale canadienne. Dans son témoignage, elle décrit son rôle dans le service des transmissions, où elle consignait et transférait les messages. Elle évoque également l’apparition des sous-marins allemands dans le port d’Halifax et le coût élevé des chambres dans la ville.
Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
J’étais dans le service des transmissions. Nous étions dans la zone où il y avait un réseau de tubes pneumatiques qui traversait le bâtiment; j’avais déjà vu une telle chose auparavant quand j’étais enfant dans un magasin. Je crois que c’était un tube qui descendait par une goulotte jusque dans le bac et ça fonctionnait avec la pression de l’air. Les messages parvenaient à notre bureau de différentes parties du bâtiment. Je devais aller voir la fille qui gérait les tubes, laquelle me donnait les messages qui m’étaient destinés et remettait les autres à leurs destinataires. Je devais consigner les messages au fur et à mesure qu’ils arrivaient et les lui renvoyer pour qu’elle les envoie aux différentes parties du bâtiment. Il y avait des opérateurs de téléimprimeur de l’autre côté du couloir et, juste à côté, la cabine de radiotélégraphie. C’est tout ce que j’ai vu de l’ensemble du bâtiment lorsque j’y travaillais. J’ai bien aimé, c’était très intéressant, on entendait plein de choses de différentes stations sur la côte est. Il y a eu des moments où nous avons eu peur, comme lorsque nous avons appris qu’il y avait des sous-marins allemands dans le port d’Halifax. C’était assez effrayant, mais la marine était là pour nous protéger. Mon mari était dans la marine. Je l’ai épousé à Halifax. Après mon mariage, nous avons bien sûr eu la permission de quitter la caserne et nous avons pris une chambre dans une maison de chambres, vu que nous n’avions pas d’autre option pour passer du temps ensemble. Je suis restée dans la chambre. C’était une vraie arnaque, cette location d’une chambre pour deux. Le traitement réservé au personnel d’entretien était horrible. Ils s’installaient eux-mêmes dans le sous-sol et louaient toute la maison. Une petite chambre dans le grenier coûtait les yeux de la tête. Il y avait à peine de la place pour un lit dans notre chambre. Il y avait une commode et un lit, et le garde-robe n’était que de vulgaires crochets au mur sur lesquels on accrochait les vêtements. Rien d’autre. Il n’y avait presque pas de place pour bouger dans la chambre, sauf pour se mettre au lit et en sortir.